La tenue d'une élection présidentielle totalement libre est la condition sine qua non pour permettre à l'Algérie de sortir d'une crise «multidimensionnelle» a estimé, lundi, Ahmed Benbitour. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) Ahmed Benbitour, seule personnalité politique à avoir annoncé sa candidature au prochain scrutin présidentiel, était, lundi, l'invité du forum hebdomadaire du journal Liberté. L'ancien chef du gouvernement a dressé un constat sans complaisance de la situation actuelle de l'Algérie. Un pays qui subit une crise «multidimensionnelle». «L'Algérie traverse depuis 25 ans une double période de transition, politique et économique. Plus cette période de transition durera dans le temps, plus le pays s'enfoncera dans la pauvreté car l'Algérie traverse une crise multidimensionnelle : politique, économique, sécuritaire, identitaire, culturelle et diplomatique», a indiqué Ahmed Benbitour. Les dangers auxquels fait face l'Algérie risquent de s'aggraver à court terme, a-t-il estimé. Il fait état notamment d'un risque réel d'explosion sociale du fait de la situation économique. Ainsi, le prix des hydrocarbures, qui représentent plus de 90% des entrées en devises du pays, risquent de connaître une baisse sensible à cause du développement des techniques d'extraction des énergies fossiles non-conventionnelles. «Si le prix du baril de pétrole passe en dessous de 70 dollars américains, l'Algérie sera dans l'incapacité d'acquérir des biens d'équipements.» En d'autres termes, tous les projets en cours seront mis à l'arrêt. Il a également tiré la sonnette d'alarme à propos des répercussions de la crise financière européenne sur l'économie algérienne. Sur le plan sécuritaire, le pays doit également faire face aux effets de la déstabilisation de la Tunisie, de la Libye et de la sous-région du Sahel. Pour lui, la première étape d'une sortie de crise passe par l'organisation d'une élection présidentielle libre. «Nous devons faire de l'élection de 2014 une porte vers le changement, le progrès et le développement. 2014 doit être le cap de l'Algérie de demain.» Le premier candidat à ce scrutin a présenté les différents axes de son programme électoral. Benbitour s'engage à moderniser la santé, à consacrer la liberté d'expression et la liberté de la presse, à définir une nouvelle doctrine militaire et à réformer l'école afin qu'elle soit au niveau du développement technologique, à lutter activement contre la corruption. Il précisera toutefois que la concrétisation de ce projet nécessitera une période de 15 années soit, en d'autres termes, trois quinquennats. Mais une fois réalisé, Ahmed Benbitour promet à l'Algérie «paix et prospérité».