Il ne manquait que cette nouvelle affaire de racisme pour que le football algérien, déjà mal considéré à l'échelle continentale, soit dévalorisé. A Béchar, où s'est joué le match JSS-NCM comptant pour la 24e levée du Championnat de Ligue 1, de tels propos sont bannis. La population de la région du Grand Sud étant elle-même composée d'une grande majorité de Noirs et raisonnablement «un chameau ne peut rire de la bosse de son égo», comme le raconte la légende. Mais, dimanche soir, un joueur du NC Magra, le Nigérien Soumana, a entendu quelques mots aigres doux qui ont écorché sa sensibilité et l'ont mis hors de contrôle. L'ancien attaquant du CR Belouizdad quittera le stade du 20-Août-1955 de Béchar en colère et en pleurs. A ras-bord mentalement, il s'exprimera finalement sur son compte personnel dans les réseaux sociaux pour faire part de son état d'âme. Répréhensibles à plus d'un titre, les propos balancés par certains excités présents (volontairement ?) au stade malgré l'interdit du huis clos qui ont voulu déverser leur colère de voir leur équipe souffrir face aux joueurs de l'entraîneur Aziz Abbès sur l'attaquant nigérien du NCM. Hier, les membres du BF ont ouvert les travaux sur cette affaire. Et le président de la FAF, M. Amara qui avait Soumana sur sa coupe quand il dirigeait le CRB, n'a pas manqué de provoquer une levée de boucliers. Dénonçant les comportements racistes et rappelant les principes qui guident le football et sa pratique, le patron de la FAF a promis des sanctions. «Ancien premier dirigeant du CRB et actuel président de la FAF, je suis profondément indigné par ce nouveau fait raciste, survenu dans l'un de nos stades, et je le condamne de manière claire et avec une extrême vigueur. Ancien joueur du CR Belouizdad puis du NC Magra, Soumana a pratiquement sillonné tous les stades d'Algérie, dans lesquels il a rencontré de belles personnes, qui lui ont témoigné amour et soutien à chaque fois. Mais cette nouvelle expression de l'abomination raciste autour d'une aire de jeu est une manifestation ségrégationniste de trop, car, comme le dit Boubacar Haïnikoye Soumana, qui est un exemple d'éducation et de sérieux par excellence. «Le racisme n'a pas sa place dans le football algérien», lit-on dans le communiqué de la FAF qui, doit-on l'écrire, reflète la pensée de Charafeddine Amara, le président de la FAF, mais aussi l'ancien boss du Chabab. Et cette seconde qualité que les gars de la JS Saoura ont tenu à dénoncer dans leur riposte à cette «attaque». Depuis Béchar, la réaction de Mohamed Zerouati se fera entendre. Dans les journaux télévisés des chaînes privées ou sur le site officiel du club sur Facebook, le président de la JSS dénoncera ce qu'il considère comme une cabale et fait rappeler que son club n'a de cesse de connaître de telles attaques depuis qu'il fréquente la scène sportive (sections de football et de handball) sans que cela scandalise grand-monde. Zerouati assurera, auparavant, que l'instigateur est Aziz Abbès, le coach de Magra, qui poussera son attaquant nigérien à perdre du temps puis à faire la «victime» de propos racistes «inexistants». Et que, surtout, Béchar et sa région est subsaharienne où cohabitent Noirs et Blancs. Qui croire sinon personne ? Dans cette affaire qui jette l'opprobre sur notre sport-roi déjà envenimé par tant de scandales, «l'affaire Soumana» sera lourde à supporter. Surtout si les instances internationales se mettent à fourrer leur nez dans les «alertes» qui leur parviennent d'Algérie. L'heure est si grave que ceux qui promettaient l'enfer à Charafeddine Amara sont déjà remontés sur leurs chevaux ! M. B.