Nouveau dossier sur la table de la Commission des fetwas du ministère des Affaires religieuses. Elle va devoir se prononcer sur la meilleure conduite à tenir lors de la célébration de Aïd-el-Adha. Ses membres ont rencontré, lundi le Comité scientifique de suivi du Covid 19. Son président, le Dr Fourar, a fait un constat sans concession sur la situation épidémiologique estimant que sans mesures «strictes» pendant les deux jours de l'Aïd, l'Algérie court vers la «catastrophe». Le scientifique a parlé, le religieux devra se positionner. Nawal Imés- Alger (Le Soir)- A moins d'un mois de la célébration de l'Aïd-el-Adha, les autorités sanitaires se retrouvent une fois de plus face au casse-tête de la difficile équation entre traditions et respect des gestes barrières devant permettre de limiter la propagation du coronavirus. Au sein du comité scientifique chargé du suivi de l'épidémie, aucune place pour le doute. La grande majorité de ses membres est convaincue de la nécessité d'imposer de strictes mesures durant les deux jours de l'Aïd-el-Adha. Ce dernier étant caractérisé par le rituel religieux du sacrifice du mouton, les autorités religieuses sont en toute logique appelées à la rescousse pour une fetwa légitimant les décisions qui seront prises. C'est dans cette perspective que les membres de la commission des fetwas au sein du ministère des Affaires religieuses se sont réunis avec les membres du comité scientifique de suivi du coronavirus. A l'ordre du jour : la manière d'appréhender la fête de l'Aïd-el-Kebir. Djamel Fourar, président du comité scientifique, et ses accompagnateurs ont tenu un discours franc, évoquant une situation épidémiologique déjà assez compliquée et risquant de se compliquer davantage si aucune mesure n'est prise pendant les deux jours de fête. Le président du comité scientifique a déclaré, au cours de cette rencontre, que «notre plus grande hantise, c'est que si nous ne prenons pas pour les jours de l'Aïd des mesures strictes, ça va être une grande catastrophe ! Il suffit de voir la concentration au niveau des marchés». Un avis que partagent les autres membres du comité et qui laisse entrevoir d'ores et déjà les mesures qui seront applicables. Contrairement à l'Aïd-el-Fitr, où il avait suffi d'interdire la circulation automobile pour limiter les déplacements et donc les visites familiales, la difficulté résidera dans les mesures à imposer pour éviter les regroupements, au moment du sacrifice du mouton. Et c'est justement à ce niveau que sont attendues les autorités religieuses : faudra-t-il décréter que le sacrifice pourrait être abandonné exceptionnellement cette année ? La question divise et le débat bat son plein entre adeptes du maintien du rituel et ceux qui estiment que la conjoncture est loin d'être propice à ce type de pratiques. Youcef Belmehdi, le ministre des Affaires religieuses, a estimé, au cours de la réunion de ce lundi, que «les fetwas évoluent. Il n'y a aucune gêne à ce que ces dernières changent en fonction des situations et des conjonctures», estimant que c'est aux membres du comité scientifique de donner la mesure des risques. Les deux parties sont appelées à se revoir encore une fois ou deux avant que les décisions finales, très attendues, ne soient arrêtées avant d'être annoncées. N. I.