Bien que considérée strictement comme libano-libanaise, les autorités algériennes ont annoncé, il y a un peu moins de deux mois, l'ouverture d'une enquête sur l'affaire de la prétendue tromperie dont se serait rendue coupable, selon les autorités libanaises, la filiale britannique de Sonatrach, SPC-BVI, sur deux cargaisons de fuel destinées au Liban. Une affaire qui a pris une nouvelle tournure avec la révélation de la mise sous séquestre de deux navires de la SPC-BVI ordonnée par un juge libanais. En effet, jeudi, la version online du quotidien beyrouthin L'Orient Le Jour, rapportait que, pour répondre à une question sur le rationnement du carburant et de l'électricité dans le pays, le ministre libanais de l'Energie a justifié le fait par la mise sous séquestre de deux navires de la filiale de Sonatrach transportant du fuel vers le Liban. «Le rationnement est dû à un manque de fuel. Si le fuel prend tant de retard à être livré, c'est à cause d'une affaire judiciaire» a expliqué le ministre avant de se montrer rassurant pour ses concitoyens en confiant «Sonatrach refuse de nous livrer le fuel avant la levée du séquestre sur ses deux navires (...) Après cette levée, nous reviendrons au contrat qui était en vigueur». C'est une affaire qui, le 13 mai dernier, avait été évoquée lors d'une conférence de presse du porte-parole de la présidence de la République qui, tout en soulignant le caractère libano-libanais de l'affaire et que l'Algérie en tant qu'Etat n'était pas impliquée, informait que le Premier magistrat du pays a tout de même exigé l'ouverture d'une enquête ayant trait exclusivement au volet concernant l'Algérie. La genèse de cette affaire remonte au mois d'avril dernier lorsque, Electricité du Liban (EDL), le partenaire de Sonatrach, avait déposé une plainte contre la compagnie algérienne prétendant que cette dernière - sa filiale au Royaume-Uni plus précisément - lui avait livré du carburant frelaté. Plusieurs mandats d'arrêt avaient été émis, contre de hauts responsables de l'administration et de la compagnie libanaises ainsi qu'un individu qui était donné pour être le représentant de Sonatrach à Beyrouth. La réplique de la partie algérienne n'avait pas tardé. En effet, par l'entremise de ses avocats, la filiale SPC-BVI a publié un communiqué pour dénoncer ‘'une vile campagne de diffamation coordonnée visant à nuire à la réputation de la société'' et de prévenir qu'elle prendra toutes les mesures judiciaires contre les auteurs de toute diffamation ou déclaration calomnieuse. Ceci, alors qu'à partir d'Alger, la société-mère de SPC-BVI démentait avoir un quelconque représentant au Liban, expliquant que la personne présentée en tant que telle n'était en fait qu'un agent maritime indépendant dont les services avaient été requis pour se charger des questions administratives auprès des partenaires et l'administration libanais sur place, et puis, contrairement à ce que laissent entendre les Libanais, ce ne sont pas deux cargaisons de fuel concernées par cette affaire, mais une seule, et au moment où le fuel était chargé au port d'embarquement à destination du Liban, il répondait aux normes exigées contractuellement, comme l'atteste l'analyse effectuée par des bureaux d'expertise indépendants. Ainsi, avant qu'il soit dûment établi par la justice que la filiale londonienne de Sonatrach est coupable de quoi que ce soit, ses deux navires sont retenus quelque part dans les eaux libanaises. Azedine Maktour