Inversion des tactiques, confusion des tacticiens. Tandis que le gouvernement Ouyahia-Sellal s'éprouve au foot, l'EN s'essaye, elle, à la gouvernance. Mener un bled et diriger une équipe requiert, au fond, les mêmes formes de rigueur et les mêmes performances. De plus, le but est théoriquement le même : faire gagner le pays ! Mais gagner quoi et contre qui ? Pour l'EN, à chaque match suffisant sa peine, il est demandé de gagner une partie et de passer à l'autre. Il suffit juste de marquer des buts et d'éviter d'en prendre. Clair mais pas simple ! Pour le gouvernement, c'est un chouia plus tortueux ! Battre tamazight ? Gagner la Réconciliation nationale ? Défaire les islamistes ? Marquer des buts à l'opposition démocrate... enfin, à l'opposition tout court ? Ce match à épisode disqualifie l'adversaire, maître dans l'art de marquer contre son propre camp... Après avoir bétonné la défense, les voilà, nos coachs politiques, en train de passer à l'offensive. Par un miraculeux retournement de match, on voit les mêmes qui prônent la Réconciliation nationale, coup d'éponge sur des crimes odieux, fustiger les intégristes qui viennent s'asseoir à la même table que les démocrates qui passent, du coup, pour des comploteurs. Tandis que le coach Bouteflika dirige tout ça à partir de son fauteuil roulant de touche, il n'y a plus personne pour compter les coups. Tout le monde les reçoit. Décidément, le foot, comme le pouvoir, c'est bien pour qui gagne. Arris Touffan