C�est incontestablement une avanc�e que le communiqu� du pr�sident Fran�ois Hollande sur les massacres du 17 Octobre 1961. Jusque-l� et donc apr�s plus d�un demi-si�cle de d�roulement de ces massacres, les diff�rents pouvoirs qui se sont succ�d� en France � de droite mais aussi de gauche � ont tour � tour pratiqu� l�omerta sur cette journ�e de crimes comme sur tous les autres crimes perp�tr�s par le syst�me colonial d�alors. Acte sans doute courageux du chef de l�Etat fran�ais actuel qui a fait monter au cr�neau les nostalgiques de l�Alg�rie fran�aise � ce qui �tait �videmment attendu � mais communiqu� dont la forme et le contenu tr�s subtilement r�dig�s posent quelques interrogations. D�cryptage. Il faut revenir au contenu complet du communiqu� du pr�sident fran�ais �mis mercredi 17 octobre 2012 pour en mesurer la port�e et en d�celer les manques. Textuellement, il y est dit : �Le 17 octobre 1961, des Alg�riens qui manifestaient pour le droit � l'ind�pendance ont �t� tu�s lors d'une sanglante r�pression. La R�publique reconna�t avec lucidit� ces faits. Cinquante et un ans apr�s cette trag�die, je rends hommage � la m�moire des victimes.� C�est l� tout le contenu de ce communiqu� pour le moins lapidaire � 44 mots � mais dont la densit� ne souffre d�aucun doute. Le socle du texte se trouve dans la �R�publique reconna�t avec lucidit� ces faits�. La reconnaissance est bien l�, elle est express�ment pos�e et elle �mane de la R�publique au nom de laquelle Fran�ois Hollande s�exprime. Il n�y a, ce faisant, aucune �quivoque, m�me si en r�action au communiqu� de Hollande, le pr�sident du groupe UMP � l�Assembl�e nationale, Christian Jacob, s�est fendu d�un communiqu� indign� o� il demande, entre autres, au pr�sident de la R�publique de �pr�ciser si son simple et tr�s court communiqu� vaut reconnaissance de la responsabilit� de la France�. La r�ponse � la question du d�put� est non seulement dans le communiqu� lui-m�me de Hollande mais aussi dans le classement de ce communiqu� dans la rubrique �Etat et Institutions � du site officiel de l�Elys�e. L� o� il pourrait y avoir �quivoque, c�est bien dans le terme de �lucidit�. La lucidit� dont parle Fran�ois Hollande et �voqu�e plus t�t cette m�me journ�e de mercredi dernier par Bertrand Delano� lors de la c�r�monie de comm�moration sur le pont Saint Michel, fait penser d�abord que ce communiqu�, tr�s subtil et aux mots tr�s pes�s, n�est pas le fait de Hollande seul, mais que son contenu a �t� examin�, tritur� puis adopt� par ceux qui ont encourag� � cette reconnaissance officielle dont Delano� qui y travaille depuis des ann�es. Quant au fond, l�emploi du terme lucidit� est l� pour convaincre certainement les Fran�ais que cette d�marche de reconnaissance est l�aboutissement r�fl�chi, clairvoyant et non un acte conjoncturel, opportuniste que certains ont li� � la prochaine visite en Alg�rie du pr�sident Hollande, traitant la position de ce dernier �d�opportuniste �. Autre �l�ment marquant une v�ritable rupture avec la position de tous les gouvernements ant�rieurs � celui de Hollande est, bien �videmment, la qualification de la trag�die du 17 Octobre 1961 de �sanglante r�pression� : c�est bien la premi�re fois que ce qui s�est pass� est qualifi� de sanglant et que l�on rajoute �r�pression�, autrement dit des actes sanglants commis par une autorit� de l�Etat sur les manifestants pacifiques alg�riens, reconnus et qualifi�s enfin dans le communiqu� de �victimes�. Toutefois, et � aucun moment, cette reconnaissance n�est replac�e dans son contexte de l��poque, � savoir une r�pression coloniale exerc�e non seulement en Alg�rie occup�e et dans d�autres pays, mais aussi dans l�Hexagone. A aucun moment aussi, le communiqu� n��voque des excuses de l�Etat, seul �un hommage� est signifi� pour les victimes, comme il n��voque pas non plus le nombre de victimes, dont la version officielle fran�aise a toujours pr�sent� jusque-l� leur nombre � trois. Cependant, il faut bien reconna�tre et insister sur le fait que c�est la premi�re fois que la plus haute autorit� de l�Etat fran�ais reconna�t la responsabilit� de la France dans le massacres d�Alg�riens demandant leur ind�pendance, une exigence implicitement pr�sent�e dans le communiqu� comme l�gitime. Cette reconnaissance est-elle suffisante ? Certainement pas, mais elle constitue sans aucun doute un grand pas qui devra �tre suivi par d�autres avanc�es sur ce que fut le r�gime colonial fran�ais et ses m�faits. Pour l�instant, force est de constater que cette reconnaissance � quelques semaines de la visite d�Etat de Hollande en Alg�rie est une co�ncidence bien heureuse qui va d�tendre l�atmosph�re des rencontres entre les deux parties, qui ne vont pas aller sans difficult�s eu �gard notamment au lourd diff�rend qui oppose les deux parties sur le Mali � quoi qu�en disent Manuel Valls et toutes les autorit�s qui l�ont re�u � Alger � et sur d�autres dossiers toujours sensibles comme l�accord bilat�ral de 1968.