L'acteur franco-algérien est décédé jeudi dernier à l'âge de 54 ans des suites d'une longue maladie. Depuis l'annonce de sa mort, l'hommage de ses pairs est unanime. Installé en France depuis les années 1980, Djamel Barek a commencé sa carrière artistique au théâtre où il a notamment joué dans les pièces de Robert Hossein et de Michel Georges. Son visage devient familier d'abord dans le monde audiovisuel à travers sa participation à plusieurs séries et téléfilms tels que Avocats et associés (1999), Retrouver Sara (2006), Reporters (2009), Fracture (2010), etc. Parallèlement à sa carrière à la télévision, Djamel Barek se fait remarquer par plusieurs cinéastes à commencer par Steven Spielberg qui lui octroie un petit rôle dans Munich (2005), Frédéric Shoendoerffer qui lui fait appel pour Scènes de crime (2000), Les revenants de Robin Campillo (2004), Carlos d'Olivier Assayas (2010) où il joua le rôle de l'avocat et militant algérien Ahmed Boudia. La consécration en Algérie viendra avec L'Oranais de Lyès Salem (2013) où il campe Saïd, le fidèle ami et homme à tout faire du personnage principal. Il figurera par la suite dans la tête d'affiches de la série ramadanesque à succès El Khawa. Mais c'est en France que le comédien enchaîne les rôles entre cinéma et télévision : le cinéaste David Oelhoffen lui fera appel à deux reprises dans Loin des hommes (2014) aux côtés de Vigo Mortensen qui joue un instituteur humaniste aux confins de la campagne algérienne durant la colonisation (un film adapté de la nouvelle L'hôte d'Albert Camus) et dans Frères ennemis (2018) avec Reda Kateb, les deux films ayant été projetés à Alger à l'occasion du Festival international du cinéma engagé. À sa mort, il jouait le rôle titre de la série Candice Renoir dont la septième saison est actuellement diffusée sur France 2. L'un des derniers rôles qu'il a joués au cinéma fut avec le réalisateur Anis Djaâd dans son film La vie d'après sélectionné à la prochaine Mostra de Venise. Dès l'annonce de son décès, Djamel Barek est évoqué par ses confrères français et algériens comme un acteur polyvalent et rigoureux, et un humain aux qualités multiples. Lyes Salem, son ami de longue date, confie au Courrier de l'Atlas que le défunt «bien que malade depuis trois ans, ne s'est jamais départi de son sourire ni se plaignait» et d'ajouter qu'il était «d'une douceur absolue et avait en même temps une autorité naturelle». La comédienne Souha Oulha écrit pour sa part que «le cinéma perd un visage plein de profondeur et d'Histoire». Quant à l'acteur Idir Benaïbouche qui a donné la réplique au défunt dans L'Oranais, il évoque un «homme stoïque qui m'a beaucoup aidé et appris». Les membres du festival de Bobigny «Bande à part» saluent la mémoire d'un «comédien chaleureux et talentueux qui est souvent venu au Magic Cinéma notamment pour l'avant-première de Loin des hommes et L'Oranais. Nous n'oublierons pas son sourire». Enfin, Leïla Bakhti, qui a partagé l'affiche avec lui dans le téléfilm Fracture, rend hommage à un «grand monsieur» dont elle n'oubliera pas «la bienveillance, le regard rare et doux». Sarah Haider