L'indépendance? Le FC Barcelone a préféré samedi la «Messi-dépendance», profitant d'un but de l'Argentin pour gagner à Bilbao (2-0) en dépit des convulsions politiques en Catalogne, et conservant solidement la tête du Championnat d'Espagne devant Valence, tombeur d'Alavés (2-1). Au lendemain de la déclaration d'indépendance catalane, suivie d'une reprise en main de la région par Madrid, le Barça a semblé imperméable aux tensions extrasportives lors de cette 10e journée de Liga. «Chaque jour, il y a des informations nouvelles. Sincèrement, nous nous concentrons sur le football, pour le moment, cela ne nous réussit pas si mal», a fait valoir l'entraîneur barcelonais Ernesto Valverde. Le capitaine Lionel Messi a marqué d'un tir croisé (37e) son 12e but dans cette Liga, le gardien Marc-André ter Stegen a multiplié les parades décisives, et le milieu Paulinho a plié le match en contre (90e+2). Au classement, le club blaugrana (1er, 28 pts), toujours invaincu, continue sa course en tête devant Valence (2e, 24 pts), qui confirme son statut de prétendant au podium. Hier, le Real Madrid (3e, 20 pts) était à Gérone, fief indépendantiste, pour un duel à forte coloration politique. Pas facile pour les clubs catalans de se concentrer sur le football alors que leur région est au cœur de la pire crise politique en Espagne depuis le retour de la démocratie en 1977. Double contact Ecartelé entre son statut d'emblème de l'identité catalane et la menace d'une exclusion de la Liga en cas d'indépendance effective, le Barça a réussi à bien négocier son périlleux déplacement au stade San Mamés de Bilbao. On pouvait d'ailleurs apercevoir çà et là en tribune des drapeaux catalans, hommage des supporters basques à leurs homologues barcelonais. Et l'entraîneur blaugrana Ernesto Valverde, ancien technicien de l'Athletic, a pu savourer son retour «à la maison». Messi aussi s'est régalé: après le départ de Neymar au Paris SG en août, et face à la méforme de Luis Suarez, le Barça est plus que jamais dépendant de l'Argentin. Douze des 28 buts barcelonais en Liga cette saison ont été inscrits par le quintuple Ballon d'Or, soit près de la moitié. «C'est un joueur incroyable avec une qualité technique telle qu'il peut créer le déséquilibre à chaque prise de balle, a savouré Valverde. Nous avons l'immense chance d'avoir avec nous le meilleur joueur du monde.» Que dire de son épatant double contact pour effacer le gardien, suivi d'une frappe du droit sur le poteau (21e) ? Ou bien de son activité sur l'ouverture du score (37e) ? A l'origine de l'action, il a signé un une-deux avec Paulinho puis lancé dans l'espace Jordi Alba, avant de catapulter au fond le centre en retrait du latéral. Pour ne rien gâcher, Messi aurait pu être passeur décisif pour Paulinho, qui a trouvé l'équerre (40e). Le puissant milieu brésilien, très bon, a été récompensé en fin de rencontre, concluant une contre-attaque menée par «La Puce» (90e+2). Certes, le Barça a failli se faire surprendre sur une tête de Raul Garcia sur la barre (53e). Ou bien sur trois occasions brûlantes d'Aritz Aduriz sauvées par l'excellent Ter Stegen (17e, 19e, 78e). Mais la meilleure défense de Liga (3 buts encaissés) a tenu bon. Et pour le reste, c'est Messi qui s'en charge...