En réitérant par trois fois sa désormais célèbre sentence, «les importations déguisées, c'est fini», le nouveau ministre de l'Industrie renouvelle avec force et conviction sa volonté et celle du chef du gouvernement de mettre fin à une «gabegie» qui n'aura que trop duré et coûté au Trésor public des sommes faramineuses, libellées en devises. A peine trois années après le lancement de la première voiture assemblée sur nos terres, la stratégie nationale pour le développement d'une filière mécanique en Algérie est, déjà, et d'une manière fulgurante, remise en question. Et ce n'est pas dans ses détails, mais dans son fondement même que cette démarche est sur le point d'être réétudiée. C'est l'option d'une industrialisation tous azimuts telle que prônée précédemment qui sera entièrement reconsidérée. Le nouveau ministre l'a clairement affirmé et à plusieurs occasions, «nous voulons développer d'abord une filière de la sous-traitance locale par l'encouragement de dizaines de PME et PMI» qui constitueront la base d'une future industrie automobile nationale. Apportant une précision complémentaire, le premier responsable du secteur a affirmé par ailleurs que l'approvisionnement des usines déjà en activité en kits d'assemblage se fera au prorata du taux d'intégration locale. Ainsi, cette décision maintes fois renouvelée de mettre fin aux «importations déguisées» laisse entendre que l'on s'achemine vers la suspension imminente de l'importation de ces fameux kits destinés à l'assemblage local de véhicules. Car, en l'état actuel et à l'exception de Renault qui dispose de 6 fournisseurs locaux pour divers composants de la voiture pour un taux global d'intégration estimé officiellement à 25%, les autres usines ne connaissent actuellement aucun apport de sous-traitance locale. Est-ce à dire que toutes les autres structures cesseraient toute activité en attendant une mise en conformité avec les nouvelles exigences gouvernementales ? Pour l'heure, tout porte à le croire, compte tenu de la détermination du nouvel Exécutif et des changements importants opérés dans les différentes structures du ministère. Concernant les modifications attendues dans les textes réglementant cette activité, notamment le cahier des charges, Mahdjoub Bedda a relevé la constitution d'un comité d'experts qui se penche depuis plusieurs jours sur une nouvelle mouture qui serait même rendue publique dans les tout prochains jours. Espérons néanmoins que ce nouveau comité d'experts dispose des compétences appropriées pour de telles prérogatives, d'un temps suffisant pour faire un état des lieux et proposer une meilleure approche et, aussi, associer les professionnels du secteur entre concessionnaires et constructeurs. La conjoncture économique et financière actuelle du pays ne permet pas une autre «gabegie». B. Bellil. L'inauguration de l'usine Ival reportée Est-ce l'effet Bedda ? Annoncée depuis quelques semaines, l'inauguration de l'usine d'assemblage de véhicules utilitaires et industriels de la marque italienne Iveco, dans la région de Boumerdès, vient d'être reportée sine die. Dans un communiqué, les responsables de la société Ival, initiatrice du projet, annoncent, en effet que ce report est justifié par «l'indisponibilité du P-DG d'Iveco». Mais après les multiples déclarations du nouveau ministre de l'Industrie concernant précisément ces usines d'assemblage, qu'il qualifie de supports pour des «importations déguisées», les supputations vont bon train, et d'aucuns n'hésitent pas à en faire le lien. Il est à rappeler que cette usine, située dans la commune de Ouled Hadadj, prévoit d'assembler le nouveau Daily dans une première phase avant le montage d'une gamme encore plus riche. Sa capacité de production est estimée à 700 véhicules par an pour un effectif de 100 employés.