Face au vide « organisationnel » qui entoure l'encadrement de la campagne électorale pour la tenue d'un référendum, l'Autorité nationale des élections « innove ». Son président fixe les critères devant permettre aux partis politiques et mouvement associatif de l'animer. La campagne s'annonce sous très haute surveillance puisque l'Anie exige de connaître « les axes » qui seront développés à l'avance, verrouillant d'emblée le jeu et barrant la route à tous ceux qui ne sont pas favorables à la mouture de la Constitution. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - C'est une campagne électorale pour le référendum sur la Constitution très encadrée qui débutera le 7 octobre prochain. L'autorité présidée par Mohamed Charfi vient d'en fixer les règles. Ni la loi relative au régime électoral, ni celle fixant les attributions de l'Anie n'ayant prévu les dispositions pour la tenue d'une campagne électorale relative à un référendum, le président de ladite autorité a pris une décision qui, dit-il, a valeur de texte réglementaire. Après avoir reconnu l'existence d'un « vide organisationnel », Mohamed Charfi y pallie en fixant non seulement les modalités de déroulement de la campagne mais également les acteurs « autorisés » à l'animer. À lire les critères énoncés, il apparaît clairement que n'auront droit à la parole que les adeptes du « oui ». Les opposants seront d'emblée écartés. Selon les conditions fixées, seront autorisés à animer la campagne électorale, le staff gouvernemental, invité à « transmettre le programme de la campagne électorale au président de l'Anie » et les partis politiques « disposant d'un groupe parlementaire au niveau des deux Chambres du Parlement ou de dix sièges entre les deux Chambres du Parlement ou des sièges au sein des Assemblées populaires locales dans au moins 25 wilayas », les associations nationales jouissant d'une représentation « effective » au moins au niveau de 25 wilayas ainsi que « les personnalités politiques ». Autant dire que les partis traditionnellement représentés à l'APN et qui ont déjà fait part de leur soutien au projet de réforme constitutionnelle seront les seuls autorisés à prendre la parole. L'Anie va plus loin en exigeant que les partis politiques et les associations nationales lui présentent « une demande étayée de documents justificatifs et d'un résumé sur les axes d'intervention » dans un délai de cinq jours au moins avant le lancement de la campagne électorale. Ce n'est qu'après vérification de ce contenu que l'Anie procédera, en coordination avec l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, à la définition du temps de parole réservé aux intervenants dans les médias publics. Situation épidémiologique oblige, les meetings ne seront pas autorisés, la campagne se limitera à « l'affichage, la distribution de dépliants, de correspondances et de tous les moyens écrits ou électroniques », explique l'Anie qui ajoute que « les espaces réservés à la publicité sont définis par arrêté du coordinateur du délégué de wilaya tandis qu'à l'étranger, l'affichage se fait aux sièges des représentations diplomatiques et consulaires » et qui rappelle que « l'opération de sensibilisation et la campagne électorale, qu'il s'agisse de médias audiovisuels ou par affichage, les moyens écrits ou électroniques sont soumis à une habilitation préalable de l'Anie. Tous les intervenants de la campagne électorale sont tenus de respecter les dispositions législatives et réglementaires en vigueur ». Autant dire que les contours de la campagne électorale sont, d'ores et déjà, tracés et balisés et que l'Anie ne tolérera aucune discordance. N. I.