Selon des sources concordantes, depuis le début de la saison estivale et le lancement du plan de lutte contre les feux de forêt, il a été enregistré 6 foyers d'incendies au mois de juin dernier qui se sont soldés par la disparition de près de 40 ha de tissu végétal dont 12 ha de broussailles et près de 18 ha de maquis. Comparativement avec cette quinzaine du mois de juillet dont les températures sont caniculaires, on a enregistré pas moins de 23 foyers et la perte de près de 300 ha de végétation dont 67 ha de forêts, quelque 130 ha de maquis et près de 100 ha de broussailles, soit un total, en 45 jours, de 75 ha de forêts, 150 ha de maquis et plus de 100 ha de broussailles partis en fumée. Face à la sécheresse, aux températures élevées qui font que tout devient inflammable, outre le relief accidenté avec des zones impénétrables tant au nord, dans la chaîne du Dahra Zaccar, qu'au sud, dans la chaîne de l'Ouarsenis, avec un patrimoine forestier d'une superficie de plus de 132 000 ha, de quoi dispose la wilaya de Aïn-Defla en général et le secteur des forêts comme moyens humains et matériels pour faire face à tous les dangers qui menacent ce patrimoine inestimable pour l'homme et son environnement et pour endiguer la multiplicité des agressions dont il est l'objet, telles que l'abattage clandestin des arbres, le défrichage sauvage, les incendies accidentels ou criminels ? Pour faire face à cette immense tâche, une mission quasi-impossible, selon des sources concordantes, le secteur ne dispose que d'une centaine d'agents répartis en une vingtaine de brigades de 8 agents avec «affectation de 2 ou 3 ouvriers saisonniers». Un des agents nous confie : «Nous ne disposons même pas, à l'instar des agents de la Protection civile, de combinaisons ignifuges pour nous permettre de nous attaquer aux flammes ce que nous faisons à mains nues, avec nos vêtements ordinaires.» Avec un personnel aussi réduit, il faut noter que des agents sont mobilisés en permanence, de jour comme de nuit, par tous les temps, au niveau d'une quinzaine de postes de surveillance et d'alerte, disséminés à travers les différentes zones de la wilaya. Pour ce qui est des moyens matériels, en l'occurrence les engins roulants, ils demeurent dérisoires par rapport aux tâches de mission de protection et de lutte contre les incendies de forêt. En effet, le secteur, toujours selon diverses sources concordantes, ne dispose que de 9 pick-up pour le transport des agents datant de plus de 10 ans et atteints de vétusté et de 10 citernes de 600 l chacune. Certes, le secteur des forêts n'est pas le seul à intervenir en cas d'incendies forestiers car il y a aussi le corps de la Protection civile. Cependant, il faut signaler que tout le versant sud de la wilaya n'est pas couvert par la Protection civile. A ce sujet, il faut s'imaginer que quand un incendie se déclare à El-Hassani, à quelque 80 km au sud de Aïn-Defla par exemple, c'est l'unité d'El-Attaf qui intervient en empruntant une route de montagne avec des camions lourds avec leur cargaison d'eau, ce qui nécessite des durées de trajet très longues, des pertes de temps considérables alors que l'incendie doit être maîtrisé très rapidement. Il arrive même que l'on ne peut pas intervenir du tout dans certaines zones et le feu continue à ravager la forêt jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien qui puisse brûler. Pour ce qui est des causes de ces incendies, dans de nombreux cas elles restent indéterminées. Au printemps dernier, une centaine d'hectares de forêt de chêne était prête à donner sa production de liège. Une société de génie forestier, dont le siège est à Chlef, a bénéficié de la concession et a, quelque temps après l'obtention du marché, installé son chantier sur le site situé juste en face du sanatorium de Aïn N'sour, au sommet du Zaccar. Malheureusement, juste après l'installation du chantier, quelques jours à peine, c'est tout le versant nord à exploiter qui a été entièrement ravagé par un incendie. Un autre exemple d'incendie dont les causes restent mystérieuses est celui qui a détruit des dizaines d'hectares de forêt sur le territoire de la commune de Djemaâ-Ouled-Cheikh, il y a moins de 2 semaines. Quelques jours avant l'incendie, les agents des forêts avaient opéré une saisie de bois et de charbon de bois dissimulés dans le lit de certains cours d'eau, un lieu où a été découverte une véritable industrie clandestine de fabrication avec des arbres verts, même pas du bois mort, abattus tout aussi clandestinement. Cependant, suite à cette opération de saisie, quelques jours après, un incendie a ravagé quelque 32 ha de forêt non loin de là. Selon des informations locales, ce sont des individus, sur des motocyclettes, qui, armés de bidons d'essence, sont à l'origine de ce crime contre la nature. Toujours selon nos sources, la gendarmerie a ouvert une enquête qui est toujours en cours. Et ces exemples sont malheureusement légion. Quand on voit que chaque année, on organise «la Journée de l'arbre», la «journée du Patrimoine» «la journée de la Forêt» et autres journées, il y a de quoi se poser une multitude de questions.