Alors que les Algériens, qui manifestent depuis huit semaines par millions dans les villes du pays, réclament des personnalités connues, intègres et compétentes pour gérer la transition, et au moment où la démission de Tayeb Belaïz a été perçue comme un début de solution à la crise, le pouvoir fait appel à un homme inconnu pour présider le Conseil constitutionnel. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - La démission de Belaïz de la troisième institution de l'Etat a permis d'entrevoir une lueur d'espoir pour les Algériens. Dans l'après-midi d'avant-hier, ils attendaient la chute d'un autre « B », en l'occurrence le Premier ministre, Noureddine Bedoui, et le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah. Mais dans la soirée, ils étaient surpris par le remplacement prompt du président du Conseil constitutionnel par un autre membre de la même institution, élu par le Conseil d'Etat en 2016 pour siéger avec Mourad Medelci à qui succédera, suite à son décès, Tayeb Belaïz. Abdelkader Bensalah, dont la tête est demandée par le peuple, n'a pas attendu, en effet, plus de 12 heures avant de nommer Kamel Feniche à la tête du Conseil. Mais qui est Kamel Feniche, cet homme inconnu du public ? Le site du Conseil constitutionnel, contrairement aux autres institutions officielles, ne donne aucune information sur l'identité et le parcours de ses membres. Il fallait alors voir ailleurs. Selon les informations qui circulaient hier à son propos, Kamel Feniche, natif de Sétif, est magistrat de formation. Dans les années 1980, il a exercé comme procureur dans la wilaya de Béjaïa. C'est lui, selon certains témoignages, qui a mis en prison des étudiants lors du mouvement de 1981. Selon le témoignage du journaliste Aïssa Arab, le nouveau président du Conseil constitutionnel est « le procureur qui nous a jetés en prison le soir du 20 mai 1981 après 24 heures de garde à vue dans les sous-sols du commissariat de Béjaïa, sans avoir droit à une seule goutte d'eau, et qui a dressé un réquisitoire accablant lors du procès le 28 octobre 1981 à l'issue duquel des peines allant d'une année à quatre années fermes ont été prononcées contre de jeunes lycéens et étudiants ». Kamel Feniche était également professeur de droit constitutionnel à Béjaïa en 1980-1981. Il était également procureur à Tébessa et Oum-el-Bouaghi. Ancien président de Chambre au Conseil d'Etat, il a été à plusieurs reprises représentant personnel de l'ex-puissant ministre de la Justice, Tayeb Louh. En tout cas, sa nomination n'est pas bien accueillie par les Algériens qui exigent que la transition soit menée par des hommes hors système, intègres et compétents. K. A.