MBS, en Algérie ! Quoi d'étonnant ? Rien, selon moi. Bien que la toile s'est mise en mouvement pour dénoncer cette visite. Certains intellectuels, aussi. Des politiques se sont mêlés de ce fait du prince. Tiens, le fait du prince qui invite un prince. Un prince, un vrai de vrai ! Il est là, il est là, quoi. Une «mauvaise blague», selon l'autre. Non, ce n'est pas une blague. C'est la réalité ! Personnellement, il ne me dérange pas. Il est chez lui, pardi ! L'ami Halli l'a bien dit : il est en territoire connu. Pourquoi donc s'effaroucher de cette visite ? Il vient quand il veut. Il repart quand il le souhaite. Je le vois bien fouler le boulevard Larbi-Ben-M'hidi avec ses grosses babouches. Où est le problème ? L'Algérie s'est wahhabisée, du port de la barbe jusqu'au kamis. Où que vous vous trouviez, il y aura toujours un gus wahhabisé pour vous indiquer la bonne action, la bonne attitude, la bonne parole, le bon geste, pour être agréé par le Ciel. MBS est chez lui, j'insiste. Je ne parle même pas d'un certain journaliste qui aurait été… Brrr, j'en frémis ! Nos «princes» peuvent aussi se rendre chez lui. Ils seront en territoire connu. Tout est pareil, de A à Z. Exit l'Opep. Exit le prix du pétrole qui chute à une vitesse vertigineuse. Exit la Palestine. Exit les pétrodollars qui coulent à flots. Exit le fantôme du consulat saoudien. Exit la tragédie noire algérienne. M'rahba Sidi, ahlan, dar darek, ya kho ! Personnellement, je n'ai pas que ça en tête, ces derniers jours. Avril est pour demain. Je ne parle pas du printemps à venir. Ni du Printemps berbère. Non, je vise la prochaine élection présidentielle. Je vise le cinquième mandat. Khamsa fi îne echitane ! Cinq, comme les doigts d'une main. Cinq, comme la main de Fatma. Cinq, comme les mandats présidentiels. Dire qu'il y a certains qui refusent de compter jusqu'à cinq. Cinq est un chiffre magique. Cinq permettra la continuité de la continuité. Combien devrais-je le répéter, à l'oreille la plus sourde. Le cinquième mandat est une nécessité vitale ; le FLN, version Ould-Abbès (au fait, comment va-t-il ? Je lui souhaite un prompt rétablissement. Vite, qu'il nous revienne. Personnellement, je m'ennuie sans sa présence à la tête du vieux parti unique.) a raison d'insister ; il faut continuer la continuité ; sinon, qui va assurer la continuité de la continuité ? Du reste, j'attendais que le FLN, version Ould-Abbès, exige que l'on fasse l'économie d'une élection. C'est simple : que la continuité continue dans sa continuité, jusqu'à satiété. Jusqu'au vomi. Sauf que voilà, Ould-Abbès est âgé, malade, épuisé… Le cœur a ses raisons, ya kho ! La suite, vous la connaissez. Il lui faut du repos. Quarante-cinq jours, selon le toubib. Pas n'importe quel toubib ! C'est le toubib de l'hôpital d'Aïn Naâdja ! Là où le quidam lambda ne pourra mettre les pieds, ni les mains d'ailleurs. Bref, quarante-cinq jours sont passés, me semble-t-il. A quand le retour du «jedi» ? Là, vous remarquerez que la continuité n'a pas continué. Une petite tachycardie, juste le cœur qui s'emballe, hop, repos obligatoire. Hop, à l'infirmerie. Repos total ! Là, on nous ramène un jeunot, inconnu au bataillon. Je ne retiens pas encore son nom, désolé ! Puis, il mène des consultations. Puis, il rappelle la vieille garde. Puis, il ramène les rejetés du système. Question à un douro planché : pourquoi ne fait-il pas appel à la jeunesse du FLN, celle-là dont le «jardin n'est pas encore cuit», selon la superbe formule de notre Président ? Quand les carottes sont cuites, elles le sont, pour de vrai. Plus encore, quand il s'agit de tout un jardin ! Le FLN fait dans la récupération de vieilles guimbardes, qui ne peuvent pas tenir la course. Maintenant, s'il s'agit de faire du «tuning», j'aurais admis l'invite. Il faut aller vers le renouvellement, pas vers le nivellement. Au moment où, personnellement, j'avais cru que le FLN allait tranquillement au musée, pour jouir du repos du guerrier ! Naïvement, j'y ai cru. Je constate, effaré, qu'on ressort les vieilles gazinières. En y pensant, je me sens vieux, comme si j'avais mille ans sur les épaules. Comment tiennent-ils le coup, ces «jardins cuits» ? A quoi ils carburent ? Je perds mon kabyle. J'ai lu sur notre presse chérie qu'il est question de report. De quoi ? Je vais vous le dire. On parle de report des élections. Lesquelles ? De l'élection présidentielle, pardi. J'ai bien lu «report de l'élection présidentielle». Celui qui a pensé à cette éventualité est un «moukh», un mélange d'Einstein, de Bill Gates, de Socrate, de Steve Jobs, d'Aristote, de Stéphane Hawking, d'Issac Newton, des frères Bogdanov, etc. Un «moukh», ya l'khawa ! A tel point que je propose que ce «moukh» soit le prochain Président de l'Algérie. Puis, un Président à vie ! (Tiens, on vient de m'annoncer que le prix du kilo de la banane (ivanane, en kabyle dans le texte) est de 440 dinars le kilo. Waouh, quelle chute !) Pourquoi se casser trop la tête à organiser des élections, je le dis comme je pense, faisons l'économie (d'autant qu'on est sans le sou) des élections, toutes les élections, et ne loupons pas la chance divine du «moukh», dont il est question. Maintenant, il faut faire voter l'APN. Nos députés doivent travailler un peu. C'est à eux, représentants d'un peuple impalpable, de choisir entre le cinquième mandat, la continuité de la continuité ou le report. MBS ne relève pas de leurs prérogatives législatives ! J'aurais bien aimé continuer d'errer dans mon for intérieur, un intérieur assailli de doutes. De scepticisme. Et de désespoir. C'est plus séant d'aller visiter d'autres dimensions. J'étouffe. Je suis agressé par l'environnement. Au-delà d'un seuil, je frise la démence. Au point où je persiste à lire les poètes, ces vieux croutons, mal fichus, dépareillés, autistes heureux, indigents sociaux. Au point où il m'arrive encore (cheh !) de taquiner une muse qui, entre Malaga et Barbès, n'arrête pas de tirer le diable par la queue. Au point où il m'arrive même (ô sacrilège !) de m'offrir un livre chez Omar Cheikh, un libraire, oui ça existe encore les libraires. Mais quand la réalité me déloge, manu militari, de ma bulle, je me surprends à faire semblant, un semblant social (pardon pour le charabia). Si je me permets cette chute vertigineuse, c'est qu'aujourd'hui plus que jamais, je ne me retrouve plus dans cette purée de pois algérienne. Cette purée de pois de ceux qui demandent aux vieux de porter un fardeau impossible à porter pour des épaules friables ! Alors que MBS vienne ou que Macron revienne, cela ne me fait ni chaud ni froid ! C'est juste un non-événement ! Parce que je n'ai pas le choix. Parce que je n'y peux rien. A la semaine prochaine ! Y. M.