Le spectre de la peur et de l'angoisse s'est amplifié depuis que l'annonce du décès d'une personne atteinte du coronavirus a fait le tour de Blida. Les habitants de cette ville, d'où se sont déclarés les premiers cas de cette épidémie, sont désemparés aujourd'hui. Ils ne savent plus de quoi il en retourne. Le moindre symptôme s'apparentant à celui du Covid-19 et c'est la grande panique. Dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 mars, les sirènes des ambulances n'ont pas cessé de retentir, évacuant des cas suspects à l'hôpital Brahim-Tirichine, ex-Faubourg. Dans l'enceinte de cet établissement hospitalier, un pavillon pour recevoir des malades qui présenteraient des signes du coronavirus a été créé. C'est dire que les patients et leurs parents venus à cet hôpital pour d'autres urgences ont été médusés par la vue d'un spectacle auquel ils n'ont pas l'habitude d'assister. L'ambiance habituelle fut plombée par ce nouveau cas de pathologie qu'est le coronavirus. Ils n'avaient pas d'autre choix que d'observer, à leur corps défendant, l'hystérie des proches des cas suspects. L'effervescence ponctuée quelquefois de pleurs et de cris cassait le silence de la nuit et faisait oublier les lancinantes douleurs des autres malades. A l'hôpital de Boufarik, c'est la même atmosphère. La Protection civile a dû ramener quelques personnes suspectées d'avoir contracté le virus. Le désarroi était à son comble hier et avant-hier tant la suspicion est devenue cauchemardesque chez quelques citoyens. Mais il faut souligner que c'est à l'hôpital Frantz-Fanon de Blida, où est décédée la personne atteinte du coronavirus, que l'affolement a atteint son paroxysme. Et pour cause, l'on avance que l'infirmier qui se serait approché du malade sans protection pour l'intuber circule toujours au service des urgences du CHU. En effet, dans la nuit de mardi vers 21 h, nous raconte un témoin, le défunt placé dans la salle de déchocage, transformée en salle d'isolement pour la circonstance, présentait des difficultés respiratoires aiguës. Il souffrait de plusieurs maladies pulmonaires, disent des témoins dans ce service. Comme il s'agissait d'un cas d'une extrême urgence, l'on a fait venir l'infirmier qui possède le plus d'expérience dans ce geste médical et qui a dû intervenir sans prendre toutes les dispositions nécessaires quant à sa protection. Par mesure de sécurité et afin d'éviter que le virus puisse toucher les personnes ci-présentes, ajoute le témoin, un ordre fut donné à tout le monde d'évacuer le hall du service des urgences. Le lendemain, le malade atteint du coronavirus mourra dans le même hôpital. Il était âgé de 67 ans et a été enterré jeudi. Il était un parent par alliance à la première famille d'où s'est propagée l'épidémie. Jeudi dernier, les responsables de l'hôpital Frantz-Fanon devaient siéger pour décider s'il était nécessaire d'interdire les visites dans le service des urgences. En tout état de cause, avec les trois nouveaux cas confirmés et leur placement en isolement à l'hôpital de Boufarik, les mesures de précaution doivent être de mise. Notons qu'au Hirak d'hier, il n'y avait qu'un peu plus d'une centaine de personnes qui avaient manifesté. Sur les réseaux sociaux, elles ont été prises à partie, considérant leur marche comme un défi inutile devant l'épidémie menaçante. M. B.