La 71ème Mostra a débuté hier soir, avec un tapis rouge pour le cinéma américain, français et turc. Le plus ancien festival au monde (lancé en 1930, la Première Mostra de Venise, dénommée Prima Esposizione Internazionale d'Arte Cinematografica [en français: Première Exposition internationale d'art cinématographique] qui s'était déroulée du 6 au 21 août 1932), a vraisemblablement changé d'idéologie et de ligne artistique. De festival d'ouverture et d'émancipation aux cultures du monde, la Mostra s'est très vite transformée en festival commercial, adoubé au «star system». La Mostra était pourtant le promoteur du cinéma du monde, créant de nombreuses sections pour diversifier l'offre et élargir le champ d'action. Le film soviétique, le free cinéma anglais, les films japonais et le cinéma allemand avant-gardiste, qui tentent d'échapper au star système de Cannes et de Berlin y trouvaient leur place. C'est à la Mostra que la Nouvelle Vague française, s'est illustrée avec Jean-Luc Godard et Alain Resnais. Pour l'Algérie, la Mostra s'est surtout illustrée en sélectionnant et en accordant le prix au fameux film de Pontecorvo La bataille d'Alger. Le Lion d'or décroché par l'Algérie avait constitué la plus grande victoire politique et cinématographique de l'Algérie dans le monde. Seulement voilà, depuis, aucun film algérien n'a été sélectionné par la Mostra pour donner l'occasion aux Italiens et observateurs cinématographiques de découvrir le cinéma algérien. Pour preuve, la direction artistique de la Mostra n'a pas sélectionné les films algériens Le Crépuscule des ombres de Mohamed Lakhdar Hamina et L'Oranais de Lyes Salem. Un ténor et une valeur sûre du cinéma algérien qui ont choisi (malgré eux) de participer à la 7e édition du Festival du film francophone d'Angoulême (Un festival de 2e catégorie) qui s'est clôturé avant-hier. Deux films algériens de grande facture qui évoquent la Révolution et qui ont été injustement préférés au film français Loin des hommes de David Oelhoffen, qui évoque le même sujet, mais vu d'un angle français et avec une star internationale Viggo Mortensen et un comédien franco-algérien en herbe Réda Kateb. La Mostra a préféré le cinéma français de la guerre d'Algérie au cinéma révolutionnaire algérien. A cela s'ajoutent les cinq films hollywoodiens, dont Birdman, le film d'ouverture du festival projeté hier soir, signé Alejandro Iñarritu, avec Michael Keaton qui joue le rôle d'un ancien acteur déchu qui tente de renouer avec le succès. Al Pacino récompensé par un Lion d'or en 1994 pour l'ensemble de sa carrière, qui joue dans le film de David Gordon Green, incarne dans Manglehorn un homme excentrique hanté par un crime passé qui lui a coûté l'amour de sa vie. Et aussi Willem Dafoe, acteur principal du Pasolini d'Abel Ferrara, portrait du célèbre cinéaste italien assassiné en 1975. Au total, une cinquantaine de long-métrages qui seront projetés jusqu'au 6 septembre, 20 seront en compétition pour le Lion d'or, récompense du plus vieux festival du cinéma du monde. Elle sera décernée par un jury présidé cette année par le compositeur français de musiques de films Alexandre Desplat, premier président à n'être ni réalisateur, ni acteur depuis la création de la Mostra en 1932. [email protected]