Le secteur automobile en Algérie continue de broyer son pain noir à défaut de perspectives prometteuses d'une reprise de plus en plus hypothétique. Dans une conjoncture économique particulièrement complexe, le gouvernement, et par la voix de son nouveau ministre du Commerce, vient de confirmer sur les ondes de la radio Chaîne 3 que l'attribution des quotas d'importation de véhicules pour l'année 2017, «n'est pas à l'ordre du jour». Et tout en confirmant les «importations déguisées», il laissera entendre clairement que les besoins du marché seront, pour l'exercice en cours, pris en charge par les quatre marques assurant actuellement l'assemblage en SKD de véhicules. Il situera ainsi l'offre locale pour 2017 à 90 000 unités réparties entre Renault, Hyundai VP et Hyundai Trucks & Bus et le groupe Volkswagen. Des propos qui ont sonné le tocsin dans la corporation des concessionnaires dont la situation n'a cessé de péricliter au cours de ces dernières années. L'Association des constructeurs et des concessionnaires automobiles en Algérie, (AC2A) et par la voix de son président, Sefiane Hasnaoui, monte au créneau pour rappeler la situation de blocage que vivent ses membres «entre l'attente de finalisation du processus d'attribution des quotas pour le secteur et l'officialisation des projets industriels» soumis au ministère et qui demeurent en attente d'une décision de la part des autorités. Une souscription sans ambiguïté Dans un courrier adressé au ministère de l'Industrie et dont nous détenons une copie, l'AC2A rappelle que ces projets sont conformes aux orientations gouvernementales et qu'elle «souscrit sans aucune ambiguïté au nécessaire développement d'une industrie automobile structurée et structurante et aussi à la nécessaire maîtrise de nos importations afin de préserver les ressources de notre pays mais afin d'amorcer un véritable développement industriel». L'AC2A qui rassemble dans ses rangs la quasi-totalité des intervenants dans le secteur, a su tout au long de ces dernières années insuffler une dynamique évolutive de normalisation de l'activité automobile et sa mise en conformité avec les standards internationaux. Il était aisé en effet de relever une professionnalisation de plus en plus perceptible dans la qualité de l'organisation et des prestations qui sont proposées aux clients. Et c'est là un argument de taille qui est naturellement et légitimement mis à profit par l'Association des constructeurs et concessionnaires pour évoquer «le développement d'un axe économique fort, sur l'ensemble du territoire, par une approche qualitative unique et par la création d'emplois à valeur ajoutée», d'autant que l'association «assume un rôle particulièrement important de collecteurs d'impôts et contribue à la traçabilité des flux financiers». Abordant ensuite le manque de visibilité qui semble se pérenniser dans la gestion du secteur, Sefiane Hasnaoui notera que «l'absence de lignes claires quant aux périodes d'attribution des quotas mais aussi aux volumes attendus, plonge nos entreprises dans une situation précaire inédite. Au delà de nos propres intérêts, ce sont des dizaines de milliers d'emplois et des entreprises qui sont touchés». Un démantèlement progressif La réorganisation décidée unilatéralement par l'ancien ministre de l'Industrie a créé, rappelons-le, un profond chamboulement dans le secteur automobile en redessinant ses contours et en redistribuant les cartes de représentation des marques en Algérie à travers une procédure qualifiée par les professionnels et les observateurs comme étant «opaque et inique». Il en résultera d'ailleurs, un processus de démantèlement progressif et de mise en faillite de dizaines d'entreprises activant, pour certaines, depuis plus de deux décennies et la mise au chômage forcé de milliers de travailleurs. Impuissants face à une improvisation érigée en mode de gestion et une démarche de déstabilisation du secteur publiquement assumée par ses auteurs, les membres de l'AC2A noteront toutefois que «les orientations industrielles, légitimes auxquelles nous nous devions de souscrire, n'ont, pour la majorité, pas été autorisées alors que des investissements importants ont été consentis». Et au delà de cette paralysie du secteur, c'est tout l'environnement d'accompagnement de l'activité automobile en Algérie, service après-vente, qualité des prestations et garantie, qui est aujourd'hui remise en cause et dont la principale victime restera évidemment le client. Raréfaction de véhicules, envolée exponentielle des prix, absence de prise en charge des besoins des clients, non respect des engagements réglementaires liés aux modalités de la prise de commande et des délais de livraison, telles sont les nouvelles données d'un secteur qui aura, pour ainsi dire, perdu son «âme» et son éthique.