Le rythme auquel se propage l'infection du coronavirus est inquiétant, au point où, depuis dimanche, les pouvoirs publics ont accéléré les annonces et les mesures de lutte pour freiner la propagation. Nos hôpitaux sont-ils assez armés pour faire face à une éventuelle épidémie ? Les professionnels de la santé appellent à la prévention. Car en cas d'épidémie, alertent-ils, «l'Algérie sera dépassée» puisque nos hôpitaux ne disposent que de 200 lits de réanimation. Le gouvernement a dégagé une enveloppe de plus de sept milliards de dinars pour lutter contre le coronavirus. Cette enveloppe sera destinée à l'acquisition de matériels et équipements de lutte. Pour le moment, avec une cinquantaine de cas de contamination au coronavirus, le gouvernement assure maîtriser la situation. D'ailleurs, pour freiner la propagation, le gouvernement a accéléré, depuis dimanche, la cadence pour prendre une série de mesures. Cependant, en cas d'épidémie, nos hôpitaux sont-ils suffisamment armés pour y faire face ? Les professionnels de la santé sont catégoriques : «Notre système de santé, déjà fragilisé, ne pourra pas prendre en charge tous les malades en cas d'une épidémie importante.» C'est pourquoi les spécialistes appellent à la prévention pour éviter un tel scénario catastrophique. Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil national de l'ordre des médecins, a expliqué que les mesures ayant été prises, au jour d'aujourd'hui, visent à empêcher la propagation du virus. «Nous sommes au stade préventif, où le défi consiste à éviter qu'il y ait plus de cas possibles, et toutes les mesures de prévention édictées par l'OMS sont en cours en Algérie», dit-il. Le docteur Bekkat rappelle que les pouvoirs publics assurent qu'ils se sont préparés pour faire face en cas d'un scénario épidémique plus important. Cependant, en cas d'une multiplication des cas et d'une surcharge dans les hôpitaux, poursuit-il, il n'y aura que les cas les plus graves qui seront pris en charge. «À un certain moment, les cas sans gravité seront obligés de rester chez eux et de se soumettre à un confinement personnel et ne pas aller aux urgences. Nous sommes en train de nous préparer, à l'instar des autres pays, à faire face, mais cela dépendra de l'ampleur que prendra la propagation. Une fois qu'il y aura plus de cas graves, il nous sera très difficile de les prendre en charge dans les services de réanimation. Le gouvernement a annoncé l'importation d'appareils de réanimation, et la situation n'est pas encore dramatique chez nous, mais on ne peut pas préjuger de l'extension. Il faut donc être vigilant», dit-il. Les services de réanimation risquent visiblement de poser un grand problème en cas d'une multiplication importante de cas de contamination. Selon le professeur Khiati, président de la Forem, les unités de réanimation que compte le pays ne pourront pas faire face à une épidémie. «Si l'on arrive au stade 3, nous serons dépassés », alerte-t-il. Selon lui, les autorités auraient dû suspendre les vols vers l'étranger depuis longtemps car, autour de chaque cas qui est rentré de l'Europe avec le virus, il y a plusieurs autres cas-contacts contaminés et il est très difficile de suivre la chaîne de contact pour identifier tous les cas suspects. Selon lui, «nous n'avons pas assez de grands services de réanimation, nous avons un service au niveau des CHU de Bab-el-Oued, Beni-Messous, Kouba et Zmerli. Sinon, nous avons des unités de réanimation qui sont rattachées aux services de chirurgie et qui comptent entre six à dix lits seulement». Au total, l'Algérie ne dispose que de 200 lits de réanimation. S. A.