Après ses échecs au Mondial et en Ligue des nations, l'Allemagne ouvre un nouveau cycle aujourd'hui contre les Pays-Bas en qualifications pour l'Euro-2020, avec une équipe rajeunie et amputée de presque toutes ses stars championnes du monde 2014. Eliminée au premier tour du Mondial en Russie et reléguée en Ligue B des nations en novembre, la Mannschaft est tombée à la 16e place du classement mondial de la Fifa. Après un nul 1-1 en amical contre la Serbie mercredi, elle débute à Amsterdam sa campagne de qualification pour l'Euro-2020, contre une équipe néerlandaise qui l'a dominée cet automne (3-0 et 2-2). Pourquoi les stars ne sont-elles plus là ? D'abord sous la pression des mauvais résultats, puis par un choix personnel très controversé, le sélectionneur Joachim Löw a fini par démanteler son ossature de champions du monde 2014. Mats Hummels, Jérôme Boateng et Thomas Müller sont les derniers à avoir été écartés. Sami Khedira l'avait été dès septembre, et Mesut Özil s'est retiré de lui-même. Des finalistes victorieux du Brésil ne restent que Toni Kroos et Manuel Neuer. L'idée est de repartir en laissant aux jeunes toute la place pour prendre des responsabilités. Qui sont les cadres de demain ? Le Munichois Niklas Süle a été intronisé «chef de la défense» par Löw. Comme milieu défensif, Joshua Kimmich est déjà à 24 ans une valeur sûre. Son coéquipier du Bayern Leon Goretzka semble en passe de s'imposer à ses côtés, mais est encore en concurrence avec le monstre sacré Kroos. Devant, la nouvelle star s'appelle Leroy Sané: les dribbles diaboliques de l'ailier de 23 ans de Manchester City affolent les défenses et font se lever les supporters. En juin, Löw avait été critiqué pour ne pas l'avoir emmené au Mondial. Plus collectif, Marco Reus devient à 31 ans le grand leader d'attaque qu'il aurait pu être depuis longtemps si sa carrière n'avait pas été hachée par les blessures. Quels sont les points faibles ? Le sélectionneur est encore à la recherche de ses titulaires sur les flancs de la défense. Thilo Kehrer le Parisien est sur les rangs, avec Nico Schulz et quelques autres, mais aucun joueur de classe mondiale n'émerge à ce poste. Par ailleurs, l'Allemagne se désole depuis plusieurs années de l'absence d'un véritable buteur. Timo Werner a fait illusion à ses débuts en sélection en 2017, puis la mécanique s'est enrayée. Il n'a marqué qu'une fois lors de ses dix derniers matchs sous le maillot aux quatre étoiles. Löw joue-t-il sa tête ? A court terme probablement pas, même si une lourde défaite dimanche contre les Pays-Bas le remettrait inévitablement en danger. Reconduit malgré les critiques après la débâcle du Mondial, il s'est vu confier la reconstruction, et jouit malgré tout encore de l'aura de «visionnaire» que lui avait donnée la victoire en Coupe du monde 2014. Sauf catastrophe en qualifications, le véritable juge de paix sera l'Euro-2020. Après l'humiliation russe de 2018, un autre échec ne lui serait pas pardonné.