Le parti de l'ancien chef de gouvernement a mis en garde contre toute tentation répressive contre des manifestants pacifiques, rappelant que la mission des services de l'ordre est de protéger les citoyens. Karim Aïmeur - Alger (Le Soir) - « Constatant un durcissement du comportement des forces de sécurité contre les manifestants, le bureau politique met en garde les autorités publiques contre la tentation du recours à la force contre la révolution populaire qui, malgré toutes les provocations, est demeurée foncièrement pacifique depuis le début des marches », a indiqué Talaie El Hourriyet dans un communiqué à l'issue de sa réunion ordinaire tenue hier sous la présidence d'Ali Benflis. Les manifestations de vendredi ont été marquées par un comportement injustifié de la police qui a tenté de réprimer dès le matin la marche à Alger. Des dizaines de citoyens ont été interpellés, délestés de leurs drapeaux et pancartes. D'autres ont été embarqués brutalement à la fin de la marche au moment où ceux qui sont restés sur la place de la Grande-Poste ont été violemment dispersés. Dans son communiqué, le parti de Benflis a souligné que le devoir des éléments de la Sûreté publique est de protéger les manifestants contre toute tentative de provocation et de menace à leur sécurité et non de réprimer les manifestations pacifiques. Se disant inquiet de l'impasse politique générée par la mise en œuvre exclusive de l'article 102 comme solution de sortie de crise, le parti soutient que l'échec consommé de l'élection présidentielle du 4 juillet commande le recours à la voie politico-constitutionnelle. Dans ce contexte, il estime que « l'ouverture d'un dialogue pour dégager, dans les meilleurs délais, une solution politique consensuelle qui réponde aux aspirations du peuple et évite à notre pays un vide constitutionnel, politique et institutionnel, aux conséquences imprévisibles, au terme du mandat constitutionnel de la présidence de l'Etat, revêt une extrême urgence ». Pour le parti de Benflis, les conditions de succès de ce dialogue sont des interlocuteurs crédibles qui recueillent l'assentiment populaire, un cadre adéquat et un objet clair. « La partie invitante à ce dialogue doit être d'une autorité morale et politique incontestable et irrécusable », a-t-il expliqué, ajoutant que « le dialogue doit réunir les représentants de la révolution populaire et de la société civile et ceux des partis et personnalités nationales qui se sont illustrés dans la lutte contre l'ancien régime et ont soutenu la révolution populaire pacifique depuis ses débuts ».« Un tel dialogue doit, également, viser un plan global de règlement de la crise assurant au pays une continuité institutionnelle transitoire jusqu'à l'élection du prochain président de la République, avec, notamment, la création d'une instance indépendante pour l'organisation, la supervision et la surveillance de cette élection jusqu'à la proclamation des résultats du scrutin », a-t-il détaillé. L'objectif final de ce dialogue doit être, aux yeux de Benflis, l'élection du président de la République dans des conditions qui lui confèrent toute la représentativité, la crédibilité et la légitimité pour mener à bonne fin son mandat. Le parti s'est dit convaincu que l'armée a un rôle important à jouer dans ce dialogue pour une sortie de crise, comme accompagnateur et facilitateur et comme garant de la mise en œuvre de la feuille de route qui sera adoptée, par consensus, par les partenaires à ce dialogue. K. A.