Le patron du FCE se confine dans le silence Ali Haddad s'est refusé à tout commentaire hier suite à l'incident qui s'est produit samedi lors de la visite du Premier ministre à l'Ecole supérieure de la sécurité sociale. Des informations font cependant état d'une grande frustration mais aussi d'appréhensions au sein du FCE quand aux conséquences que pourrait avoir un tel événement. Abla Cherif - Alger (Le Soir) - «Je suis en déjeuner et je n'ai aucun commentaire à faire». Courtois mais néanmoins ferme, Haddad nous oriente vers le service de presse du FCE qui demeure injoignable. L'affaire qui secoue une nouvelle fois le Forum des chefs d'entreprise n'est pas des moindres. Samedi lors d'une sortie sur terrain à travers la capitale, Abdelmadjid Tebboune s'arrête donc à l'Ecole supérieure de la sécurité sociale où une cérémonie de remise de diplômes est prévue. Le patron du FCE est sur place avec d'autres invités. Avant même son entrée dans la salle, Tebboune informe le ministre du Travail et de la Sécurité sociale que la présence de Haddad est indésirable. Le concerné quitte les lieux en compagnie du secrétaire général de l'UGTA. La sortie de ce dernier surprend. Geste de solidarité, mesure de précaution ou a-t-il tout simplement été lui aussi destinataire du même message ? Dans la salle les supputations vont bon train, mais l'attention reste focalisée sur le cas Haddad. En moins d'une année, celui-ci se fait en effet pour la seconde fois malmener publiquement par de hauts responsables de l'Etat. En décembre dernier, Sellal avait quitté le forum économique africain au moment où celui-ci s'apprêtait à prendre la parole. L'ex ministre des Affaires étrangères et tous les officiels présents ont fait de même. Adroitement, Haddad et le FCE parvenaient tout de même à étouffer l'affaire en la mettant sur le compte d'un problème d' organisation. Le Forum des chefs d'entreprise lui renouvelle sa confiance lors des élections qui suivent. L'incident est oublié. Mais samedi, une autre affaire surgit. Un certain malaise règne depuis au sein de l' organisation. Les plus impliqués tentent de comprendre, s'interrogent sur un geste qui dit-on pourrait découler d'une ancienne rancoeur datant de l'époque Sellal. Les interrogations sont nombreuses, les appréhensions aussi. D'ores et déjà, les craintes de ne pas être conviés aux prochaines tripartites et autres événements économiques se font ressentir. Mais Haddad et le FCE préfèrent éviter la polémique pour l'instant. L'avenir du Forum en dépend. A. C. Sidi Saïd, arbitre ou partie ? Que s'est-il réellement passé avant-hier, au niveau de l'Ecole supérieure de la sécurité sociale (ESSS), à quelques minutes de l'arrivée du Premier ministre, deuxième point de sa tournée algéroise ? Si le patron du FCE a été invité par les services du protocole du Premier ministère via le département du travail à quitter la salle avant l'arrivée de Abdelmadjid Tebboune, qu'en est-il alors du «cas» du secrétaire général de l'UGTA ? Explication. Abder Bettache - Alger Le Soir) - Outre sa vive colère exprimée à l'adresse des responsables de l'entreprise chinoise en charge de la construction de la Grande-Mosquée d'Alger, l'autre fait marquant ayant caractérisé la première sortie sur le terrain de Abdelmadjid Tebboune reste incontestablement l'ambiance particulière qui avait régné au niveau de l'Ecole supérieure de la sécurité sociale sise à Ben Aknoun. Il s'agit du second point sur les quatre prévus dans la tournée du Premier ministre au niveau de la capitale, ce samedi 15 juillet 2017. En effet, si tout le monde s'accorde (presse et observateurs) pour affirmer que le patron du FCE a été réellement invité à quitter la salle et ne pas prendre part à la cérémonie de sortie de promotion des diplômés de l'Ecole supérieure de la sécurité sociale, le cas du secrétaire général de l'UGTA a soulevé lui aussi plusieurs questions. Selon plusieurs comptes rendus de presse, Abdelmadjid Sidi Saïd, qui était au départ présent dans la salle, avait brillé par son absence à quelques minutes de l'arrivée du Premier ministre. Question : le secrétaire général de l'UGTA était-il, lui aussi, «invité» à quitter la salle, au même titre que le président du FCE ? Contacté par nos soins pour avoir son avis sur la question, Abdelmadjid Sidi Saïd était injoignable, en ce premier jour de semaine. Il n'en demeure pas moins que plusieurs sources présentes ce samedi sur les lieux ont soutenu tout à fait le contraire «de ce qui a été rapporté par la presse». «Comme à son habitude, dans cette affaire, le secrétaire général de l'UGTA a joué à l'apaisement», s'est contenté de nous expliquer une source proche de la centrale syndicale, qui a voulu garder l'anonymat. Une autre source, celle-là sûre et proche du département du travail, de l'emploi et de la sécurité sociale, avance d'autres informations qui complètent celles soutenues par la source syndicale. Elle explique : «Quelques minutes seulement après avoir été approché par les services du département du travail, l'invitant de quitter la salle sur "demande" des services du Premier ministère, le président du FCE, après hésitation et affichant une mine coléreuse prend la direction des sanitaires. La scène se déroulait à quelques mètres de Abdelmadjid Sidi Saïd. Ce dernier ayant constaté qu'une situation anormale vient de se produire, emboîte le pas à Ali Haddad et le rejoint au niveau des sanitaires». Pendant ce temps, les services s'impatientent de voir le président du FCE quitter les lieux avant l'arrivée du Premier ministre. L'ambiance risque de prendre une autre tournure, si le concerné ne quitte pas les lieux avant l'arrivée du Premier ministre. Dans le cas contraire, ce dernier risque de faire l'impasse sur la première escale de sa tournée, explique-t-on. Vraisemblablement, le patron de l'UGTA a voulu s'enquérir de la situation. Selon d'autres sources, le président du FCE avait tenté «d'organiser» une résistance à la demande qui lui a été faite par les services du département du travail. Voulait-il engager un bras de fer avec le Premier ministre ? Voulait-il jouer aux prolongations et mettre de par sa présence tout le monde devant le fait accompli ? C'est en voulant sans aucun doute éviter ce scénario, que le secrétaire général a tenu à accompagner le patron du FCE à l'extérieur et par voie de conséquence briller lui aussi par son absence à cette cérémonie. «Une chose est certaine et vous pouvez la confirmer tant auprès du concerné, qu'auprès des services du Premier ministère : Abdelmadjid Sidi Saïd a joué le rôle du sage et a évité un clash certain !», a réitéré pour la seconde fois notre source. Cela dit, au-delà de la demande de l'un ou de la réaction de l'autre, aujourd'hui une question se pose avec acuité : quel avenir pour le dialogue social ? Le pacte social conclu entre les trois parties (gouvernement-UGTA-patronat) est-il menacé ? Cette nouvelle donne s'inscrit-elle dans la perspective de la vision économique et sociale que prône le nouveau chef du gouvernement ?