Tout semblait se dérouler normalement dans cette élection présidentielle au Niger qui a porté au pouvoir Mohamed Bazoum, élu avec 55,75% des voix devant son concurrent Mahamane Ousmane. Ce dernier est soutenu par Amadou Hamadou, principal opposant, accusé d'être derrière les troubles, aujourd'hui en fuite. En effet, des violences post-électorales ont éclaté ce jeudi faisant au moins deux morts et des destructions matérielles dont des infrastructures publiques. La brusque détérioration de la situation politique interne de ce pays frontalier a très vite suscité la réaction de l'Algérie. Un communiqué du ministère des Affaires étrangères indique : « L'Algérie condamne fermement ces actes de violences et en appelle à l'apaisement, au calme et à la raison. Elle encourage tous les acteurs politiques à respecter les résultats du processus électoral et à recourir aux voies légales et au dialogue pour exprimer leurs doléances .» « L'Algérie exprime son attachement à la préservation de la stabilité de ce pays frère et réitère sa disponibilité à œuvrer, avec les autorités nigériennes, au renforcement des puissants liens de fraternité et de coopération et à la promotion de la stabilité et de la prospérité dans la région», poursuite le communiqué. Pourtant, lors de la première sortie après l'annonce des résultats du vote, qui le donnaient vainqueur, le nouveau Président a affiché sa disponibilité de travailler à rassembler tous les Nigériens et s'est fixé d'importantes priorités dont la lutte contre le terrorisme et le rétablissement de la sécurité dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres au monde. Fair-play, il n'a pas manqué de féliciter son adversaire, Mahamane Ousmane, pour « le score remarquable qu'il a réalisé ». Des personnes sont mortes lors des troubles qui ont suivi l'annonce mardi par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) des résultats de la présidentielle donnant vainqueur Mohamed Bazoum. Jeudi, le ministre de l'Intérieur, Alkache Alhada, a déclaré, à la presse, 468 arrestations y compris certains hommes politiques. Il y a eu également «des dégâts, destructions d'infrastructures, de biens publics et privés», toujours selon le ministre nigérien de l'Intérieur. Il a accusé le principal opposant nigérien Amadou Hamadou, soutien du candidat malheureux du second tour, Mahamane Ousmane. «Le principal responsable (Amadou Hama) est recherché et comme d'habitude, il est en fuite, mais on le trouvera», a affirmé le ministre. La Commission électorale nationale indépendante a proclamé mardi la victoire du candidat du pouvoir Mohamed Bazoum avec 55,7% des voix face à celui de l'opposition Mahamane Ousmane, qui a contesté ces résultats et s'est proclamé vainqueur avec 50,3%. Mohamed Bazoum n'avait pourtant pas manqué de saluer les leaders des partis qui lui ont apporté leur soutien et qui ont facilité sa victoire. «Je leur serai loyal et ce sera dans la loyauté commune vis-à-vis de notre pays que nous travaillerons ensemble pour assurer son progrès ainsi que la prospérité des populations», conclut celui qui ne sera plus le président du PNDS Tarayya pour les 5 ans à venir. Démarche d'apaisement dans une politique de la main tendue, le Président élu aura été surpris par le dérapage post-électoral encouragé par ses rivaux. Brahim Taouchichet