L'ancien général-major, ancien conseiller du Président sur les questions militaires et actuellement directeur général de l'Institut national d'études de stratégie globale (INESG), Abdelaziz Medjahed, était l'invité hier du Forum des lundis de la Chaîne I de la Radio nationale. Il a eu à développer plusieurs sujets d'actualité. Mais auparavant, il s'est exprimé sur la vocation de l'institution en matière d'études prospectives, les élites d'aujourd'hui, « éclatées et en dessous des attentes » du fait de leur incapacité à mettre à profit la diversité des idées et dans un esprit d'unification productif et traduire les aspirations profondes de la société. Partant de l'idée que l'individu est la base de toute institution et de l'émergence de toute élite, il rappellera, à titre d'exemple, le groupe des 22 qui a été formé par l'OS (Organisation spéciale) au cours de la guerre de Libération. Il regrettera les divisions des élites d'aujourd'hui et leur faiblesse d'autant que leur rôle est déterminant dans le combat d'idée et l'élévation des consciences face aux défis mondiaux. Vigilance, anticipation doivent être de mise, selon l'orateur, qui n'a pas manqué de souligner que l'on est passé aujourd'hui à une nouvelle forme de colonisation par le truchement des médias au cœur des enjeux et d'une grande sensibilité. Il citera, à ce propos, le tollé soulevé en France et aux Etats-Unis par la RT (Télévision russe) pourtant, la seule parmi la multitude de télés de toutes sortes. L'ex-général-major, qui a été interpellé sur la question précise de la sécurité nationale, mettra l'accent sur la nécessité de mettre en place une stratégie de défense de la doctrine de l'Algérie de sécurité. Il rappellera, ainsi, que celle-ci a pour fondement le droit et la justice en pratique déjà depuis Massinissa qui s'était allié aux Romains pour combattre contre les Phéniciens mais contre lesquels il se retournera lorsque ses droits seront bafoués par l'empire. Abdelaziz Medjahed rappellera également le choix de feu Ahmed Ben Bella de quitter New York pour Cuba à l'étonnement de J. F. Kennedy. Même position aussi à l'endroit de l'Indonésie, pourtant amie de l'Algérie, s'agissant du soutien au droit à l'indépendance de Timor. Dans le même esprit, l'orateur rappellera que c'est l'Algérie qui a fait entrer la Palestine à l'ONU et que la première balle tirée pour la libération des territoires palestiniens occupés l'a été par un militant formé en Algérie. La position de soutien aux peuples en lutte se retrouve ainsi vis-à-vis des Sahraouis. Le directeur général de l'INESG reviendra sur le soutien de la France au Maroc du fait que ce pays est toujours soumis au régime du maréchal Lyautey (qui a lui-même dessiné l'actuel drapeau du Maroc) sous le vocable « indépendance dans l'interdépendance ». Mais la France coloniale est toujours là, bien qu'elle ait retiré son chapeau colonial et qu'aujourd'hui elle ne peut que pousser ce pays et ne lui assurer qu'une protection diplomatique, héritage de l'hégémonie française imposée dès 1912 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale sous une forme directe. C'est seulement la forme de cette dépendance qui va changer. Vu l'actualité, le conférencier n'a pas manqué d'être interrogé sur la violation du cessez-le-feu par le Maroc qui le lie au Front Polisario. Pourquoi le Conseil de sécurité ne bouge pas ? C'est entre autres questions qu'imputera l'orateur à l'ordre mondial né de la Seconde Guerre mondiale pour protéger les intérêts des pays membres. Pour preuve, dira-t-il, la France – pays des libertés — qui en est membre, s'oppose à la Minurso dont le rôle est de veiller à la protection du droit des Sahraouis à l'autodétermination. Relancé sur les questions de sécurité, il se contentera d'insister sur le renforcement du Front intérieur et que les partis, toutes sensibilités confondues, doivent se dresser comme un seul homme face aux dangers d'où qu'ils viennent. Il insistera sur la pertinence des domaines réservés du président de la République, en l'occurrence la défense et les affaires étrangères. Cela est le cas dans tous les systèmes au demeurant, soulignera-t-il. L'on notera, toutefois, que l'ancien général-major n'a pas insisté sur la nouvelle situation née de l'agression marocaine à Guerguerat. L'autre question sur laquelle il s'est exprimé est en rapport avec la pandémie de Covid-19. Il relèvera, à ce propos, le paradoxe de ce grand pays, les Etats-Unis, qui enregistrent le plus grand nombre de victimes, et rappelle que Shanghai (Chine) ne connaît aucun cas ! Et à propos de l'élection américaine, pour lui, il ne faut pas attendre de bouleversement de la politique américaine avec Joe Biden. En conclusion de son intervention, au Forum de la Chaîne I, le directeur de l'INESG plaidera pour un état général des lieux pour une évaluation complète des potentialités du pays, en matière de compétences humaines et autre. B. T.