Pour Najet Khadda, présidente du jury, «la forte participation des écrivains dans les trois langues, l'arabe, le tamazight et le français, est une preuve que la diversité linguistique se confirme comme une richesse culturelle» en Algérie. Samir Kacimi, Lynda Koudache et Djamel Mati sont les lauréats de la deuxième édition du Grand Prix Assia Djebar du roman. Ce prix du nom de la grande écrivaine, historienne et cinéaste algérienne décédée en février 2015, est revenu à Samir Kacimi pour Kitab El Macha'a en langue arabe, à Lynda Koudache pour Tamachahut Taneggarut (tamazight) et à Djamel Mati pour le roman Yoko et les gens du Barzakh (français). La cérémonie de remise du Grand Prix, qui s'est déroulée mercredi soir au Centre international des conférences Abdelatif-Rahal à Alger, a vu la présence de plusieurs personnalités de la culture algérienne, du P-dg de l'Enag, M. Hamidou Messaoudi, et de plusieurs ministres dont Mme Nouria Benghabrit, ministre de l'Education nationale et M. Tahar Hadjar, ministre de l'Enseignement supérieur. Kitab El Macha'a (Le livre du marcheur) paru chez l'Enag, (Entreprise nationale des arts graphiques), est une «suite» du roman Halabil (2010), construit autour de la figure mythique éponyme, «ancêtre des peuples opprimés», a expliqué son auteur. Deuxième roman de Lynda Koudache, après Aeciw n tmes également en tamazight, Tamachahut Taneggarut» (Le dernier conte), paru aux éditions Rout Nah Com, raconte l'histoire de Chavha, une poétesse kabyle qui décide de raconter son parcours à travers un ultime récit. Edité par Chihab, Yoko et les gens du Barzakh, sixième œuvre de Djamel Mati, aborde le drame de l'immigration clandestine à travers un huis clos psychologique vécu par un vieux couple, enfermé dans son appartement à Alger, avec Yoko une chatte siamoise. La fille adoptive du couple est morte noyée en mer. 76 romans (34 en arabe, 32 en français et 10 en tamazight) concouraient pour cette seconde édition du Grand Prix Assia Djebar, a indiqué la présidente du jury, l'universitaire Najet Khadda, qui s'est, en outre, félicitée de la «percée qualitative» des œuvres littéraires soumises cette année au vote du jury, composé d'universitaires et d'auteurs dans les trois langues (arabe, tamazight et français). La présidente du jury considère que le Grand Prix Assia-Djebar et les autres prix mettant en avant la créativité littéraire en Algérie constituent autant de «jalons» sur la voie de «l'édification d'une nation algérienne à la fois moderne et ancrée dans des valeurs civilisationnelles séculaires», une vision également portée par les œuvres d'Assia Djebar. Pour Mme Khadda, «la forte participation des écrivains dans les trois langues, l'arabe, le tamazight et le français, est une preuve que la diversité linguistique se confirme comme une richesse culturelle» en Algérie. «Le livre donne sens à la vie, c'est un compagnon et un ami fidèle. Avec un livre, il n'y a pas de solitude», a souligné dans son allocution M. Hamid Grine, ministre de la Communication, qui avait remis le prix en langue arabe à Samir Kacimi, en l'absence de M. Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture qui se trouvait à Tunis pour participer à la 20e session du conseil des ministres arabes de la culture. M. Djamal Kaouane, P-dg de l'Anep, a, notamment, rappelé les mérites et la valeur de l'écrivaine universelle Assia Djebar, tout en soulignant que le prix qui porte son nom est destiné à perpétuer sa mémoire auprès des générations. L'orateur a également rappelé que la participation de l'Anep à l'organisation de ce prix littéraire entre dans le cadre de la contribution de l'entreprise à la promotion de la culture en Algérie. Cofinancé par l'Anep (Entreprise nationale de communication, d'édition et de publicité) et l'Enag, dépendant respectivement, des ministères de la Communication et de la Culture, le Grand Prix Assia Djebar est doté d'une valeur de 1 000 000 de dinars pour chaque langue. Il avait été remporté en 2015 par les auteurs Abdelwahab Aissaoui (Sierra De Muerte, la montagne des morts, Arabe), Rachid Boukherroub (Tisslit N'ou Ghanim, La poupée en roseau, tamazight) et par Amine Aït Hadi pour son roman en langue française L'Aube au-delà.