Le recteur de la Grande Mosquée de Paris sort de sa réserve. L'annonce d'une possible reprise des cérémonies religieuses dès le 29 mai n'est pas du goût de Chems Eddine Hafiz qui y voit une discrimination en bonne et due forme, car permettant aux communautés chrétienne et juive de célébrer la Pentecôte et privant les musulmans de France de la célébration de l'Aïd. La Grande Mosquée de Paris n'exclut pas de saisir les tribunaux. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - L'annonce de la probable reprise de la célébration des offices religieux dès le 29 mai prochain constitue ,selon la Grande Mosquée de Paris, un « revirement inexpliqué » à l'origine de « stupéfaction » et de « déception ». Et pour cause, le recteur de la Mosquée de Paris s'étonne du choix de cette date par les autorités françaises qui exclut de facto toute possibilité aux musulmans de France de célébrer la fête de l'Aïd comme le veut la tradition. La Mosquée de Paris demande à ce que cette dérogation soit accordée à l'ensemble des communautés à compter du 24 mai, date de l'Aïd El-Fitr, afin d'éviter d'en exclure les musulmans. Dans un communiqué rendu public hier mardi, le recteur de la Mosquée de Paris écrivait à l'adresse de l'exécutif français que « cette décision qui se dessine, installerait de fait une inégalité entre les citoyens. Les musulmans ne comprendraient pas cette mesure inique du deux poids deux mesures, la fête de l'Aïd n'étant séparée de la Pentecôte juive et chrétienne que de quatre jours ». Il ajoute que, « si cette dérogation venait à être accordée aux autres communautés religieuses à compter du 29 mai, la Grande Mosquée de Paris demanderait instamment aux pouvoirs publics de fixer le 24 mai comme date de reprise de célébration des cérémonies pour tous les lieux de culte sans exception ». Chems Eddine Hafiz, son recteur, assure que « la fête de l'Aïd est aussi importante que la Pentecôte juive ou chrétienne ». Haussant le ton, il affirme qu'« à défaut, la Grande Mosquée se verra dans obligation d'user de tous les moyens légaux pour défendre les intérêts moraux des musulmans de France », et « étudiera la possibilité d'une saisine des juridictions compétentes pour dénoncer un fait grave de discrimination manifeste ». Faisant part de sa profonde déception, le recteur de la Grande Mosquée de Paris rappelle que son institution avait, avant même la publication du décret codifiant les règles du confinement, décidé « en toute responsabilité, de suspendre les cérémonies religieuses et les prières collectives, y compris celles du vendredi qui constituent pourtant une pratique importante dans le culte musulman ». A la veille du Ramadhan, poursuit le communiqué, c'est en « toute responsabilité » que la Grande Mosquée de Paris avait décidé d'annuler la prière des tarawih et même celle de l'Aïd puisque les autorités françaises avaient décidé d'interdire toute cérémonie religieuse avant le 2 juin prochain. En revenant sur cette décision, l'exécutif français crée ainsi la polémique. Le Premier ministre français annonçait lundi que le gouvernement était prêt à étudier la reprise des offices religieux, assurant savoir que « la période du 29 mai au 1er juin correspond, pour plusieurs cultes, à des fêtes ou à des étapes importantes du calendrier religieux ». Celui des musulmans n'a visiblement pas été pris en compte ! N. I.