Indétrônable depuis 2012, la Juventus part en quête d'un dixième titre consécutif de championne d'Italie lors de la saison 2020-21 qui débute aujourd'hui, mais l'Inter Milan et son entraîneur revanchard Antonio Conte ont bien envie de gâcher la fête annoncée. L'Italie, pays parmi les plus touchés en Europe par le coronavirus, repart avec des stades toujours fermés. Mais les clubs, éreintés financièrement, comme les joueurs, orphelins de l'ambiance des «vrais» matches, espèrent revoir des tifosi dans des gradins à partir de courant octobre. Sans certitude. Depuis juin, l'ambiance a changé dans les stades mais sur les terrains, en revanche, tout a continué comme avant en Serie A avec la Juventus de nouveau sacrée en juillet, pour la neuvième fois de suite. La Juve n'a pourtant pas eu la maîtrise habituelle - jeu terne trop souvent, défense friable - et a laissé un vrai espace à la concurrence. Mais ni la Lazio, ni l'Inter n'ont su en profiter. Ce titre, le seul de la saison turinoise, n'aura pas suffi pour sauver Maurizio Sarri, remercié au bout d'une seule saison, au lendemain de l'élimination sans gloire en 8e de finale de Ligue des champions par Lyon. Après Sarri, place au pari : Andrea Pirlo, tout juste diplômé et sans expérience d'entraîneur, a été propulsé sur le banc avec la mission de tenir les promesses de beau jeu non concrétisées la saison dernière. Le renouvellement sur le banc s'accompagne d'un rajeunissement de l'effectif. Matuidi, Pjanic et Higuain ont quitté l'Italie, laissant la place à des jeunes prometteurs : le Brésilien Arthur, le Suédois Kulusevski et l'Américain McKennie. Transferts en suspens Reste à finaliser le feuilleton du mois de septembre : un nouvel avant-centre, qui pourrait être l'Uruguayen du FC Barcelone Luis Suarez, s'il obtient un passeport italien (car la Juve n'a pas droit à un autre transfert extracommunautaire) ou le Bosnien de la Roma, Edin Dzeko. Mais ni l'un ni l'autre ne devrait être sur la pelouse dimanche pour la 1re journée face à la Sampdoria, précisément l'équipe contre laquelle la Juve avait validé le 36e titre de son histoire en juillet. Pirlo se voit offrir des débuts corsés, avec ensuite un déplacement chez la Roma puis la réception de l'ambitieux Naples, qui a cassé sa tirelire pour se relancer, en s'offrant notamment l'attaquant nigérian Victor Osimhen pour près de 80 millions d'euros. Face aux stars de la Juventus, l'Inter Milan semble la seule capable de répondre. Avec son duo offensif Lukaku-Lautaro qui a porté les Nerazzurri à un point de la Juventus en Championnat et jusqu'en finale de la Ligue Europa. Antonio Conte, après avoir surmonté ses désaccords avec sa direction, est finalement resté sur le banc, mais l'objectif est clair: l'entraîneur volcanique ne veut pas d'une deuxième année sans titre. Le renfort principal est arrivé d'Allemagne avec le Marocain Achraf Hakimi (ex-Dortmund), chargé de dynamiser le couloir droit. En attendant le Chilien Arturo Vidal, ancien protégé de Conte à la Juventus, dont l'arrivée semble écrite mais encore suspendue à des départs de l'Inter. Ibra, ce tuteur Les deux autres représentants italiens en Ligue des Champions, la Lazio et l'Atalanta, ont misé sur la continuité. Côté laziale, Ciro Immobile - reconduit jusqu'en 2025 - reste le fer de lance offensif après ses 36 buts la saison dernière, avec en renfort à ses côtés le solide Kosovar Muriqi (ex-Fenerbahçe). Côté bergamasque, l'inconnue majeure tient au retour ou non (et dans quel délai) de l'attaquant slovène Ilicic, éloigné des terrains depuis juillet pour des problèmes personnels et psychologiques. Le choc de la 1re journée entre ces deux outsiders a été reporté au 30 septembre, l'Atalanta ayant obtenu, comme l'Inter, un délai d'une semaine en raison des matches européens du mois d'août. La Roma et l'AC Milan, dans le rôle des outsiders, ont l'ambition d'ouvrir une nouvelle ère. Avec un nouveau propriétaire (l'homme d'affaires américain Dan Friedkin) chez les Giallorossi. Avec une nouvelle génération - incarnée par la prometteuse recrue Sandro Tonali (20 ans) - emmenée par le totem Zlatan Ibrahimovic, jusqu'ici épanoui, à bientôt 39 ans, dans ce rôle de tuteur. Plus que le titre, c'est la Ligue des Champions que viseront les Milanais durant cette saison sur laquelle va encore planer l'ombre du coronavirus : «si le championnat ne s'arrête pas cette année, il faudra déjà s'en satisfaire. Nous savons tous que nous devrons faire des sacrifices, nous aurions tous eu besoin d'une préparation normale, mais aujourd'hui il n'y a plus rien de normal», a résumé le capitaine de la Juve, Giorgio Chiellini, début septembre.