Encore une maladie mystérieuse à Tam ! Décidément, on n'en sort pas de ces maladies mystérieuses. Il est vrai que la santé est malade en Algérie ; mais, pas à ce point. A Dieu ne plaise qu'on ait encore une autre épidémie sur les bras ! Je n'ai jamais entendu, ailleurs, des spécialistes de la santé se réfugier derrière le vocable de maladie mystère qui dénote l'étendue de la faillite. Qui me donne froid au dos. Au point où on a peur d'aller chez le médecin. Que dire alors de l'hypocondriaque, le pôvre ? Si maintenant, on découvre une nouvelle maladie, inconnue par ailleurs, je comprendrais qu'on parle de mystère. Mais, là, tout est clair, je suppose. Je devrais avoir peur, j'imagine. Il y a déjà la peur de la blouse blanche, s'il faut ajouter à cela le spectre de la maladie mystérieuse, on n'est pas encore rentré dans l'auberge pour en sortir. A moins de dire qu'on n'est pas encore rentré à l'hôpital pour en sortir. Je donne mon clavier au chat, n'est-ce pas ? Je devrais, en tout cas. On est bousculé par toutes ces surprises et ces mystères à la noix. On est fatigué, ya l'khawa ! Dites nous ce qui se passe en Algérie, vous qui êtes au fait de la réalité. Vous qui la fabriquez. Vous qui la gérez. Vous qui l'imposez. Nous (ou devrais-je dire moi) sommes dans un cirage total. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas avec ces «kharjatte» médico- mystérieuses. Nous ne savons plus à quel médecin se vouer. Et si on se faisait une «rokia» nationale ! Et si on brûlait de l'encens (lebkhour) ! Et si on se faisait «rédiger une amulette (herz) ! Tiens, tiens ! Et si c'était le mauvais œil étranger qui frappe, sans pitié, directement, la «bogocité» de notre pays ! C'est une possibilité qu'il faut étudier. Et si on faisait une «zerda» nationale ! Allez, j'arrête là ; je suis pris de délire, un délire mystérieux. El Islah, un parti politique, oui, encore un, rejette carrément le débat sur la Constituante et la transition. Le patron de ce parti, lui, va droit au but ; il ne veut exclure personne ; il souhaite la participation de tous. Ainsi, le consensus (n'y aurait-il pas un autre parti politique qui se bat pour cette option ?) reste une solution. Oui, pourquoi pas ? Mais, un consensus entre qui ? Avec qui ? Le FLN, de l'aveu même de son patron, est hégémonique au point où l'Algérie lui appartiendrait définitivement. A moins d'être un parti satellite du pouvoir, le consensus est une vue de l'esprit. Une belle ritournelle, sans plus. Le FLN accepterait-il de partager le pouvoir ? Cela me semble difficile par les temps qui courent. Son patron n'arrête pas de plastronner, à longueur de discours : c'est nous les meilleurs ! Et vous tous n'êtes que de la courgette sur le «âcha». En tout état de cause, 2019 sera une année terrible pour l'Algérie. Au point où vont les choses, il n'y aura ni consensus, ni Constituante, ni transition ; il y aura un cinquième mandat, avec ou sans Bouteflika. Le pouvoir n'est pas prêt ni de s'amender ni de se réformer ni de se partager. Peut-être que d'ici trois ou quatre générations, une fois que tous les «jardins seront cuits», le pouvoir en Algérie connaîtra une embellie. Je suis toujours pessimiste, car je sais que ce pouvoir est hermaphrodite. On a tous suivi les inondations, ici et là. Avec vingt minutes de pluie, Tébessa a été inondée. Constantine, aussi. Et ailleurs. La presse parle de pluies diluviennes ; il ne faut pas exagérer, non plus. Le déluge, c'est autre chose ! Notre ministre de l'eau assure, comme il l'a fait pour l'eau potable sans coupure, que notre capitale est protégée à cent pour cent. Je jubile. Je crie «hourra !» Je saute en l'air. Notre capitale est protégée du déluge. Les Algérois ont une chance inouïe. Les Algériens, eux, attendront le messie pour protéger leur cité. Et si tous les Algériens allaient passer l'hiver à Alger ! Ils ne connaîtront pas, ainsi, aucune inondation. Et dès les premiers beaux jours, chacun repart dans son douar. Sa cambrousse, quoi ! Personnellement, je repartirai vers mes oliviers séculaires. Les autres villes sont-elles protégées à cent pour cent ? Dites nous, monsieur le Ministre ! Je suis effaré par ce genre de déclaration. Allez dire ça aux Tébessis ! Et ce ne sont pas les vingt-cinq milliards qui vont changer la donne. Une chose est sûre, le Club des Pins ne sera jamais inondé. Pour le reste, je ne peux rien assurer. Chouf, ya kho, des écoliers, il faut préciser, non berbérophones, ont chanté en chœur «Essendou», en ouverture du colloque sur Syphax. Je suis sûr que les écoliers ont mis des robes berbères. Des bijoux d'At Yenni, certainement. Que ces écoliers ont chanté «Essendou» avec cœur ! Ils sont choux, nos enfants ! Mais qu'est-ce que ça rajoute au schmilblick ? Rien du tout ! Rih f'chbek ! Le folklore a encore de beaux jours devant nous. On n'en sort pas, décidément. Ne reste que la troupe d'Idebbalen pour clôturer le colloque ! En attendant, Syphax dort de son sommeil du juste. Et ce n'est pas la statue de Massinissa à Alger qui changera le schmilblick. Il n'y aura que les pigeons qui déverseront leur fiente sur la tête couronnée de Massinissa. Par contre, le jour où l'enseignement de tamazight sera obligatoire à l'école algérienne, là, le schmilblick connaîtra son dénouement. Le jour où un journal public verra le jour, là, le schmilblick changera de discours. Le jour où les documents officiels (tu as dit officiel, arrête ton char, vieux !) seront rédigés en tamazight, là, le schmilblick… Finissez la phrase ! Merci. Alors, faites chanter des écoliers non berbérophones, en tamazight, le folklore fera de vieux os en Algérie. Déjà qu'il est centenaire ! Le visa n'est pas un droit. Qui a dit ça ? L'ambassadeur de France ? C'est vrai. Il a raison. Ce n'est pas un droit. C'est une faveur. Je le prends comme ça, personnellement. La Palisse n'aura pas dit mieux. On ne fait rentrer chez soi que ceux que nous voulons. C'est valable pour tous les pays. Oui, le visa n'est pas un droit. Mais ce n'est pas une raison pour que le rendez-vous soit une impossibilité matérielle. Ou fermez les vannes, une bonne fois pour toutes. Que le demandeur de visa puisse, au moins, c'est la moindre des choses, disposer d'un rendez-vous sans difficultés. Puis, l'étude du dossier fera le reste. Je voulais juste dire ça. Facilitez les rendez-vous ; puis appliquez le principe du «le visa n'est pas un droit». Macron bouscule tout en France. Ça ne me regarde pas, c'est vrai. Tout de même, je mets mon grain de sel. Hamdoullah, Audin, on le sait maintenant, est mort sous la torture. Mais ça, on le savait déjà. Allez-y plus loin, cher Macron. Qui ? Comment ? Par qui ? Sortez les archives. Quant aux harkis, cher Macron, vous pouvez leur remettre toutes les médailles françaises, y compris un abonnement à Pif, ils ne seront rien d'autres que des harkis, c'est-à-dire des collabos, des traîtres, des vendus… Puis, mettez quelques-uns au Panthéon, ils ont servi la France coloniale ! Y. M.