C'est aujourd'hui que le tribunal correctionnel de Sidi M'hamed examinera l'affaire Cnan. Après un premier report, il n'est pas exclu que le président de la 5e chambre correctionnelle décide de juger l'affaire pour la première fois. Abder Bettache - Alger (Le Soir) Au banc des accusés, il n'y aura qu'une seule personne, en l'occurrence M. Boumbar l'ex- patron du groupe Cnan. Mais selon l'arrêt de renvoi, plusieurs personnes, jusque-là sous contrôle judiciaire doivent répondre à des chefs d'inculpation de «mauvaise gestion et de dilapidation de biens publics». L'affaire qui avait éclaté en 2012 avait connu plusieurs rebondissements. En effet, alors que l'accusation avait touché plusieurs cadres du groupe Cnan, dont deux ex-premiers responsables, l'instruction qui avait suivi et d'autres arguments et pièces versées, avancés par la défense, ont permis à cette affaire de connaître une décantation. Ainsi, seule une personne est actuellement en détention, alors que l'autre ex-P-dg, à savoir M. Koudil, avait bénéficié de l'extinction de plusieurs chefs d‘inculpations, ce qui lui a permis de disposer de la liberté provisoire, il y a de cela plus d'une année. Du côté de la défense, on reste convaincu que toute la vérité sera faite autour de cette affaire, et ce au profit des mis en cause. Pour rappel, l'affaire de Cnan Group a été marquée, notamment au début, par la mise sous mandat de dépôt de deux P-dg, à savoir Ali Boumbar et son prédécesseur à la tête de la compagnie, Ali Koudil. Ces derniers font partie des 33 cadres ayant été inculpés par le parquet d'Alger pour, entre autres, «dilapidation de deniers publics», «passation illégale de marchés», «corruption», «trafic d'influence» et «violation de la réglementation relative aux mouvements de capitaux de et vers l'étranger». Selon des sources judiciaires, l'affaire en elle-même a trait aux circonstances dans lesquelles ont été décidées la «vente de certains navires de Cnan Group à l'étranger, la cession d'autres à un privé algérien, ou encore les opérations de filialisation». Selon des indiscrétions rapportées par le Soir d'Algérie, la mise sous mandat de dépôt de ces deux ex-premiers responsables de cette entreprise fait suite à une longue et minutieuse enquête menée par les services de sécurité et les services de l'Inspection générale des finances (IGF). L'enquête aurait révélé que Ali Boumbar, qui a dissous en 2008 la délégation de Cnan Group à Marseille, alors qu'elle avait été créée par décret présidentiel afin de prendre en charge les navires algériens en matière de consignation, se retrouve membre du comité de direction de Navimed, une entreprise privée créée la même année à... Marseille. Cette dernière sera désormais chargée des missions jusqu'ici dévolues à la délégation de Cnan Group Marseille. Dans le dossier du scandale de la Cnan, on évoque également l'affaire IBC, une entreprise de droit algérien, née d'une association entre le Saoudien Ghait Rashad Pharaon et Laradj, un Algérien établi en Jordanie, et Cnan Group. La Cnan entre dans le capital d'IBC à hauteur de 49% en mettant dans la cagnotte les navires Aïn-Témouchent, El Hadjar, Nedroma, Nememcha, Blida, Djbel Ksel et Djbel Rafia. L'homme d'affaires saoudien décroche 49% grâce à l'apport financier et 2% pour M. Laradj. Ce montage devait, normalement, permettre à l'Algérie de détenir 51% du capital d'IBC, mais très vite après la conclusion de cet accord, une société, Leedarwo, va voir le jour à Panama. Son capital social ne dépasse pas 1 000 dollars américains. Sur un autre plan, des avocats de la défense rencontrés nous ont fait part de leur détermination à démontrer «le contraire de ce qui a été porté à l'endroit de certains mis en cause dans cette affaire». Il s'agit notamment de ceux qui sont poursuivis pour les chefs d'inculpation concernant «les réparations et autres rénovations réalisées à l'étranger».