Les prolongations des travaux de la 18e tripartite, qui s'est tenue le 14 octobre dernier dans la wilaya de Biskra, se sont jouées avant-hier à Alger, au niveau de l'hôtel Essafir. En présence des secrétaires généraux des fédérations et des unions de wilaya, le SG de l'UGTA a tracé les contours de la prochaine «alliance», UGTA-gouvernement-patronat. Abder Bettache - Alger (Le Soir) - A la rencontre de jeudi dernier, il ne manquait à l'appel que le chef de l'exécutif et le premier responsable du département de l'industrie et des mines. Ce dernier annoncé dans les coulisses n'a pas pris part aux travaux, laissant seul son homologue du travail et de l'emploi, M. Mohamed El Ghazi, représenter le gouvernement à une rencontre qui a vu par ailleurs la présence des principales organisations patronales à leur tête le Forum des chefs d'entreprises (FCE). A quelques heures de l'ouverture de cette rencontre, l'objectif de cette réunion n'était toujours pas connu ! Lors de son intervention, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a annoncé la couleur, en faisant une remarque de taille : «Il y a des gens de l'intérieur et de l'extérieur qui veulent casser ce front.» Le secrétaire général de l'UGTA qui vise-t-il, d'autant qu'avant de faire sa déclaration, le premier responsable de la Centrale a hautement salué la présence des organisations patronales, en l'occurrence la CIPA, le CNPA, l'UNI et le FCE ? Ce dernier a été représenté par son président M. Ali Haddad. Sidi Saïd a qualifié la présence à cette réunion du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale de très «importante», puisque, a-t-il dit, il «représente en personne le Premier ministre». Reconfiguration d'alliance Pour un grand nombre d'observateurs, la présence à cette rencontre organique du président du Forum des chefs d'entreprises a soulevé des interrogations. Pour le secrétaire général de l'UGTA, «la présence à cette rencontre des organisations patronales n'est pas fortuite». Selon lui, «il s'agit d'une reconnaissance réelle de ce que fait l'UGTA sur tous les plans. Une organisation qui représente deux millions deux cent cinquante mille adhérents». Et d'ajouter sur un ton coléreux, sous forme de message adressé à des parties non identifiées : «Pour que personne ne puisse dire autre chose ou faire le moindre commentaire douteux à l'encontre de notre organisation, je tiens à rappeler que l'UGTA est un acteur incontournable et une pierre angulaire dans la défense des intérêts des travailleurs et de la République.» Question : le premier responsable de la Centrale syndicale a-t-il engagé une nouvelle alliance ? Tout porte à le croire, d'autant qu'Abdelmadjid Sidi Saïd a tenu à indiquer que «le syndicaliste futé est celui qui a réussi à arracher un acquis». Et d'ajouter : «Les différents conclaves qui se tiennent depuis vingt-cinq ans ont abouti, notamment après la dernière tripartite, à l'élaboration d'un protocole d'accord entre l'UGTA et le patronat qui sera signé prochainement. Lequel document régira à l'avenir les relations professionnelles, salariales et syndicales.» Pour de nombreux observateurs, cette sortie médiatique de l'UGTA est désormais annonciatrice d'une reconfiguration de ses alliances politiques. «Nous sommes des bâtisseurs» La réunion de l'état-major de l'UGTA n'a pas abordé les questions qui ont alimenté ces derniers jours l'actualité socio-économique du pays. Toutefois, deux points ont été abordés dans l'acte deux de cette rencontre. Le premier point a été abordé par le premier responsable de la centrale syndical et évoqué lors de la tripartite de Biskra. Il s'agit du pacte national économique et social que les animateurs de la dernière tripartite parapheront prochainement. «Notre attachement au dialogue nous permet d'appréhender dans la sérénité les questions de l'heure, et face à la crise mondiale multiforme, rarement le besoin de la solidarité et de l'action collective n'a été aussi impérieux. Plus que jamais, le dialogue social et la concertation constituent le cadre idoine pour échanger nos préoccupations et propositions respectives afin de mettre en évidence les politiques adéquates et d'établir des stratégies d'action communes pour renforcer le pouvoir d'achat, la protection sociale et l'entreprise, source de richesses dans la durée», a indiqué Abdelmadjid Sidi Saïd. Autrement dit, il annonce en demi-mot l'adhésion de son organisation au futur pacte. Et d'ajouter : «Nous sommes des bâtisseurs.» L'autre point évoqué par l'UGTA lors de cette rencontre et annoncé en grande pompe par le secrétaire national chargé de l'organique est relatif à la lecture d'une motion de soutien au président de la République. «Nous le soutenons par conviction et non par hypocrisie», lit-on dans le document. «La vision de la future société algérienne, à travers la future Constitution, lui permettra davantage d'épanouissement et de synergie des acteurs politiques, économiques et sociaux», a-t-on ajouté.