Record de cas, hausse des hospitalisations, malades plus jeunes, la wilaya de Sétif est devenue le point chaud de l'épidémie du nouveau coronavirus dans le pays. Signe de cette recrudescence, le nombre de nouvelles infections quotidiennes s'est rapproché, mercredi, de ses niveaux record, avec près de 70 cas supplémentaires en 24 heures. Au jeudi 2 juillet, Sétif enregistrait 1 350 cas depuis le début de la pandémie. Une situation alarmante qui a poussé le ministre de la Santé et de la Population à s'y rendre en toute urgence pour constater les «dégâts» et y apporter les solutions. La visite du Pr Abderahmane Benbouzid, jeudi à Sétif, quoique brève, a permis de mettre à nu la mauvaise gestion qui règne au niveau du centre hospitalo-universitaire Saâdna-Mohamed-Abdenour ainsi que les tiraillements, sensibilités et les frictions entre les différents chefs de service où les intérêts personnels altèrent le bon fonctionnement de l'hôpital, et la notion de servir le malade est reléguée au second plan. A cet effet et lors de sa visite au service de microbiologie du laboratoire central, où ont été installés les deux appareils servant au test diagnostic dit «virologique» ou «PCR» (Polymerase Chain Reaction), le ministre de la Santé a piqué une colère noire en apprenant que les machines ne sont pas fonctionnelles à cause d'un problème de réglage en l'absence d'un technicien, alors qu'elles devaient entrer en service dès dimanche dernier. «C'est inadmissible que les appareils ne fonctionnent pas à cause de simples réglages. Je ne vais pas partir d'ici jusqu'à ce que les machines soient mises en marche», a râlé le ministre à l'adresse des responsables du CHU. Notons que les appareils et les réactifs ont été offerts par les opérateurs économiques de la wilaya, en coordination avec la Chambre de commerce et d'industrie. Le ministre a également appelé les médecins chefs de service à mettre leurs différends de côté, à conjuguer leurs efforts dans l'intérêt du malade et prendre en charge tous les malades atteints de Covid-19 dans tous les services du CHU sans exception. Dans ce contexte, le ministre de la Santé a instruit le wali de Sétif d'utiliser au maximum tous les centres ou infrastructures pour héberger les malades, y compris l'utilisation des hôtels de la wilaya, et ce, pour désengorger les hôpitaux de la région et ne les laisser que pour les cas graves et extrêmes. Benbouzid a également promis que les hôpitaux seront approvisionnés quotidiennement en équipements de protection pour le personnel soignant. Durant sa visite de travail, le ministre devait visiter le service de réanimation, mais cette étape a été tout simplement zappée par les responsables du CHU de peur des déclarations du Pr Nabil Mosbah, médecin chef du service de réanimation, qui n'a pas sa langue dans sa poche pour dénoncer la mauvaise gestion du CHU. Ce même professeur avait lancé, mercredi, un appel d'urgence pour dénoncer le manque d'oxygène au niveau du CHU et où les opérations urgentes ont été assurées par ventilation manuelle. Pour certains médecins, la situation sanitaire actuelle dans la wilaya de Sétif risque d'échapper à tout contrôle contrairement aux déclarations des responsables qui affirment que la situation est maîtrisée et sous contrôle. «La stratégie de lutte contre la pandémie Covid-19 était défaillante depuis le début (mis à part ceux qui sont en face du malade) par la gestion administrative, trois directeurs de la santé et de la population en trois mois. Certes, la population est indisciplinée, mais la prophylaxie et la stratégie de lutte sont défaillantes», résume un praticien. Imed Sellami