Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) poursuit son déclin et occupe la sixièlme place aux élections locales, loin derrière de nouveaux partis comme le Front El Moustakbal et le mouvement non moins islamiste El Binaa. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les dernières élections législatives du 12 juin et locales du 27 novembre 2021 ont permis le retour en force des deux éternels partis du pouvoir, le FLN et le RND. Elles ont également révélé l'émergence de deux nouvelles formations politiques, en plus des indépendants. Il s'agit du Front El Moustakbal de Abdelaziz Belaïd et du mouvement islamiste El Binaa de Abdelkader Bengrina. Dans ce sillage, il y a un seul grand perdant : le Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui se réclame pourtant du très puissant mouvement populaire qui, en 2019 et 2020, avait ébranlé les bases du système, imposant la fin du pouvoir de Bouteflika après 20 ans de règne, menant ses principaux hommes à la prison pour des affaires de corruption. Si le FLN et le RND sont les grands rescapés de cette révolte populaire, en occupant toujours les deux premières places des scrutins avec des taux de participation très bas, ce n'est pas le cas du MSP qui, pendant plus de dix ans, a accompagné et cautionné toutes les dérives du régime de Bouteflika, dans le cadre de l'Alliance présidentielle avec le FLN et le RND. Ce parti islamiste est en véritable déclin. Et pour cause ! Lors des dernières élections locales du 27 novembre, il est classé en cinquième position, loin derrière les indépendants, le Front El Moustakbal et le Mouvement El Binaa qui ont moins de dix ans d'existence. En effet, le FLN est arrivé en tête avec 5 978 sièges au niveau des APC, suivi du RND avec 4 584 sièges et les indépendants arrivent en troisième position avec 4 430 sièges. Viennent ensuite le Front El Mostakbal qui a pu obtenir 3 262 sièges et le Mouvement El Binaa avec 1 884 sièges. Le MSP arrive en sixième position avec 1 820 sièges. Avec un tel classement, le parti qui se dit le leader de la mouvance islamiste en Algérie n'a pas de quoi tirer une quelconque fierté. Il n'a dépassé, en matière de nombre d'élus, que les petits partis qui n'ont aucune base militante comme Jil Jadid, le FAN, El Infitah et le TAJ. Il a aussi dépassé le FFS qui est un parti connu pour son confinement en Kabylie. Et pourtant ! Malgré ce résultat et ce déclin, les dirigeants du parti se disent satisfaits des résultats et affichent une progression ! En effet, lors de sa dernière réunion après l'annonce des résultats provisoires, le bureau exécutif du MSP a salué « une progression des résultats des élections locales, par rapport aux étapes précédentes et conformément aux objectifs fixés par les institutions du mouvement ». Le parti dit avoir enregistré une avancée dans le nombre des APC et APW où il a remporté la majorité et une progression dans le nombre des élus au sein des assemblées locales. Le parti a signalé également la réussite dans certaines wilayas « symboliques » ayant un poids politique et populaire, avec des majorités remportées au niveau de quelques chefs-lieux. Le MSP ne précise pas de quelles wilayas il s'agit mais tout porte à croire qu'il s'agit de la Kabylie où il a remporté plusieurs sièges. Cependant, le déclin de la mouvance à laquelle appartient le MSP ne concerne pas seulement ce parti. La formation de Abdellah Djaballah, le FJD, a reçu une véritable raclée qui pourrait signer la fin politique d'un homme qui voulait s'octroyer un destin national. Il en est de même pour les mouvements El Islah et Ennahda qui y ont laissé des plumes à l'issue du scrutin du 27 novembre, avec un nombre de sièges insignifiants. K. A.