Aussi vertigineuse soit-elle, la facture du médicament n'étonne nullement les acteurs du secteur. Ils estiment même que l'Algérie est loin d'être un pays qui consomme beaucoup de médicaments. Lotfi Benbahmed, le président du Conseil de l'ordre des pharmaciens, explique que la transition épidémiologique et la généralisation de la carte Chifa sont en partie responsables de cette augmentation. Nawal Imès - Alger (Le Soir) Nullement impressionné par les chiffres rendus publics par le Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes, le président du Conseil de l'ordre des pharmaciens estime que la facture du médicament s'explique essentiellement par la transition épidémiologique que vit le pays qui est passé d'une prévalence des maladies aiguës à celle des maladies chroniques. Lotfi Benbahmed explique que si on devait examiner ladite facture dans le détail, il apparaîtrait que les médicaments destinés à l'oncologie occupent une grande place et ces derniers coûtent particulièrement cher. C'est également le cas des médicaments nécessaires dans certaines nouvelles thérapies. Autre cause de l'augmentation de la facture des médicaments, la généralisation de la carte Chifa qui permet, selon Lotfi Benbahmed, à de larges pans de la population d'accéder plus facilement aux médicaments, ce qui permet, selon lui, petit à petit, d'atteindre les standards des pays émergents ou même ceux des pays du Sud. Le président du Conseil de l'ordre des pharmaciens évoque également la politique volontariste de l'Etat mais avertit que nous restons sur des modes qui sont loin de la surconsommation car, dit-il, il suffit de comparer les différents postes de dépenses de ménages pour s'apercevoir que le médicament ne vient pas en tête des dépenses. Il ajoute que cette augmentation de la facture doit être une occasion pour l'encouragement des recherches et de l'industrie du médicament non seulement pour la satisfaction des besoins locaux mais également pour faire de l'Algérie un pôle régional. Lotfi Benbahmed considère qu'il serait opportun de spécialiser l'Algérie dans la fabrication du médicament pour en faire une plaque tournante pour certaines molécules. Formel, il conclut qu'il faut sortir de l'idée qu'en Algérie on gaspille beaucoup pour les médicaments puisque, dit-il, les dépenses par habitant en la matière ne sont pas si importantes. La facture des importations algériennes des produits pharmaceutiques a augmenté à 1,6 milliard de dollars durant les huit premiers mois de l'année 2014, contre 1,27 milliard de dollars sur la même période de l'année écoulée, soit une hausse de 28%.