�A mon �ge, je suis pouss� � faire le r�volt� dans la rue !�, affirme tristement Allik, la soixantaine bien entam�e et cadre dirigeant dans une entreprise �tatique de production de mat�riaux de construction. Il faut dire que la majorit� de ceux qui ont rejoint, ce jeudi matin, un sit-in devant l�entr�e de la wilaya de Boumerd�s sont p�res ou m�res de famille. Grand nombre d�entre-eux sont m�me grands-p�res et grand-sm�res. Certains continuent � enseigner � l�universit� de Boumerd�s, d�autres sont cadres dirigeants dans des entreprises publiques. Leur action de protestation faisait suite � celle organis�e quelques jours auparavant par leurs enfants et leurs petits-enfants. Ces derniers avaient envahi la wilaya de Boumerd�s et demand� audience au wali pour lui exposer leurs dol�ances. L�un de ces jeunes nous a affirm� que lui et ses amis ont �t� �conduits par les responsables subalternes du premier responsable de l�ex-Rochernoir. Dans cet �pineux dossier, nous avons le souvenir de quelques boutades �chang�es en 2005 et 2006 avec certains parmi ces �r�volt�s�. Nous les taquinions lorsqu�ils sortaient dans la rue pour exiger leur logement en leur disant que nous allions transcrire leurs noms dans nos articles r�v�lant, par ailleurs, que ce sont eux �les �mirs� de ces r�voltes et qu�ils transportent des pierres et des pneus dans les malles de leurs v�hicules. Malheureusement, en 2011, la plaisanterie a trop dur� pour eux. Elle laisse un sentiment de col�re et de frustration. Ils continuent � d�verser leur col�re dans la rue. �Nous sommes cas�s dans des chalets transform�s en bidonville et nous vivons dans des conditions d�plorables depuis 2004�, nous dira une dame de troisi�me �ge. En effet, ce que les policiers surveillaient ce jeudi, sont des sinistr�s de la cit� Ibn-Khaldoun (ex-1 200 logements) de la ville de Boumerd�s. Avant 2003, c��tait pour les initi�s, un quartier hupp� que le s�isme de 2003 a ravag�. Plus de 600 morts y ont �t� enregistr�s. Cet ensemble d�habitations a �t� �rig�, rappelons- le, dans les ann�es 1960 en vue de loger les chercheurs activant dans le laboratoire des entreprises publiques (Sonatrach, SNMC, Sonarem, SNTA, SNIC) et des enseignants de l�ex-CAH (Centre africain des hydrocarbures) devenu INH, lequel a �t� vers� par la suite � l�actuelle universit� M�hamed- Bougara, Il est vrai que l�Etat a fait des efforts pour la reconstruction de 524 logements de la cit� Ibn-Khaldoun, comme il l�a fait, d�ailleurs, pour tous les sinistr�s victimes du tremblement de terre du 21 mai 2003, mais huit ans apr�s, ceux qui manifestaient ce jeudi devant le si�ge de la wilaya attendent toujours la livraison de leur logement. Ces derniers nous affirment, en outre, qu�ils sont en possession de contrats sign�s avec l�OPGI, agissant en qualit� de ma�tre de l�ouvrage d�l�gu�, tout en indiquant que la remise des habitations devait s�effectuer en 2007. Il y a lieu de rappeler que lorsque des groupes de sinistr�s avaient choisi, en 2003, la formule d�aide � la reconstruction du logement d�truit par le tremblement de terre, l�Etat a consenti � chacun d�eux une aide de 1 million de dinars et a confi� le projet collectif � un ma�tre de l�ouvrage d�l�gu�. C�est le cas de l�OPGI de Boumerd�s pour la reconstruction de la cit� Ibn-Khaldoun. Les anciens habitants des �1 200 logements� d�noncent l�arr�t des travaux et pensent qu�ils ne sont pas au bout de leur peine, d�autant plus que, selon eux, la r�alisation des b�timents n�est qu�� 60%. �J�ai vers� 230 000 DA, j�ai contract� un emprunt bancaire pour 500 000 DA, l�Etat m�a accord� une subvention d�un million de dinars pour un F3. J�ai donc tout pay� mais je ne suis pas pr�t d�occuper mon logement � cause des tergiversations des institutions de l�Etat�, dira avec d�pit l�un d�eux. En 2013, c'est-�-dire au dixi�me anniversaire de la terrible nuit du 21 mai 2003, ces sinistr�s ou du moins ceux qui sont dans un r�el besoin urgent auront-ils leurs logements ?