Par Kader Bakou �Je suis en train de me faire oublier sur ma colline�, avait r�pondu Abederrahmane Bouguermouh, il y a quelques ann�es, � un journaliste qui lui avait demand� de ses nouvelles. Cette �colline� c�est �videmment sa r�gion en Kabylie. Mais c�est aussi et surtout une allusion � son film La Colline oubli�e, d�apr�s le roman �ponyme de Mouloud Mammeri. Sorti en 1996, le long m�trage cin�matographique La Colline oubli�eest le premier film alg�rien en tamazight. A l��poque, le tamazight n��tait pas encore reconnu comme langue nationale. A l��poque, on disait aussi que le cin�ma en Alg�rie �tait �mort�. Les milliers de personnes qui faisaient la queue � la Cin�math�que d�Alger afin de voir La Colline oubli�e ont d�montr� le contraire. L�id�e d�adapter La Colline oubli�e � l��cran remonte � 1957, l�ann�e o� Bouguermouh et Mammeri se sont rencontr�s et sont devenus de grands amis. �Des sc�narios sur la Kabylie, il y en a eu beaucoup. J�ai choisi La Colline oubli�eparce qu�entre l�auteur, Mouloud Mammeri, et moi, il y avait un serment : si l�honneur nous revenait un jour de faire le premier film en berb�re, ce serait La Colline oubli�e. C�est sa premi�re �uvre romanesque et pour le na�f bouquiniste que j��tais alors, mon monde � moi p�n�trait enfin dans ce premier roman kabyle, apr�s avoir aval� bien des classiques de la litt�rature universelle o� je nous cherchais en vain. Il y a aussi ce contrat pass� avec la Kabylie : �uvrer pour la renaissance de sa culture. La Colline oubli�e est aussi un beau roman qui d�crit les ann�es terribles de la Deuxi�me Guerre mondiale. Le malheur �tait partout et quelques �clats ont br�l� ma toute jeune m�moire. Il est tout � fait normal qu�un premier film remonte � ces premiers souvenirs, ceux qui vous laissent des stigmates pour la vie�, avait expliqu� Abderrahmane Bouguermouh lors de la sortie de son long m�trage. Le r�alisateur de Cri de pierres a ouvert la voie � Belkacem Hadjadj et Azzedine Meddour, r�alisateurs des deux films en tamazight, respectivement, Machahoet La montagne de Baya, dans ce qui va devenir une originale et tr�s belle trilogie cin�matographique kabyle. �Avec leurs mains dessus leurs t�tes, ils avaient mont� des murettes jusqu�au sommet de la colline. Qu�importent les jours, les ann�es, ils avaient tous l��me bien n�e�, disait Jean Ferrat dans La Montagne. Pourtant, que �la colline� est belle� Comment peut-on s�imaginer en voyant ce chef-d��uvre que Abderrahmane Bouguermouh est parti ! K. B.