SNC Lavalin payait bel et bien des intermédiaires pour l'obtention de marchés publics en Algérie. La preuve a été établie jeudi par la police anti-corruption du Québec dans le cadre d'une enquête sur des commissions versées par SNC Lavalin pour l'obtention du contrat de construction d'un hôpital dont le montant de la réalisation est de 1,3 milliard de dollars. Selon la police québécoise, une somme de 22,5 millions de dollars a été versée par SNC Lavalin le 16 novembre 2009 pour obtenir ce contrat. Cet argent a été déguisé en honoraires d'un consultant pour la conclusion d'un contrat gazier en Algérie. Toutefois, la police canadienne n'a pas révélé le nom de ce consultant qui pouvait lui garantir des contrats aussi importants en Algérie. Mais, si l'on doit se conformer aux dates, le seul projet en hydrocarbures accordé à SNC Lavalin à cette époque est sans aucun doute celui lié au développement des champs de Rhourde Ennous. L'engineering des installations de Quartzites de Hamra a été en effet attribué à SNC Lavalin pour un montant de 79,28 milliards de dinars, soit presque un milliard de dollars américains. La police canadienne a perquisitionné jeudi au domicile de l'ancien CEO de SNC Lavalin, Pierre Duhaime, qu'elle accuse, tout comme son vice-président, Riadh Ben Aïssa, de fraude, de complot, d'abus de confiance, en prenant des commissions secrètes et de blanchiment d'argent. Par ailleurs, Yanai Elbaz, l'ancien directeur du réaménagement, de la planification et de la gestion immobilière du centre hospitalier, a été inculpé jeudi et libéré sous caution. Elbaz a été accusé de fraude liée au site de l'hôpital en question. L'enquête, qui est actuellement axée sur le contrat de construction de l'hôpital au Canada, est susceptible de dévoiler toutes malversations de SNC Lavalin en Algérie. Les livres comptables et les comptes bancaires du groupe sont passés au peigne fin par les enquêteurs de la police anti-corruption, qui ont déjà retrouvé les traces de Farid Bedjaoui dans des paiements d'honoraires pour ses prestations de consultant chargé des relations avec les entreprises en Algérie. Les investigations en cours sont susceptibles de livrer d'autres noms et d'autres montants versés au titre de commissions. Chakib devra éviter le Canada Une source très bien informée a fait état hier d'un malaise au sein de la société canadienne Wilton Ressources qui a embauché Chakib Khelil en décembre dernier (Cf. notre édition du 11 décembre 2012). Les responsables de cette société pétrolière ont signifié à Chakib Khelil d'éviter le territoire canadien, en raison des enquêtes liées à SNC Lavalin, précise cette même source. Les personnes qui ont fondé cette société ont travaillé en Algérie dans la société First Calgary Petroleum (FCP) qu'ils ont revendue aux Italiens de l'ENI en 2009. FCP était l'associé de la Sonatrach dans le bloc 403 de Menzel Ledjmet Est. En l'engageant dans leur staff, les fondateurs de Wilton Ressources pensaient utiliser les réseaux de Chakib Khelil pour l'obtention de contrats importants en Algérie et en Mauritanie. Néanmoins, les nombreuses enquêtes de corruption, impliquant Chakib Khelil, ont déstabilisé le business-plan de Wilton Ressources qui commence à prendre certaines distances par rapport à l'actualité.