Au chômage forcé depuis près de deux mois, les transporteurs privés de voyageurs attendent désespérément une indemnisation ou une aide financière. L'accès à un prêt bancaire de consommation sera pour eux une bouffée d'oxygène afin de faire face à leurs obligations quotidiennes. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Soumis à l'interdiction des pouvoirs publics des transports collectifs de voyageurs dans les villes et entre les wilayas afin d'endiguer la propagation du coronavirus, plus de soixante mille transporteurs de voyageurs privés chôment depuis le 19 mars dernier. «Le parc des transports urbains, suburbains et inter-wilayas dépasse les 60 mille bus privés, actuellement à l'arrêt. Plus de 70 mille chauffeurs de bus et plus de 70 mille receveurs sont eux aussi au chômage forcé», précise Abdelkader Bouchrit, président de la Fédération nationale des transporteurs de voyageurs et de marchandises, affiliée à l'UGCAA (Union générale des commerçants et artisans algériens). Selon notre interlocuteur, même le transport de marchandises, non concerné par l'arrêt d'activité, a été lui aussi impacté par la crise sanitaire. «De nombreux transporteurs de marchandises ne travaillent plus suite à l'arrêt des usines et à la baisse de l'activité d'importation. Aujourd'hui, les ports fonctionnent au ralenti», explique-t-il. La suspension des transports privés n'a pas été sans conséquences économiques et sociales pour tous les travailleurs du secteur. Plus d'un mois et demi plus tard, ces professionnels entament des démarches pour tenter de trouver des solutions à leur situation. «Nous avons eu des rencontres avec le ministère des Transports, les différentes directions des transports et avec les walis. La semaine dernière, nous avons rempli des imprimés que nous avons remis à la Direction des transports afin d'évaluer une indemnisation ou bien une aide financière», note-t-il. La Fédération nationale des transporteurs de voyageurs et de marchandises propose également l'exonération de la taxe sur l'activité professionnelle de l'année 2020 et le report du paiement des cotisations à la Casnos (Caisse nationale de sécurité sociale des non-salariés) jusqu'à la fin de l'année. «Les transporteurs de voyageurs sont à l'arrêt depuis plus d'un mois et demi, et nous ignorons la date de la reprise. Même après le déconfinement, la relance de cette activité sera difficile puisque les citoyens resteront prudents et réticents au recours aux transports en commun. Il faut aussi accorder aux transporteurs le temps nécessaire pour reprendre leur travail et avoir un peu d'argent pour payer leurs cotisations», dira le président de la fédération. Autre proposition des transporteurs de voyageurs : la suppression de la vignette automobile de l'année 2020 pour les bus. La fédération suggère aussi l'octroi de prêt bancaire de consommation sans intérêts aux transporteurs dont le montant varie entre 20 000 et 30 000 dinars par mois. «Ce prêt, qui sera remboursé ultérieurement, permettra aux bénéficiaires de faire face à leurs obligations financières mais il permettra également de soulager l'Etat», affirme Abdelkader Bouchrit. Convaincu que la relance de l'activité des transporteurs est tributaire de la disparition du Covid-19, il assure que celle-ci ne pourra se faire avant le mois de septembre prochain, voire un peu plus tard. «La reprise dépendra de la diminution du virus et sera très timide», dit-il. Pour ce faire, il estime qu'une stratégie déterminant les mécanismes nécessaires pour la reprise de l'activité commerciale s'impose. «Le commerçant doit être sensibilisé et initié aux mesures de protection sanitaires à mettre en place, mais le consommateur, lui aussi, doit être sensibilisé au comportement à adopter dans les commerces qui seront rouverts», dit-il encore. Ry. N.