Quatorze élus de la FIFA, actuels et anciens, ainsi que cinq partenaires commerciaux de l'instance qui gère le football mondial, ont été inculpés mercredi 27 mai 2015 pour corruption, racket et blanchiment. De nouvelles inculpations dans le cadre du scandale de corruption qui ébranle la FIFA sont probables, a confié vendredi 29 mai au New York Times le patron du service des enquêtes du fisc américain. «Je suis plutôt confiant dans le fait qu'il va y avoir une nouvelle vague d'inculpations», a indiqué Richard Weber, responsable de la cellule enquêtes criminelles de l'Internal Revenue Service (IRS). «Nous croyons vraiment qu'il y a d'autres personnes et d'autres sociétés impliquées dans des actes criminels», a-t-il poursuivi, tout en refusant de donner des précisions sur les personnes ciblées par son service. M. Weber a par ailleurs balayé la thèse selon laquelle la première vague d'inculpations de hauts dirigeants de la FIFA, annoncée mercredi en plein comité exécutif de l'instance internationale, était destinée à empêcher la réélection de Joseph Blatter. «Je ne pense pas qu'il y ait jamais eu une décision (...) de s'en prendre au football, on s'attaque à la corruption», a-t-il insisté. Selon lui, enquêtant au départ sur les déclarations fiscales de Chuck Blazer — ancien secrétaire général de la Concacaf (Confédération d'Amérique du nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes) —, c'est de fil en aiguille que l'IRS a été amené à se pencher sur la corruption au sein de la FIFA, en coopération avec le FBI. Chuck Blazer est devenu informateur de la justice américaine qui l'a inculpé en novembre 2013 de racket, virements frauduleux, blanchiment d'argent, évasion fiscale, et échec à remplir un dossier sur ses comptes à l'étranger. «Notre expertise nous permet de suivre l'argent dans une affaire de corruption internationale comme celle-là», a expliqué M. Weber. «...La fin d'une époque... » Le procureur fédéral par intérim de Brooklyn à New York, Kelly Currie, avait prévenu le monde du football : «[C'est] le début de notre effort, pas la fin.» Les quarantesept chefs d'inculpation retenus par la justice américaine dans le scandale de la FIFA portent sur une période de vingt-cinq ans et des sommes d'un montant global de 150 millions de dollars en potsde- vin et rétrocommissions en échange de droits TV et marketing pour des tournois internationaux. La Russie crie au complot des Américains. Le chef du département d'enquête du ministère de l'Intérieur russe Alexandre Savenkov a déclaré le 28 mai qu'il ne fallait pas «faire un complexe» de la place de la Russie dans le classement des pays corrompus établi par Transparency International pour l'année 2014. Elle y partage en effet la 136e place avec l'Iran, le Cameroun, la Kirghizie, le Liban et le Nigeria. Même réflexe à l'annonce de l'inculpation de quelques hauts responsables de la FIFA : il ne peut s'agir que d'une manœuvre américaine pour priver la Russie de ses championnats du monde en 2018. Le vaste scandale de corruption qui frappe de plein fouet la Fédération internationale de football va entraîner «une profonde modification des méthodes de gouvernance de la FIFA, marquant la fin d'une époque», estime Pascal Boniface, expert français en géopolitique du sport et directeur de l'Institut français des relations internationales et stratégiques (Iris). A la question suivante : «Quelles conséquences voyez-vous pour la FIFA ?», Pascal Boniface répond «...Dans nos sociétés, il y a une volonté de transparence de plus en plus forte. La corruption, qui était considérée comme une sorte de mal nécessaire contre laquelle on ne pouvait pas lutter, est aujourd'hui considérée, avec l'aggravation de la crise, comme inacceptable et le public est de plus en plus exigeant. On peut penser que la gouvernance actuelle de la FIFA ne pourra pas survivre à cet épisode au vu de l'impact médiatique et politique mondial.»