Finies les longues vacances scolaires auxquelles ont eu droit les élèves depuis le 12 mars dernier en raison de la crise sanitaire de Covid-19. À peine une dizaine de jours avant qu'ils ne reprennent le chemin de l'école, la course aux achats des trousseaux scolaires ne s'est pas, par contre, déclenchée. C'est carrément l'indifférence. Lassitude des parents face à la situation sanitaire ou manque de moyens financiers ? Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Contrairement aux années précédentes, cette fois-ci, les préparatifs de la rentrée scolaire demeurent très timides. L'annonce récente de la reprise de l'école n'a pas suscité un engouement particulier. Les librairies ne s'y sont, apparemment, pas préparées. Leurs rayons sont moins achalandés en pareille période précédant chaque rentrée scolaire. Même les vendeurs informels ont zappé cette opportunité. Dans la rue, aucune trace des étals occasionnels dédiés aux fournitures scolaires. Les produits pyrotechniques, les bougies et les friandises pour le Mawlid Ennabaoui, prévu le 29 octobre prochain, envahissent tous les quartiers. Ces vendeurs à la sauvette ont été visiblement pris de court par l'annonce surprise de la rentrée scolaire. Cette occasion n'a pas été inscrite dans leur plan d'approvisionnement. La quasi-totalité d'entre eux ont investi dans les produits destinés à la fête du Mawlid Ennabaoui. Seuls les cartables exposés dans certains magasins annoncent l'approche de la reprise des cours. À Belouizdad, une multitude de sacs à dos sont proposés à la vente. Leurs prix varient entre 2 800 dinars, 2 200 dinars, 1 800 dinars et 1 400 dinars. Le plus petit format est cédé à 900 dinars. Des prix qui ont considérablement augmenté. Mais comme à l'accoutumée, les commerçants savent toujours se défendre. Selon eux, l'importation a largement baissé et donc, il faut se contenter du reste des stocks de l'année précédente. Plus beaux les uns que les autres, ces sacs à dos, pour la plupart à l'effigie des super-héros de fiction et des personnages de dessins animés, n'attirent pourtant pas les clients. Sont-ils repoussés par les prix exagérés ou s'agit-il d'un simple désintérêt ? «C'est trop cher !», lance une quadragénaire qui tentait d'éloigner son garçonnet d'un des sacs auquel il s'accrochait. «On reviendra plus tard», lui promet-elle. Les magasins de prêt-à-porter, à leur tour, mettent en avant les tabliers. Ces articles roses, bleus ou blancs sont exposés sur la façade de ces boutiques ou juste à leur entrée. Selon les modèles et les tailles, ils sont proposés à 650 dinars, 700 dinars, 800 dinars, 900 dinars ou carrément à 1 100 dinars. Les fournitures scolaires attendront les listes Employé dans une entreprise privée, Rahim s'est contenté d'acheter les cartables pour ses deux filles et son petit garçon. «Il y a dix jours, j'ai déboursé 7 500 dinars pour trois sacs à dos. J'ai également acheté les manuels scolaires de la première année, de la 2e année moyenne et de la 2e année primaire qui m'ont coûté 2 200 dinars, 2 210 dinars et 1 000 dinars. Il ne reste que les tabliers à renouveler», dit-il. Face à toutes ces dépenses, ce père de famille n'est pas prêt à faire d'autres folies. Pour les fournitures scolaires, il compte se conformer aux listes établies par les enseignants de ses enfants. D'ailleurs, poursuit-il, «je ne sais même pas comment va se dérouler cette année scolaire. Avec le nombre de contaminations qui a encore augmenté, les écoliers risquent d'interrompre les cours après juste quelques jours. Que Dieu nous préserve !». Père de deux enfants tous deux scolarisés, Mohamed a l'habitude d'anticiper et d'acheter les fournitures scolaires pendant les vacances. Cette fois-ci encore, il n'a pas dérogé à la règle. Malgré la crise sanitaire de Covid-19 et l'incertitude d'une rentrée scolaire en septembre, il a tout de même fait le plein des articles scolaires nécessaires. Pour lui, il est question d'éviter les bousculades des jours de reprise de l'école. «J'ai acheté le gros des fournitures au mois d'août. J'ai pris des cahiers, des protège-cahiers, des stylos, des crayons, des crayons de couleur, des règles, des gommes,... S'il manque quelque chose à la rentrée, on complétera les listes des profs chez le buraliste du quartier», précise-t-il. Scolarisée en 2e année moyenne, la fille de Mohamed et son jeune frère, en classe de 5e année primaire, n'auront pas cette année de nouveaux cartables, ni de tabliers neufs. «Ceux de l'année passée sont toujours en bon état. Ils n'ont fait que deux trimestres avec», dit-il. Ry. N.