Les premiers résultats donnent le dauphin du président sortant élu avec une majorité confortable, alors que l'opposition les rejette et dénonce un hold-up. Le Niger a élu Mohamed Bazoum, 61 ans, nouveau président avec 55,75% des voix, face à son adversaire Mahamane Ousmane (44,25%), selon les résultats provisoires annoncés par la Céni, marquant ainsi une première démocratique dans un pays frappé par de multiples crises : sécuritaire, pauvreté et corruption. Le candidat du Parti pour la démocratie et le socialisme (PNDS), Mohamed Bazoum, a recueilli 2 501 459 voix contre 1 985 736 à Ousmane, sur un total de 7,4 millions d'électeurs appelés à voter. C'est une élection sans surprise donc, pour le nouveau président du Niger, qui était parti favori dès le premier tour du 27 décembre 2020, en récoltant 39,3% des suffrages contre presque 17% à Mahamane Ousmane. Cependant, la victoire de l'ancien ministre de l'Intérieur Mohamed Bazoum, contestée par son rival Mahamane Ousmane, doit encore être validée par la cour constitutionnelle. Elle fait suite à un jeu d'alliances qui a tourné à l'avantage de cet ancien ministre de l'Intérieur. Ce dernier, qui organisé un grand meeting le 14 février à Zinder, a vu se rallier derrière lui Seini Oumarou et Albadé Abouba, respectivement arrivés en troisième et quatrième positions du premier tour. Son rival Mahamane Ousmane, qui espérait déjouer les pronostics et les mathématiques électorales, sans succès, s'est assuré le soutien du patron officieux des anti-Bazoum, Ibrahim Yacouba, cinquième du premier tour, et de l'ancien putschiste Salou Djibo, a travaillé à rassembler l'opposition, tout en espérant que les ralliements à son adversaire ne fonctionneraient pas à plein. Logiquement, son parti, le PNDS, se taillera la part du lion dans la future équipe gouvernementale. D'après des médias, le nom du prochain Premier ministre devrait être annoncé le 4 avril prochain, jour de l'investiture du nouveau chef de l'Etat. La liste complète des ministres devrait quant à elle être connue le lendemain, 5 avril. Né en 1960 à Bilabrine dans la région de Diffa (sud-est), Mohamed Bazoum est issu de la tribu arabe Ouled Sliman. Il est un acteur clé de la vie politique au Niger depuis trente ans, et est l'un des fondateurs du PNDS, une formation affiliée à l'Internationale socialiste qu'il préside aujourd'hui. Cet excellent orateur a fait ses premiers pas en politique au sein du Syndicat national des enseignants du Niger, puis de l'Union des syndicats des travailleurs du Niger (USTN), dont il devint le coordonnateur régional à Maradi (ville nigérienne) et qu'il représenta à la Conférence nationale de 1991 qui a permis de faire entrer le pays dans une ère de pluralisme. Cinq fois député de Tesker (au nord-est de Zinder), ministre des Affaires étrangères puis de l'Intérieur. Depuis 1993, date du premier scrutin présidentiel pluraliste dans ce pays, l'élection du chef de l'Etat au Niger s'est toujours jouée en deux tours. En effet, c'est la première fois dans l'histoire du Niger qu'un président élu succédera à un autre président élu. Le pays a déjà vécu quatre coups d'Etat réussis (1974, 1995, 1999 et 2010) et plusieurs tentatives échouées. Fidèle au président sortant Mahamadou Issoufou, Mohamed Bazoum, proclamé mardi vainqueur de la présidentielle au Niger, va lui succéder et assurer la "continuité" à la tête d'un pays confronté à d'innombrables défis, notamment le défi de juguler les attaques terroristes qui ont fait des centaines de morts depuis 2010, et fait fuir de leurs foyers environ 500 000 personnes, selon l'ONU. Il aura fort à faire également pour convaincre l'opposition qui accusait son prédécesseur d'avoir sacrifié l'éducation, la santé et la lutte contre la corruption au profit d'une sécurité relative et surtout pour diriger un pays parmi les plus pauvres du monde. En revanche, le président du Niger bénéficiera d'un atout non négligeable. "Avec le début prévu des exportations de pétrole en 2022 et le maintien de la vigueur de l'investissement, à moyen terme, la croissance devrait être de 9% en moyenne", a conclu le FMI lors d'une mission virtuelle en septembre 2020. Selon le FMI, dès 2021, l'économie devrait atteindre 6,9% de croissance, malgré les contrecoups de la pandémie de Covid-19.