L�ingratitude dont a fait montre le pays � l�endroit de Ferhat Abbas, l�un de ses plus sinc�res enfants, est � l�exact oppos� de ce que celui qui a eu l�insigne honneur de proclamer la naissance de l�Alg�rie en tant que R�publique d�mocratique et populaire, a eu � lui offrir. M. Kebci - Alger (Le Soir) - �Seulement deux �difices baptis�s de son nom, �a ne suffit pas pour rendre l�hommage qu�il faut � l�un des artisans du combat lib�rateur du joug colonial fran�ais, alors que le pays c�l�bre ces jours-ci, le cinquantenaire justement de cette R�volution �. C�est par ce regret que Amar Belkhodja, a entam�, hier au forum du quotidien DK News, sa conf�rence consacr�e au parcours de Ferhat Abbas, le premier pr�sident du GPRA (gouvernement provisoire de la r�publique alg�rienne). L�historien, �crivain et journaliste ira bien loin dans son �constat � navrant en mettant le doigt sur l�oubli sciemment entretenu � propos de ce personnage hors du commun, un sort similaire � celui de bien de ses semblables parmi ceux qui ont �pens� le combat lib�rateur. Un homme dont le parcours qu�il qualifiera �d�exceptionnel � m�rite d��tre explor� et profond�ment au sein de nos universit�s, de nos �coles et de bien d�autres cercles. Le conf�rencier aura, tout au long de son expos�, � lire bien des extraits de la consistante litt�rature l�gu�e par le d�funt, comme pour montrer, on ne peut plus clairement, le talent et le sens aigu d�analyse de ce visionnaire hors normes dont certains passages sont devenus des expressions consacr�es dont bien des g�n�rations usaient pour agr�menter leurs discussions savantes, comme le reconna�tra, d�ailleurs, un confr�re lors des d�bats. Notamment cette fameuse lettre de d�mission de la t�te de l�Assembl�e constituante, en ao�t 1963. Une lettre de 11 pages dans laquelle le natif de Taher en 1899, a nettement exprim� son d�saccord avec le pr�sident Benbella, pr�disant, en visionnaire qu�il �tait, tous les chamboulements qu�a connus et que continue de conna�tre le pays. Le conf�rencier aura d�autres regrets en affirmant que celui que Abane Ramdane a convaincu de rejoindre le FLN en 1956, a d�cid�, du coup, de dissoudre l�UDMA. Cel� a fait l�effet d�une v�ritable bombe chez le colonisateur compte tenu du poids de ce nouveau militant qui, deux ans plus tard, se verra confier la pr�sidence du tout premier gouvernement provisoire de la R�publique alg�rienne (GPRA), Ferhat Abbas, a eu � subir presque le m�me traitement que celui qu�il a subi par l�autorit� coloniale en signe de repr�sailles � ses positions. Et � Belkhodja de faire le parall�le entre le saccage de la pharmacie du d�funt, � S�tif, � deux reprises suite � son ralliement au FLN en 1956 et la confiscation de cette derri�re au lendemain de l�Ind�pendance apr�s le d�saccord de fond avec le pouvoir de l��poque. Plus que cela, le personnage a �t� d�port� � Adrar, dans le sud du pays, avec d�autres figures de proue du combat de Lib�ration nationale, Mohamed Boudiaf, Ahmed Djeghaba et Ammar Bentoumi. Un supplice qui a dur� jusqu�en mai 1965, � un mois du putsch du 19 juin qui a vu Houari Boum�di�ne d�poser Benbella et lui succ�der � la pr�sidence de la R�publique. Celui qui a eu l�insigne honneur de proclamer, le 25 septembre 1962, la naissance de la R�publique alg�rienne d�mocratique et populaire, sera m�me assign� � r�sidence surveill�e, en signe de �sanction� des autorit�s de l��poque, suite � l�Appel au peuple alg�rien qu�il a r�dig� avec Ben Youcef Ben Khedda, Hocine Lahouel, et Mohamed Kheireddine. Ce document, �tait dat� de mars 1976 par lequel le quatuor r�clamait des mesures urgentes de d�mocratisation, d�non�ant au passage, �le pouvoir personnel� et la Charte nationale �labor�e par Boum�di�ne. Une assignation � r�sidence accompagn�e de la confiscation, une seconde fois de sa pharmacie et le blocage de ses avoirs, qui durera jusqu�au 13 juin 1978. Depuis, totalement retir� de la vie politique du pays, il se consacre � l��criture et publie deux ans plus tard, en 1980, ses m�moires dans Autopsie d�une guerre-puis, en 1984, dans L�Ind�pendance confisqu�e, soit seulement une ann�e avant sa mort survenue le 24 d�cembre 1985 pour �tre enterr� au Carr� des martyrs du cimeti�re El Alia d'Alger.