Nouvelle bataille politico-sportive entre la FAF et la FFF. Un duel qui a pour nom Houssem Aouar, jeune prodige de l'O Lyon à qui on demande, ainsi qu'à son proche entourage, de trancher sa future nationalité sportive. France ou Algérie ? C'est à cette lancinante question que devra répondre la nouvelle pépite lyonnaise d'origine algérienne Houssem Aouar, également sur le qui-vive durant ce mercato d'hiver s'agissant de son avenir en club. Jusqu'au jour d'aujourd'hui, aucune certitude. Le jeune médian des Gones poursuit son bonhomme de chemin avec son équipe, lui qui fait partie régulièrement des sélections de France de jeunes, en attendant des jours meilleurs aussi bien en club qu'en sélection. Cette dernière «destinée» fait l'objet d'un travail de sape qui n'est pas sans provoquer de la gêne à l'ancien joueur de l'AS Tonkin Villeurbanne passé depuis chez l'OL où il a signé en 2016 sa première licence de footballeur professionnel. En deux années chez les «Pros», le jeune Houssem fait autant sinon mieux que nombre d'autres génies enfantés par l'académie lyonnaise, Benzema et Fekir réunis. Deux «cas» qui ont fini par s'inscrire dans la logique de Jean-Michel Aulas. Le boss de l'Olympique Lyonnais aime bien gagner de l'argent, fructifier son projet d'une marque de fabrique 100% OL, à aucun moment il n'a oublié que ses produits ne doivent profiter qu'à la France. Les fuites de quelques talents vers des destinées non prévues, car sous-estimées (l'exemple de Maxwell Cornet qui a fini par répondre à l'appel du cœur, la Côte d'Ivoire), ont éveillé la fibre nationaliste du fantasque patron de l'OL qui, publiquement, ne se livre pas dans ce débat que pour dire que les joueurs savent quoi faire, quoi choisir. Pourtant, en réalité, son travail de sape est gigantesque pour faire profiter l'équipe de France, et par ricochet l'OL, des meilleurs produits de son centre de formation intégralement puisé chez les jeunes des banlieues défavorisées de la région rhodanienne. C'est bien lui qui a forcé Benzema à poursuivre son aventure avec les Bleus et c'est certainement lui qui a fait «réfléchir» un Fekir d'accord en 2015, un vendredi matin, pour se lancer dans le bain des Verts avant de tourner casaque dans l'après-midi au détour d'une convocation par Deschamps en EDF et de son ralliement à un nouvel agent de footballeurs lui-même chargé des affaires sportives du sélectionneur français. Jamais deux sans trois ? Et c'est cette même mécanique qui est en train de se déployer autour de Houssem Aouar. Les français qui ont été «indulgents» pour laisser filer des jeunes talentueux mais moins ambitieux, à l'image de Rachid Ghezzal, savent très bien que l'Algérie est à l'affût pour enclencher une nouvelle bataille pour séduire la nouvelle star du football mondial convoitée par les grandes équipes du vieux continent dont le FC Barcelone ou Manchester City. Le tout en maniant bien l'outil de la communication, élément essentiel pour convaincre les plus irascibles parmi les sportifs d'origine émigrée. En façonnant un projet sportif que l'autre postulant, la FAF dans ce cas d'espèce, ne peut pas assurer. «C'est bien de faire plaisir à ses parents, à sa famille et aux petites gens de sa cité en banlieue et du pays d'origine mais là, il s'agit d'une carrière à gérer, d'un avenir à assurer», rappelle à qui veut l'entendre Aulas à chaque fois qu'il est interpellé de ces «interférences». Le récent déplacement de Djamel Belmadi, le sélectionneur algérien, en France pour tâter le pouls du joueur et de sa famille semble s'être déroulé dans les normes. A savoir que les Aouar sont attentifs à l'appel du pays mais qu'il faudrait du temps, non seulement pour la réflexion mais surtout pour l'aboutissement du projet pour lequel est promis leur enfant. Dimanche, le très sérieux (mais manipulateur) quotidien L'Equipe avançait timidement que le camp Aouar a donné des assurances à ses hôtes algériens quant au devenir en Vert de Houssem. Juste que cette «promesse» doit être contenue jusqu'au mois de mars. Une date qui fera date ? A cet instant, les Aouar sauront bien si Houssem figure bien dans les plans de Deschamps pour les rendez-vous contre la Moldavie et l'Islande qualificatifs à l'Euro-2020, s'il avait conclu son transfert chez un grand d'Europe (en juillet dernier, Houssem Aouar a renouvelé son contrat avec l'OL jusqu'en 2023) et si, enfin, l'Algérie proposait un «projet global» intéressant. Pour la première incertitude, c'est Guy Stéphan, l'adjoint de DD, qui apporte son «témoignage» à l'occasion de l'émission Téléfoot sur TF1, un autre support de taille pour l'Equipe de France. «C'est (parlant d'Aouar, ndlr) un très bon jeune joueur qui joue avec l'équipe de France Espoirs de Sylvain Ripoll qualifiée pour le championnat d'Europe l'été prochain. C'est un joueur très subtile, technique, avec une bonne vision du jeu, à l'aise avec le ballon, et qui marque des buts. C'est un joueur avec un fort potentiel. Mais on est le 20 janvier. La prochaine liste est mi-mars. Deux mois, c'est loin, il y aura encore beaucoup de matchs avant cette liste», assurait-il. S'agissant de son avenir sportif, Aouar est certain de terminer la saison avec Lyon avec qui, il a encore plein d'objectifs à réaliser. Concernant la troisième alternative, opter rapidement pour les Verts, aucun indice palpable ne corrobore cette piste. La FAF qui semble avoir d'autres chats à fouetter attendrait, selon toute vraisemblance, un appui politique d'envergure pour s'attaquer au dossier Aouar. La dernière rencontre Belmadi-camp Aouar n'aurait, en définitive, servi qu'à déclencher la bataille des «réseaux» qui, armés de rumeurs et de contrevérités, assomment les opinions de toute «obédience» sur un sujet dont l'issue ne devrait pas être si différente de celles connues par l'Algérie lorsque la FAF a couru (en vain) derrière Meriem, Benzema et autre Fekir. M. B.