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SYST�ME ET BUREAUCRATIE
Comment un monstre en couve un autre
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 12 - 2012


Par Kamel Khelifa
L�absence de d�mocratie v�ritable, de libert�s individuelles r�elles et l�inexistence de projets de soci�t� librement choisis par la collectivit� nationale sont du pain b�ni pour le syst�me et la bureaucratie (son puissant serviteur) et leur corollaire la corruption, les passe-droits, l�arbitraire, la pr�dation du pays dans l�impunit� quasi totale.
Qu�est-ce que le syst�me ?
Pr�cisons tout d�abord qu�il existe en th�orie une multitude de syst�mes, form�s g�n�ralement de structures, lesquelles sont constitu�es d�un certain nombre d��l�ments de m�me esp�ce, r�unis de mani�re combin�e pour former un ensemble tendant vers un objectif de fonctionnement : le syst�me scolaire, le syst�me d�cimal, le syst�me d��quation, le syst�me de gestion de donn�es informatiques, le syst�me sanitaire, etc. Le syst�me politique est une foule de cercles concentriques, semblables � une multitude de plan�tes, fonctionnant par et pour elles-m�mes. A la diff�rence des plan�tes qui gravitent autour d'elles-m�mes, selon une logique implacable de la gravitation, les cercles concentriques humains fonctionnent suivant une logique circonstancielle de temps, de lieux, de clans, de personnages en pr�sence, etc., conditionn�s par les milieux et les r�alit�s sociologiques, historiques, g�ographiques, etc., o� lesdits cercles �voluent. En mati�re politique, le syst�me n�est pas une doctrine. Il constitue un ensemble de principes implicites, occultes, non formalis�s dans un corpus, mais contenu virtuellement dans les comportements et la conduite de certains d�cideurs et de membres du corps social lui servant de relais. Ainsi usent-ils d�un ensemble de codes, de m�thodes, de proc�d�s, etc., d�finis par des relations exclusives d�int�r�ts solidaires, � l�effet de produire un r�sultat utile � eux-m�mes dans des sph�res et cr�neaux o� pouvoir, argent, sexe, privil�ges, avantages, etc., s�entrem�lent, s�enchev�trent de fa�on implicite. Le syst�me mafieux, par exemple, fonctionne diff�remment du syst�me politique. Chez la maffia, m�me si les membres sont certes cach�s, le but de cette organisation ob�it � une convention explicite, c�est-�-dire �nonc�e formellement, selon des principes avou�s et coordonn�s dans une convention tacite, en l'esp�ce le code de l�honneur : celui-ci n�est pas formellement �crit mais il est sous-entendu et globalement respect�.
Conditions et mode de fonctionnement du syst�me
Comme nous l�avons d�j� soulign� dans de pr�c�dents �crits, en politique, lorsque le r�gime n�est pas v�ritablement d�mocratique il s�apparente � certains �gards au syst�me mafieux, avec des caract�res autocratiques, cryptocratiques, cleptocratiques et il sert en g�n�ral des types de gouvernement monarchique absolu ou des r�publiques autocratiques, anim�es par des oligarchies g�n�ralement compradores, en l�absence de contrepouvoirs. Gr�ce � ce qu�il est convenu d�appeler �Le printemps arabe en Tunisie�, la nouvelle direction politique tunisienne issue du changement de r�gime a mis � jour les tr�sors cach�s de la famille Ben Ali, dans une exposition-vente de voitures de luxe, bijoux rares avec des lions en or massif, stylos sertis de diamants, coffres-forts blind�s de devises, etc.). En l�absence d�alternance, jamais le peuple tunisien n�aurait d�couvert les richesses occultes (partie visible de l�iceberg) de son pr�sident, dont la fortune personnelle et celle de sa belle-famille, les Trabelsi, sont �valu�es, selon les estimations fournies par Forbes, The Guardianet autres sites �lectroniques, � plus de 5 milliards USD, ce qui est consid�rable pour un pays sans richesse naturelle comme la Tunisie. C�est ce que j�ai appel� le Macc (maffieux, autocratique, cryptocratique et cleptocratique), syst�me qui peut donner cette possibilit� de dissimulation inimaginable dans un Etat de droit... Le syst�me est au service exclusif des hommes qui l�incarnent pendant un temps et sur le moment, mais sa composante humaine peut se d�multiplier � l�infini dans un sens horizontal ou vertical. Il est fond� sur l�exclusion de toutes les forces contraires, fussent-elles instaur�es pour le bien de tous, comme par exemple la soci�t� civile qui pourrait, si elle est forte et bien structur�e, menacer son existence, raison pour laquelle le Macc ne peut s�accommoder de sa pr�sence ni de ses manifestations, savamment neutralis�es par des rapports de force dont la bureaucratie en est un puissant instrument. Dans ces conditions, le syst�me ne peut �uvrer dans le sens o� va l�histoire. Pis encore, il va � contresens de celle-ci en tentant d�annihiler toutes les forces qui lui sont potentiellement hostiles � travers la censure, l�interdit, les emprisonnements, etc., avec pour corollaires les passe-droits, la corruption, la pr�dation, les pr�bendes, etc. Quel est le r�le de l�homme politique dans un pays o� le syst�me dicte son implacable loi ? Autant dire nul. Il doit composer avec la multitude de forces en pr�sence, � moins d�avoir du courage, une immense volont� et une sacr�e force de caract�re. Le risque est qu�il finisse mal, sans savoir d�o� peut venir le coup, et les exemples d�hommes politiques qui sont pass�s � la trappe de l�histoire ne se comptent pas� Autant dire que le syst�me est au mieux l�antith�se de la morale et au pire, il est l�ignorance de l�histoire dans ce qu�elle a de remarquable : des institutions, des lois et des r�glements respectueux du projet dont une collectivit� tente de se doter � un moment donn� de son existence. Dans un Etat domin� par le syst�me, m�me si les lois existent, elles sont d�tourn�es de leurs finalit�s.La constante dans l�attitude politique de nombre de dirigeants politiques est de discourir et de lancer des formules le plus souvent vides de sens, de contenu et de volont�, quand elles ne cachent pas des arri�re-pens�es malsaines, accompagn�es de lois et r�glements destin�es � avantager certains membres de la soci�t�, partie prenante du Macc, au d�triment des autres, potentiellement oppos�s � lui. En vue de l�usage de la culpabilisation des individus, le syst�me dispose de techniques appropri�es et d�un lexique appr�t� pour cataloguer les �l�ments r�calcitrants � ses avances, de �r�actionnaires�, de �contre-r�volutionnaires� et bien d�autres qualificatifs de �parti de l��tranger�, dont �hezb Fran�a� (parti de la France), en est sans doute le plus courant. Dans notre pays, le syst�me d�veloppe des propensions � envahir, � empoisonner la vie sociale des citoyens par des tracasseries de toute nature et les entreprises �conomiques par des freins bureaucratiques, tant il est vrai que la bureaucratie est une puissante arme de domination de la vie publique entre les mains du syst�me qui ne se reconna�t pas dans les lois de la R�publique. Dans le dernier rapport �Doing Business� de la SFI (Soci�t� financi�re internationale, filiale de la Banque mondiale), en mati�re d�efficience de l�administration, dans les domaines de la fiscalit�, du commerce ext�rieur, de la cr�ation d�entreprises, etc., il est r�v�l� les dommages caus�s au climat des affaires en Alg�rie, � travers un classement o� notre pays occupe une pi�tre position : la 152e sur 171 pays. Le Syst�me ? C�est tout le monde et personne. En 1986, le pr�sident Chadli Bendjedid, irrit� par les rumeurs galopantes sur le syst�me, d�clarait : �A entendre la rumeur, on a l�impression que le syst�me c�est Chadli� mais c�est tout le monde !� Et cet homme d�Etat, fondamentalement anti-syst�me, avait parfaitement raison, puisqu�en Alg�rie, si votre t�te ne revient pas � un bureaucrate, il vous renvoie comme un malpropre. D�ailleurs, Chadli Bendjeddid fut la premi�re victime de certaines structures de ce syst�me qu�il a voulu combattre, en voulant remettre les pendules � l�heure, � travers la mise en �uvre en 1989-90 d�un train de mesures d�mocratiques dont il ne restera aujourd�hui pas grand-chose, en dehors de quelques artifices�
Corruption et syst�me
Le syst�me a une capacit� de nuisance insoup�onn�e et tous ceux qui se sont frott�s � lui, qu'ils fussent chefs d'Etat, chefs de gouvernement, ministres, g�n�raux, l'ont appris � leurs d�pens. Le paradoxe de ce syst�me est cette r�gle simple : �Aujourd'hui tu es roi, demain tu n'es rien.� Au d�but de l'ind�pendance, combien de colonels de l�Arm�e de lib�ration nationale ont �t� �cart�s de la course au pouvoir ? Une arme des plus redoutables et infaillibles les a dissuad�s d�entrer dans la comp�tition : la corruption. En effet, au lendemain de l�ind�pendance, les grands chefs de guerre ont �t� pri�s de d�guerpir, moyennant des pr�ts � fonds perdus. Et ceux qui n�accept�rent pas de l�argent frais (100 � 130 millions de centimes chacun � l��poque) pour laisser faire les nouveaux ma�tres de l�Alg�rie ind�pendante, se sont soit retrouv�s en prison, soit ils ont pris le chemin de l�exil ou bien celui de la tombe� Depuis lors, l�argent r�gne en ma�tre absolu. Si un homme comme Ahmed Ouyahia en arrive � d�clarer en juin 2012, � propos de la �gouvernance� �conomique du pays, que �l�argent commande en Alg�rie �, dans la bouche d�un ancien chef de gouvernement qui a toujours ni� le c�t� sombre de son r�gne, cela veut dire que la situation est catastrophique� En fait, le syst�me dispose de nombreux artifices, � travers en particulier tant d�interdits insens�s, notamment en ayant recours au droit du plus fort et � la manipulation de la loi. Ainsi, arrive-t-il, en l�absence de contrepouvoirs r�els, au verrouillage d�une fa�on g�n�rale de la vie politique, �conomique, soci�tale, culturelle� D�s lors, nous devenons tous des cibles potentielles qu�il pousse � la faute jusqu�� les mettre en difficult�, pour �ventuellement leur faire un sort, selon son bon vouloir, � moins de se tenir � sa merci et en ayant recours au sous-syst�me D, dont la corruption en est la meilleure illustration pour permettre aux individus et entreprises d��voluer�
Origines, �volution du syst�me et ses cons�quences
Le syst�me a commenc� � fonctionner sporadiquement pendant la lutte de Lib�ration nationale, mais il a pris v�ritablement son �lan m�thodique et plus d��paisseur au lendemain de l'ind�pendance. En effet, sous le premier r�gime Ben Bella, avec Houari Boumedi�ne comme copilote, la neutralisation des Alg�riens a d�marr� avec l�endoctrinement de la soci�t�, � travers un discours politique emprunt� au lexique marxiste-l�niniste. On voulait � l��poque faire de l�Alg�rien un �militant� actif au milieu de �masses populaires� dress�es et dociles. D�s lors �tait-il pouss� � croire en une id�ologie �r�volutionnaire� abstraite, confuse et sans issue, situation particuli�rement exacerb�e par la chape de plomb instaur�e sous le r�gime du colonel Houari Boumedi�ne, suite au coup d�Etat du 19 juin 1965, en faisant quelques ann�es apr�s des habitants de l�Alg�rie profonde des �Alg�- RIENS�, selon la formule du journal satirique fran�ais le Canard encha�n�, lanc�e dans les ann�es 1970, pour faire �tat de la navigation � vue d�un mode de gouvernement absolutiste, install� aux gouvernes dans la capitale avec des �Alg�ROIS� nouveaux... Sous le deuxi�me r�gime de Chadli Bendjedid, le statut de l�Alg�rien a l�g�rement �volu� avec l�acc�s � la dignit� th�orique de citoyen, mais sans les droits et avantages constitutionnels attach�s � cette nouvelle dimension th�orique � donc sans attribut politique � d�s lors que ce droit constitutionnel (th�orique) est formul� dans la continuit� du m�me syst�me intangible, immuable, inalt�rable et inchangeable depuis l�ind�pendance... Las de toutes ces palabres, apr�s moult r�voltes m�diatiquement �touff�es dans les ann�es 1960 � Annaba, Guelma, Oran, etc., et dans les ann�es 1970 � A�n Be�da, Tizi-Ouzou, etc., et dans les ann�es 1980 � Constantine, B�ja�a, etc., le peuple finit par descendre dans la rue � Alger en octobre 1988, pour tout saccager et br�ler avec pour acquis un r�gime d�mocratique inscrit dans une nouvelle Charte accept�e par r�f�rendum par le peuple alg�rien, dont le contenu deviendra virtuel � partir de 1992, date de l�arr�t du processus d�mocratique par l�arm�e... Tout le monde conna�t la suite.
Jeha, notre double ressuscit�
D�sabus� par l�absence de perspectives, frustr� dans ses esp�rances et tromp� par un discours euphorisant et pour tout dire menteur, l�Alg�rien en est r�duit, � la longue, � �tre un individu �go�ste, int�ress� par le gain facile, � l�aff�t de la moindre occasion pour satisfaire son salut individuel, � l�instar de Jeha, ce personnage de l�gende d�sormais ressuscit�... Nous sommes devenus majoritairement des Jeha en puissance : �go�stes, int�ress�s, frileux et poltrons, pourvu que la t�te de chacun soit sauve� En perte progressive de rep�res, l�Alg�rien a l�ch� prise peu � peu, en assistant impuissant � l��masculation de l�individu, l'�clatement de la famille, la stratification de la soci�t� et la transformation de la communaut� en syst�me inqualifiable et aux pouvoirs n�fastes et tentaculaires. Le petit peuple subit le syst�me au quotidien, comme une fatalit� avec laquelle il doit composer � son corps d�fendant, en perdant de vue qu'il est responsable de cet �tat de choses. Quand l�Alg�rien n�a plus acc�s librement � son argent d�pos� au Tr�sor public, parce qu�Alg�rie Poste, mise en position de monopole pour l�octroi des pensions, retraites et salaires des fonctionnaires, est totalement d�faillante, cela signifie qu�au-del� de la perte depuis tr�s longtemps de sa souverainet� politique, il a d�sormais perdu la raison de se d�clarer �sujet de droit�, devenant ainsi l�objet d�une b�tise monumentale... Le philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804), en se posant des questions sur le r�le des Lumi�res, disait que �c'est la sortie de l'homme de l'�tat de tutelle dont il est lui-m�me responsable�. Et d'ajouter : �L'�tat de tutelle est l'incapacit� de se servir de son entendement sans la conduite d'un autre...� Il rejoint de ce point de vue Etienne de la Bo�tie, dans son discours : �De la servitude volontaire des peuples.� On est soi-m�me responsable de cet �tat de tutelle quand la cause tient non pas � une insuffisance de l'entendement mais � une insuffisance de r�solution et de courage de s'en servir, sans la conduite d'un autre. La r�solution et le courage, voil� la vraie devise des Lumi�res. Kant analysera le manque de recours � son propre �entendement� comme le r�sultat d'une forme de paresse et de l�chet� qui font qu'un grand nombre d'hommes, apr�s que la nature les ait affranchis depuis longtemps d'une conduite �trang�re, restent cependant toute leur vie dans un �tat de tutelle, faisant qu'il devient tr�s facile � d'autres de se poser comme leurs tuteurs... Pour notre Alg�rien, le syst�me n'est pas pour lui un tuteur bienfaisant, tel que d�crit par Kant, il est au contraire totalement st�rilisant. Au sortir de chez lui le matin, la dynamique du syst�me se met en place et la pression aussi. Alors, au lieu de consacrer son intelligence et son g�nie � des choses utiles, il s��puise dans une grande d�bauche d'�nergie pour d�jouer les pi�ges tendus par le Macc : � remuer ciel et terre pour trouver un �piston� ou des relations et connaissances qui viendront lever les obstacles dress�s (parfois par incomp�tence, souvent par m�chancet� et dans certaines circonstances par calcul) sur son chemin, pour permettre au syst�me et � ses auxiliaires de se rendre indispensables, en exer�ant leurs implacables lois. Un syst�me qui encourage les comp�tences � partir, gardant ainsi les m�diocres et se d�barrassant des meilleurs. Ce qui le caract�rise le mieux est l'impunit� totale, favoris�e par l�absence de sanctions positives et n�gatives, notamment lorsqu'un citoyen est livr� � la loi du milieu et l'arbitraire de la bureaucratie. Voir infra. A qui se plaindre ? se demandent toujours r�sign�s les citoyens. Ki Dir (comment faire ?) dit-on r�sign�, en Oranie. La neutralisation de l'Etat est g�n�ralement caract�ris�e par un d�ficit de droit, en d�pit de la profusion des lois ; lois, qui soit dit en passant, ne remettent jamais le syst�me en cause, mis � part une br�ve p�riode caract�ris�e par l'instauration des m�diateurs de la R�publique, organe de recours institu� par le g�n�ral Liamine Zeroual. D�ailleurs, la liquidation sans autre forme de proc�s de ce corps constitu� (??!!), au lendemain de la d�mission de l�auteur de ses jours, est la d�monstration flagrante que lorsqu�un organe g�ne les rouages bureaucratiques, le syst�me lui fait un sort.
Ambition et besoin de reconnaissance, des atouts du syst�me
Le syst�me est autant st�rile quand il s'agit de r�pondre aux besoins de la nation, du pays, que g�nial pour maintenir les oligarques (du moment) au pouvoir... De ce point de vue, le syst�me n'�pargne personne, il ne faut pas se trouver en travers de son chemin, un point c�est tout, bien que ce soit tellement difficile puisqu'il est partout omnipr�sent, omnipotent et omniscient. Le syst�me n'�pargne personne, pas m�me des chefs d�Etat, des g�n�raux, des ministres, des P-DG d�entreprise, des directeurs d�administration centrale et autres �l�ments qui ont pourtant servi la R�publique et la collectivit� nationale. Cela nous explique en partie pourquoi bon nombre s�en d�file, la premi�re occasion venue, surtout apr�s avoir suffisamment amass� de quoi vivre � l�aise en Alg�rie et bien mieux � l��tranger... L�auteur ne justifie nullement cette r�alit�, il tente seulement de l�expliquer. Il ne faut surtout pas provoquer le syst�me ou tenter de d�noncer ses apparatchiks aux commandes bureaucratiques, comme l�auteur de ces lignes le fait en ce moment, sans quoi sa vengeance est terrible� La dictature des bureaux est aussi effrayante que celle du terrorisme dans les montagnes. Et tout le monde admet cette triste r�alit�, � commencer par l�actuel premier magistrat du pays qui d�clarait lors de sa premi�re campagne � l��lection pr�sidentielle : �Lorsqu�on a affaire � l�administration alg�rienne, il devient compr�hensible que l�on devienne terroriste...� L�Alg�rien est arriv� � d�velopper et cultiver des complexes d�inf�riorit�, des peurs paniques au contact de cette b�te immonde qui empoisonne son quotidien, au point de ne rien engager sans le recours des interventions, selon la formule des 3 P (piston, pognon, pote). Cf. l�article de l�auteur, intitul� �la Hogra en question, in le Quotidien d�Oran (2001) ; r�flexion qui avait � l��poque retenu l�attention d�un doctorant pour d�velopper sa th�se sur la �hogra�. M�me si en g�n�ral le syst�me para�t g�n�reux, � la faveur de la cooptation, pour fabriquer des maires, des PDG, des walis (pr�fets), des ministres, des officiers de tous rangs et m�me des chefs d'Etat, ces heureux �lus sont choisis selon des profils d�termin�s pour permettre aux tenants du syst�me de pouvoir jouer sur tous les accommodements possibles� A titre d�exemple, sur 27 membres du Conseil de la r�volution, ayant pr�sid� aux destin�es de l�Alg�rie de 1965 � 1976, pas un seul n�a fait � l�universit� l�honneur de fr�quenter ses bancs, alors qu�ils ont l�gif�r� pendant des ann�es (quand le colonel Houari Boumedi�ne leur a fait l�honneur de les rassembler) sur le devenir de l�Alg�rie. Il est vrai que le r�sultat �tait loin d��tre brillant, sauf d�avoir permis, par leur seule participation � ce regroupement de seigneurs de guerre, de cautionner un syst�me devenant � la longue une gigantesque sangsue vivant de la saign�e de ce pays. Ainsi, les dirigeants ayant pr�sid� aux destin�es de l�Alg�rie conna�tront pour la plupart des probl�mes de l�gitimit� � se faire admettre et reconna�tre, sans les machines � r�primer et celle de la propagande.
K. K.


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