Une année particulière parce que la pandémie de coronavirus a vu basculer l'Algérie dans une autre dimension. En comparaison, 2019 restera dans l'Histoire comme l'année de tous les possibles. Ce qui n'était pas le cas de 2020. Car n'eût été la pandémie de coronavirus et ses conséquences multiples, il est permis de penser que la situation aurait été autre. Le Hirak se serait poursuivi sans doute sous d'autres formes, passant d'une phase de contestation à une phase de propositions, portées par de nouveaux acteurs, acteurs qui ont pris de court une classe politique vieillie et dépassée qui n'est jamais parvenue à se hisser à la hauteur des aspirations populaires et citoyennes. La pandémie de coronavirus aura été donc le fait majeur de cette année 2020. Elle est survenue au plus fort moment d'un Hirak qui retrouvait un regain d'activisme. C'est ainsi qu'à l'appel de ses principaux acteurs, le Hirak décide d'observer une pause sanitaire à compter du 13 mars pour une durée indéterminée. Bien plus, en mettant fin aux marches du vendredi malgré les appels d'El-Magharibia TV, qui les appelait à braver les interdits, les Algériens ont fait montre d'un civisme exceptionnel qui aurait mérité mieux que le durcissement du code pénal voté en plein confinement par un Parlement qui aurait dû être dissous, la poursuite des interpellations et des placements en détention et le verrouillage médiatique qui s'en est suivi. Toujours est-il qu'en raison de cette pandémie, la vie sociale et politique dans ses multiples aspects s'est soudainement ralentie, parfois arrêtée, comme frappée par une sorte de mauvais sort. Confinement, couvre-feu, fermeture des commerces, des cafés et restaurants, des activités sportives et artistiques, des prières du vendredi, des écoles et universités, perturbations des transports terrestres, aériens et maritimes, arrêt du métro, port du masque et autres gestes barrières... rythment, dès lors, le quotidien des Algériens. Le tout, dans une conjoncture d'épuisement des réserves de change, de baisse du prix du baril, de dépréciation du dinar par rapport au dollar et à l'euro, non sans conséquences sur l'économie réelle, les investissements, l'emploi, le renchérissement des importations et, au final, sur le coût de la vie et le panier de la ménagère,... Avec en toile de fond, un environnement régional radicalement changé : aux crises libyennes et sahéliennes avec implication d'acteurs étatiques (Turquie, France, Emirats, Egypte, Russie...) et non étatiques (djihadistes, mercenaires...) s'est ajouté le regain de tension au Sahara Occidental suite au deal entre le Maroc, les USA et Israël, avec, en arrière-plan, la polémique autour du vote du Parlement européen (PE) dont les résolutions n'ont, au fond, qu'un effet d'annonce car la Commission européenne, à savoir les Etats membres, qui est le véritable pouvoir, est libre ou non d'y donner suite surtout en matière de politique étrangère. Autrement dit, elle n'est pas tenue juridiquement de suivre l'avis du PE.(1) L'autre fait majeur de cette année 2020, c'est aussi la maladie du Président Tebboune qui l'a tenu éloigné du pays et des affaires durant plus de deux mois, et le référendum du 1er novembre qui a fait fonction de test de sondage d'opinion à grande échelle, dans un pays où il n'y a pas d'instituts de sondage. Il n'est donc pas impensable de supposer que le pouvoir politique s'est interdit de recourir à toute manipulation des urnes afin d'avoir une idée exacte de l'état de l'opinion publique. Eh bien, en s'abstenant de voter, ils ont été plus de 77% d'Algériens à afficher leur insatisfaction, à montrer qu'ils ne sont pas en dehors du champ politique et que la révision constitutionnelle ne figure pas au rang de leur priorité. Reste à savoir si le Président Tebboune, de retour au pays, va ou non valider un texte approuvé par moins de 15% d'électeurs. Quoi d'autre à ajouter sinon que si la fin de la convalescence du Président Tebboune et son retour aux affaires mettent fin à toutes sortes de spéculations et rumeurs véhiculées durant son absence forcée, il n'en reste pas moins que l'année 2020 qui avait pourtant bien commencé — libération de dizaines de détenus en janvier dernier— se termine sur une note préoccupante. Bonne année à toutes et à tous. H. Z. 1) Les résolutions votées contre l'Egypte, l'Arabie Saoudite, la Chine, le Maroc et autres pays accusés d'atteinte aux droits de l'Homme sont restées sans suite.