C'est un ministre des Travaux publics dépité et ne sachant plus comment s'y prendre face à des entreprises algériennes, surtout celles qui sont défaillantes sur beaucoup de tronçons, qui a été l'hôte de la wilaya de Bouira avant-hier. Arrivé presque au crépuscule, soit à 19h30, tant et si bien que même ceux qui étaient là pour lui présenter les travaux ont été piégés par le temps en n'ayant pas programmé des projecteurs pour la circonstance, le ministre des Travaux publics, Abdelkader Kadi, visiblement mécontent déjà de ce qu'il venait d'inspecter durant toute la journée, sur un périple qui l'a mené depuis Tlemcen jusqu'à Bouira en passant par Mascara, Chlef et Aïn Defla, a eu à Bouira, au niveau du tronçon Bouira-Lakhdaria, la cerise sur le gâteau comme on dit. Car des imperfections, du cafouillage exercé par les deux entreprises en charge de la réfection de ce tronçon, que sont ALTRO et ETRHB, qui ont l'ingénieuse idée de fractionner les travaux en plusieurs sections pour mieux pourrir la vie aux automobilistes, notre ministre en a vraiment vu ce samedi en venant d'Alger via ce tronçon, du moins depuis Lakhdaria jusqu'à l'échangeur de Djebbahia où des chapiteaux étaient érigés pour lui présenter l'état des lieux au niveau de ce tronçon, mais également sur d'autres points à savoir le tronçon El-Adjiba-Bouira sur 26 kilomètres, les échangeurs de Djebbahia, Bouira et Ahnif, les aires de repos et les stations-services, six en tout. Aussi, une fois sur place, la première remarque, et avant même que les responsables de l'ANA entament leur speech, que le ministre fera concernera la mauvaise signalisation sur une des sections fermée dans un sens. Ensuite, et juste après les premières explications, il arrêtera le speech et interrogera le responsable de l'ANA sur l'état d'avancement des 4 kilomètres de glissement de la descente de Djebbahia, inspectée dernièrement et sur laquelle il a été entendu que la pose des pieux, 480 en tout, devait être lancée sous quinzaine. Il était question de renforcement de cette section par 5 foreuses afin d'aller plus vite. Avant-hier, le ministre apprendra que de tout ce qui a été convenu, rien n'a été fait ; rien n'a été lancé. Aucun pieu n'a été réalisé. Et face à cette lenteur, face à cette lourdeur, le ministre et après un long soupir lancera à la face du responsable de l'entreprise chargée de la réalisation de cette section : «Je ne sais même pas si vous êtes conscients des souffrances que vous êtes en train d'infliger à la population par vos lenteurs !» Puis, après un petit silence, il ajoutera, «non, je sais que vous n'allez jamais réaliser ces pieux. Je sais que vous êtes incapables de le faire. Alors, je vous le dis moi : soit vous sous-traitez le plus rapidement possible, soit vous laissez place à d'autres qui le feront à votre place». Et à l'adresse d'un de ses collaborateurs et le DTP de Bouira : «Je veux des solutions dans une semaine. Il faut passer à la sous-traitance. Ce n'est pas possible de continuer comme ça». Et un peu plus loin, quand on lui annoncera que l'entreprise SAPTA, chargée de la réalisation de l'échangeur de Djebbahia, a déjà réalisé tous les pieux nécessaires sur les lieux, le ministre sauta sur l'occasion en invitant sur place les responsables de l'ANA de prendre attache avec SAPTA pour renforcer les travaux au niveau de la descente de Djebbahia en lui confiant les poses des fameux pieux latéraux. Cela étant, après avoir eu des explications sur les autres projets en cours au niveau de la wilaya de Bouira, sur les 101 kilomètres d'autoroute qui traversent la wilaya, le ministre a, lors d'un point de presse, improvisé sur les lieux. Il tempérera ses ardeurs en expliquant que les entreprises algériennes sont là et font du bon travail et que ses services sont disposés à les aider et à les conseiller mais celles-ci doivent accélérer la cadence pour en finir avec cette autoroute une bonne fois pour toutes. «Je veux et j'en fais même un défi, que tous les travaux de mise à niveau en cours au niveau de l'autoroute depuis Tlemcen jusqu'à El Kala, soient achevés avant la fin de l'année en cours». Un bon défi qui aurait pu, en d'autres circonstances, rassurer beaucoup les usagers et la population en général, mais il se trouve que d'autres ministres avant lui, ses prédécesseurs, avaient déjà lancé ces défis mais sans résultat.