La circulation du virus Sars-Cov2 s'est intensifiée au niveau de toutes les régions et dans la quasi-majorité des wilayas. Tous les indicateurs sont à la hausse, ce qui implique «une situation épidémiologique non seulement préoccupante mais dramatique au niveau mondial, car l'épidémie s'aggrave avec l'apparition des nouveaux variants», selon le Pr Djamel-Eddine Nibouche, chef de service cardiologie de l'hôpital Nafissa-Hamoud, ex-Parnet, à Alger. Invité de la rédaction de la Chaîne 3 hier, le Pr Djamel-Eddine Nibouche estime qu'il faut mettre en urgence une nouvelle stratégie de gestion de la crise sanitaire. «La politique de gestion de la crise sanitaire n'implique pas uniquement le ministère de la Santé qui fait tout ce qui est dans ses possibilités pour gérer la crise, mais elle implique beaucoup d'autres structures de l'Etat.» Les hospitalisations au sein des services de réanimation tendent à l'augmentation et l'on enregistre un rebond significatif des infections liées notamment au variant Delta. Il faut réexaminer l'efficacité des différents schémas vaccinaux sur ce variant en ce qui concerne la survenue de formes symptomatiques, sévères, ou asymptomatiques (donc l'effet sur la transmission). Le Pr Nibouche a expliqué que «lorsqu'on analyse la maladie, on voit qu'elle est périodique, avec des phases d'accalmie où il y a un fond de contaminations et puis, d'un seul coup, la contamination devient importante» donc, «il faut se préparer à ces nouvelles phases de hausse des contaminations». Pour lui, les hôpitaux sont inadaptés à la prise en charge du coronavirus et de ses variants. «Nos structures actuelles, surtout dans les grandes villes, ne sont pas adaptées pour une prise en charge adéquate du Covid et d'un nombre aussi important de patients qui présentent des problèmes respiratoires.» Face à un nombre de contaminations qui repart rapidement à la hausse, notamment du fait de l'émergence de nouveaux variants plus contagieux et en particulier le variant Delta, le chef de service de cardiologie de l'hôpital Nafissa-Hamoud estime que la seule solution envisagée doit passer par la réalisation de nouvelles structures dédiées à la prise en charge de la Covid-19. «Il faut créer des structures légères spécifiques, adaptées à la prise en charge réelle de la maladie. Ces structures peuvent être montées en une quinzaine de jours, clés en main, avec un générateur d'oxygène autonome, elles existent en Chine, aux Etats-Unis et en Europe.» Et d'insister : «Ces structures légères doivent être réalisées très rapidement» pour pouvoir ensuite libérer tous les hôpitaux des grandes villes car n'oublions pas qu'il y a d'autres maladies graves à prendre en charge également. Abordant le problème récurrent et épineux de la disponibilité de l'oxygène, le Pr Nibouche a souligné que «la gestion de l'oxygène est archaïque parce qu'il n'y a pas de sociétés de prestation de services qui sont des professionnels de l'oxygène». Selon ses explications, le directeur d'un hôpital ou d'un CHU n'a pas à gérer l'oxygène médical «il fait appel à un prestataire de service», explique-t-il, et c'est pour cette raison que le Pr Nibouche recommande de « passer au générateur d'oxygène pour garantir l'autonomie des hôpitaux». Il est à préciser que depuis plusieurs jours, c'est la ruée vers l'oxygène médical, ce qui a induit à une situation de pénurie accentuée au niveau de plusieurs régions du pays. Pour ce qui est de la cohabitation avec ce virus, le professeur avoue : «Maintenant c'est fini, la maladie s'est installée et elle ne va pas disparaître.» Il faut mettre en place une nouvelle stratégie de prise en charge du Covid-19 qui consiste à former les médecins généralistes à cet effet. «Il doit y avoir une formation spécifique, avec un certificat, pour les médecins généralistes qui doivent être au premier plan dans ces structures dédiées», préconise le Pr Nibouche, qui saisit l'occasion pour lancer un appel aux structures de santé privées à s'impliquer de manière plus efficace dans la lutte contre ce maudit virus. Ilhem Tir