Ils étaient une vingtaine de malades dialysés, debout pour certains, alors que d'autres trop affaiblis, étaient assis à même le sol, sous un soleil de plomb. Ils sont tous venus hier matin s'installer en face du siège de la Wilaya d'Oran pour protester contre leur mauvaise prise en charge qui se dégrade de jour en jour. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) Il est vrai que le ministre de la Santé était en visite de travail à Oran durant deux jours la semaine passée, mais tout un chacun sait comment se déroulent et s'organisent les visites, tout ce qui fait tache est mis à l'écart et ces malades dialysés n'ont bien évidemment pas pu faire passer leur message au premier responsable du secteur de la santé. Ne pouvant plus supporter d'être marginalisés ils ont décidé d'un rassemblement, hier, devant la Wilaya afin de solliciter l'intervention du wali d'Oran. Sur place, nous avons été assaillis de toute part par ces malades du rein qui voulaient faire passer leur SOS, la situation devenant insupportable. Reçu par le secrétariat du Wali d'Oran, à sa sortie, M. Hocine Benslem président de l'association Abou Sofiane des maladies des reins nous a énuméré les innombrables problèmes auxquels font face les dialysés à Oran qui compte près de 3 000 malades du rein. La mauvaise qualité des soins est décriée ainsi que la gestion du service d'hémodialyse au niveau de la majorité des centres que compte Oran. Et de citer d'autres problèmes encore plus inquiétants : «Il y a également le manque d'hygiène, parfois le malade désinfecte lui-même les générateurs avec de l'eau distillée par peur d'hépatite C. Non-respect du temps de dialyse. La correction de l'anémie et de la carence est archaïque. Un manque flagrant de fistules et de cathéters, les dialysés les achètent sans se faire rembourser par la Cnas. La pénurie de médicaments indispensables pour les dialysés. Sans oublier l'absence de l'hémodialyse pédiatrique, les enfants au niveau de l'hôpital de Canastel se font dialyser avec les appareils pour adultes... Les analyses ne sont pas remboursées par la Cnas». Si pour certains malades dialysés présents lors de ce sitin, l'hôpital Akid-Othmane de Aïn Turck est dénoncé pour sa mauvaise prise en charge, d'autres malades énumèrent les mêmes soucis au niveau des autres centres de dialyse à Oran. Mais le problème qui est venu se greffer à ces soucis de prise en charge sur le plan médical, c'est celui du transport qui a été perçu comme un coup de massue. En effet depuis près de 6 mois «ordre informel» a été donné (nous avons recueilli le témoignage de deux transporteurs) afin de cesser le transfert des malades de leur domicile vers les centres de dialyse. Le président de l'association raconte : «les opérateurs sanitaires qui assuraient jusque-là le transport des malades dialysés n'accomplissent plus ce service pour une grande majorité de malades. Pourtant il est convenu avec la Cnas que cette prise en charge soit assurée. Seulement les conducteurs de VSL (véhicules sanitaires légers) n'ont pas perçu leur salaire depuis près de 6 mois. Il y a 250 malades en attente de transport sachant que presque tous sont démunis. Ils ne peuvent pas payer les courses de transport tous les jours sachant qu'ils doivent suivre 3 séances de dialyse par semaine, la première débute à 4h du matin.» Si certains avancent des raisons de restrictions budgétaires, les dialysés eux s'interrogent sur la logique de cette restriction qui porte atteinte à leur état de santé, sachant que la plupart sont démunis et voient cela comme un pur mépris. Parmi eux des handicapés, des enfants et des personnes âgées, tous espèrent ne serait-ce qu'un geste humanitaire du wali d'Oran afin que ce problème du transport soit réglé au plus vite, tout en espérant qu'il veille à un meilleur fonctionnement des centres de dialyse.