Négociant son accession à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis presque vingt ans, l'Algérie est appelée à davantage d'efforts propres, de concessions, même si elle escompte une meilleure compréhension de ses partenaires. L'adhésion de l'Algérie s'avère, ainsi, encore incertaine. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) L'Algérie adhèrera-t-elle enfin à l'Organisation mondiale du commerce ? Pas encore. Davantage de concessions sont ainsi attendues de l'Algérie, malgré celles qu'elle a accordées depuis le lancement des négociations concrètes en 1996. C'est ce que laisse entendre le ministre du Commerce qui a participé, hier, à Genève au 12e round des négociations multilatérales pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Ainsi, Mustapha Benbada a reconnu que l'Algérie doit encore faire des efforts, soit concéder, en raison des contraintes objectives qui découlent de son statut de pays en développement et qui persistent. Cela même si le ministre appellera les Etats membres de l'organisation multilatérale à «une meilleure compréhension et à un appui plus prononcé des membres du groupe de travail (chargé du dossier Algérie)». Quelles autres actions, concessions sont demandées à la partie algérienne ? La poursuite des négociations après ce 12e round , notamment dans le cadre des rencontres bilatérales qui se tiendront dès aujourd'hui et jusqu'à vendredi avec onze pays membres, devrait en révéler la nature. Or l'Algérie, et suite aux précédents rounds de négociations multilatérales, a agréé les demandes de ses partenaires relatives à la reconfiguration et clarification de son dispositif législatif et réglementaire et la mise en conformité de son régime de commerce. Soit, l'Algérie est disposée à lever «des crochets concernant certains paragraphes d'engagements contenus dans le projet de rapport du groupe de travail , indiquait M. Benbada, en faisant que notre pays «a répondu favorablement aux requêtes des membres du groupe de travail en révisant ses positions sur les périodes de transition souhaitées initialement». Comme l'Algérie a déjà présenté des offres tarifaires et de commerce des services révisées, libéralisant davantage l'accès aux marchés et qui serviront de base aux négociations bilatérales en cours. Notons, dans ce contexte, qu'il reste à l'Algérie à finaliser, voire conclure potentiellement deux accords bilatéraux (avec l'Argentine et l'Indonésie), après ceux déjà signés avec Cuba, l'Uruguay, le Brésil, le Venezuela et la Suisse et qui ont été déposés au secrétariat de l'OMC. Précisons que les négociations bilatérales se poursuivront avec l'Indonésie, les Etats-Unis, l'Equateur, l'Argentine, le Japon, le Salvador, l'Australie, la Corée du Sud, le Canada, la Nouvelle-Zélande ainsi que la Turquie. Une nouvelle réunion sur l'agriculture est, par ailleurs, attendue après celle de juillet 2013. Une réunion à laquelle l'Algérie, qui a déjà répondu alors aux questions des pays membres concernés et a fourni des tableaux explicatifs, est disponible selon le ministre du Commerce. Certes, Mustapha Benbada relèvera, de manière convenue, le «saut qualitatif» réalisé par l'Algérie dans le processus d'accession à l'OMC. Néanmoins, la date d'accession de l'Algérie restait, hier, encore incertaine, liée à d'autres considérations. Il s'agit notamment de la poursuite des réformes liées au cadre réglementaire et au régime de commerce, l'amélioration de l'environnement sain et concurrentiel, l'élaboration d'une «feuille de route» étant impulsée dans ce cadre, indique le ministre, mais aussi de l'augmentation du nombre de pays liés à l'Algérie par des accords bilatéraux, des négociations bilatérales étant attendues avec l'Union européenne. Des progrès sont ainsi attendus de l'Algérie, le réitérera le président du groupe de travail, Alberto d'Alotto, quoiqu'en termes diplomatiques. Malgré les progrès «considérables» que l'Algérie a réalisés, ce dont se félicitent nombre de partenaires, Alberto d'Alotto estime, cependant, que notre pays devrait maintenir son rythme de travail pour atteindre l'objectif de l'accession. «Evidemment, il reste des questions à régler», note le président du groupe de travail, néanmoins optimiste dans la mesure où l'«on a dépassé le stade de la rhétorique et on a commencé à examiner des choses concrètes». Rappelons, ce faisant, que l'Algérie a entamé le processus d'accession à l'OMC en 1995. Le groupe de travail chargé de l'accession de l'Algérie a tenu onze réunions officielles, la première en avril 1998, ainsi que deux réunions informelles. Parallèlement à ces réunions, l'Algérie avait tenu des réunions bilatérales avec plusieurs pays dont treize en 2013 et signé des accords bilatéraux avec Cuba, le Brésil, l'Uruguay, la Suisse et le Venezuela. Depuis la tenue du 11e round en avril 2013, l'Algérie a reçu 170 nouvelles questions ou demandes de clarifications de la part des Etats membres. Ainsi, à la fin 2013, l'Algérie avait répondu à 1933 questions dont la majorité porte sur des informations liées aux codes et réglementation du commerce en vigueur et des éclairages concernant le système du commerce extérieur algérien en général.