N'ayons pas peur de le redire : la s�rie Mozart de Claus Guth est une r�ussite historique, sans doute pas vue depuis les mises en sc�ne de Jean-Pierre Ponnelle dans les ann�es 1970. Par leur inventivit�, leur pr�cision, leur beaut�, les perceptives qu'ils ouvrent au spectateur, ces spectacles hors du commun auront marqu� durablement le Festival de Salzbourg � et ce faisant, l'imaginaire mozartien contemporain. Pour la premi�re fois, cette �dition 2011 du plus grand festival lyrique du monde proposait les trois productions en alternance � la Haus f�r Mozart. Cette merveilleuse aventure, il faut le rappeler, avait d�but� l� en 2006 pour l'ann�e Mozart, avec des Noces de Figaro comme revues par Ingmar Bergman. Elle s'�tait poursuivie avec un Don Giovanni tout aussi �blouissant, et s'�tait termin�e en 2009 avec un Cosi fan tutte un rien moins r�ussi. Outre le plaisir de voir les diff�rents chanteurs passer d'une production � une autre (Findley, exconte des Noces reprend le r�le de Don Giovanni pr�c�demment confi� � Maltman... que l'on retrouve en Guglielmo dans Cosi), d'en retrouver d'autres fid�les � leur personnage (la merveilleuse Dorothea R�schmann en Donna Elvira), cr�ant ainsi un v�ritable esprit de troupe, ces diff�rentes reprises sont l'occasion de voir la mani�re avec laquelle Claus Guth a, ann�e apr�s ann�e, affin� des d�tails et adapt� ses mises en sc�ne au cast de chaque repr�sentation. Ainsi, l'arriv�e de Gerald Findley dans la distribution s'est accompagn�e d'une �volution du personnage de Don Giovanni : violent jusqu'au cynisme avec Maltman, il a gagn� en humanit�. Ses rapports avec les autres protagonistes s'en trouvent l�g�rement modifi�s et tournent d�sormais � la compassion. L� un geste plus doux, l� un regard suffisent � nous le faire comprendre. Ces petits changements en d�tail permettent � la mise en sc�ne de garder son �lan vital et une v�rit� stup�fiante. Mais pour Cosi fan tutte, Guth est all� plus loin : il a revu enti�rement son travail, n'en gardant que le principe (Don Alfonso est un d�mon manipulant son monde et tirant toutes les ficelles de l'histoire). Ce faisant, il a pu accentuer les r�f�rences symboliques � ses propres mises en sc�ne des Noces et de Don Giovanni. Ainsi Cosi (L'�cole des amants) d�bute presque innocemment � la mani�re de Beaumarchais, mais voit son d�cor peu � peu envahi par la sombre for�t o� se d�roule Don Giovanni. Resserr�e, la mise en sc�ne gagne en coh�rence et en intensit�. Un travail de ma�tre, que d'autres sc�nes s'honoreraient en le proposant � l�affiche.