Fallait-il attendre la venue d'une commission d'enquête chargée d'investigation et de suivi des enquêtes épidémiologiques, dépêchée par le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière, pour savoir que le taux élevé de propagation de Covid-19 dans la wilaya est dû principalement au retard enregistré dans les enquêtes épidémiologiques. Tout le monde à Sétif savait que les causes liées à l'augmentation des cas de contamination au Covid-19 étaient d'abord la mauvaise gestion de cette crise sanitaire par les responsables du secteur de la santé de la wilaya, et l'insouciance, voire l'inconscience des citoyens. À cet effet, et après deux jours d'enquête à travers la wilaya de Sétif, la commission scientifique spécialisée composée de médecins et spécialistes en épidémiologie, menée par le Pr Mohamed Belhocine, et après deux jours d'enquête au niveau du CHU de Sétif et des hôpitaux d'El-Eulma et de Aïn-Oulmane, est parvenue à établir le "lien" entre le nombre, sans cesse croissant, de contaminations au Covid-19 et le retard accusé dans les enquêtes épidémiologiques. «La situation à Sétif nécessite une grande mobilisation de tout un chacun pour remédier au grand retard enregistré dans les enquêtes épidémiologiques. Les services de l'EPSP (Etablissement public de santé de proximité) de Sétif et d'El-Eulma sont très en retard dans les enquêtes épidémiologiques. Les normes sanitaires indiquent que pour un cas de Covid-19 confirmé, il faut dépister au moins 20 personnes, alors qu'à Sétif, on est à une moyenne de 5 personnes et de 9 à El-Eulma. Donc, nous avons des porteurs sains ou encore des cas confirmés de coronavirus qui circulent librement», a affirmé le wali à l'occasion de la présentation des conclusions des travaux de la commission scientifique. Il a également instruit le directeur de la santé de la wilaya de prendre les mesures nécessaires pour rattraper ce retard dans ces enquêtes qui sont «un élément clé afin de limiter la propagation du virus et permettre de briser rapidement la chaîne de contamination». Une mission qui s'avère très difficile dans le contexte actuel vu que Sétif, une des plus grandes et importantes wilayas du pays, ne possède pas un laboratoire d'analyses et de prélèvements des patients suspectés d'infection. «C'est honteux et inadmissible que la wilaya ne possède pas une telle infrastructure», a fustigé le wali. M. Belkateb H. a promis de tout faire pour qu'un laboratoire soit ouvert dans les prochains jours. Notons que la machine servant au test diagnostique dit «virologique» ou «PCR» (Polymerase Chain Reaction) installé au niveau du service des maladies infectieuses du CHU de Sétif n'est plus en service depuis plusieurs semaines pour cause de «manque de réactifs», affirment les responsables du CHU. Une situation qui ne fait qu'aggraver les cas de centaines de citoyens qui doivent attendre, des jours durant, les résultats de leurs prélèvements envoyés chaque jour aux laboratoires d'analyses d'Alger, Constantine ou Batna. En attendant, les cas de contamination ne cessent d'augmenter chaque jour. Ils frôlent les 1 000, depuis le début de la pandémie. Imed Sellami