Après son report le 30 août dernier, puis le 20 septembre, le procès de l'ancienne ministre des TIC Imane Houda Feraoun, poursuivie pour des chefs d'accusation liés à la corruption dont la dilapidation de deniers publics, l'octroi d'indus privilèges et l'abus de fonction, doit s'ouvrir demain devant le tribunal de Sidi-M'hamed. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - En détention depuis le 8 décembre 2020 à l'établissement pénitentiaire de Koléa (Tipasa), Houda Feraoun est poursuivie pour infraction à la législation, octroi d'avantages non justifiés à autrui lors de passation de marchés, dilapidation de deniers publics et mauvaise utilisation de la fonction. Protégée parmi les protégés du régime de Bouteflika, elle est poursuivie avec neuf autres anciens hauts cadres des télécommunications lorsqu'elle était en poste et les deux sociétés chinoises, ZTE Algérie Eurl et Huawei Télécom Algérie. De lourdes charges pèsent également sur ces entreprises. Elles seront jugées pour obtention d'avantages délivrés par une autorité, exercices d'influence sur des fonctionnaires publics en vue d'obtenir des avantages dont la révision des délais de finition de projets et participation à la dilapidation de deniers publics. L'ancienne ministre de la Poste est impliquée dans plusieurs dossiers, dont le projet d'un million de lignes internet haut débit ayant causé au Trésor public une perte de plus de 73 millions USD, en sus du dossier d'octroi d'indus avantages à la société Mobilink appartenant aux frères Kouninef, poursuivis également dans des affaires de corruption. Le projet Mobilink a coûté au Trésor public des pertes de l'ordre de 30 millions USD. Pour les deux sociétés chinoises, ZTE Algérie Eurl et Huawei Télécom Algérie, l'affaire remonte à 2016. Durant cette année, Huawei et ZTE ont bénéficié d'importants marchés par lesquels l'Algérie visait à obtenir l'amélioration du débit internet et de la couverture du net à travers le pays. L'ambitieux projet vise à connecter 85% des foyers algériens. 250 000 utilisateurs devaient être raccordés à la fibre optique internet à haut débit et la mise en exploitation de près de deux millions de lignes FTTH-FTTX à travers cinq wilayas, Alger, Oran, Constantine, Tizi-Ouzou, Ouargla, et prolonger le raccord avec 66 zones industrielles. Ce projet n'a cependant été réalisé qu'à 19% (199 000 lignes) avec le partenaire Huawei et 11% (110 238 lignes) avec la société chinoise ZTE. Un budget de 73 millions de dollars avait été alloué uniquement pour l'installation d'un million de lignes. Les résultats de l'enquête menée autour du dossier concluent à l'existence de nombreux dépassements et évoquent l'existence de « preuves et documents irréfutables » mettant en cause l'ancienne ministre des Télécommunications. Des détails seront certainement révélés durant le procès qui s'ouvre demain. K. A.