Le marché de l'occasion en Algérie dispose désormais d'une référence solidement documentée et en mesure de proposer une cotation fiable et crédible pouvant contribuer à développer l'activité de reprise chez les concessionnaires automobiles. Dans l'entretien qui suit, Mourad Saâdi, directeur de largus.dz, revient sur les premiers balbutiements de ce support et de son impact sur les consommateurs. Soir auto : Quelques jours après le lancement de ce nouveau support, quelles appréciations faites-vous des premières réactions du public ? Mourad Saâdi : Effectivement, quelques jours seulement après le lancement du site largus.dz, nous sommes submergés de messages et d'appels téléphoniques de gens qui sollicitent une cotation de leurs véhicules. S'il est vrai que l'on s'attendait à un engouement de la part du public pour ce site, compte tenu de la passion qui anime les Algériens à l'égard de leur voiture, j'avouerais qu'on était loin d'imaginer un flux aussi important. Un engouement qui se justifie en partie par la défaillance chronique des transports publics, de leur inefficacité et de l'insécurité qui y règne. Par voie de conséquence, la voiture est plus qu'un simple moyen de mobilité pour le citoyen, c'est aussi un outil de travail indispensable. Aussi, ils manifestent le besoin de connaître sa valeur sur le marché local et de disposer d'une cotation crédible et fiable. Je signalerai que ces demandes nous parviennent aussi bien de la part de particuliers que de professionnels et que nous nous attelons à leur apporter une réponse adéquate et gratuite durant cette période de lancement. Vous comptez apporter des modifications sur cette procédure au cours des prochains mois ? Nous prévoyons, en effet, à partir de 2018 d'enrichir la plate-forme par un nombre supplémentaire de véhicules qui ne figurent pas aujourd'hui sur notre base de données. De même que nous allons enrichir largus.dz d'un contenu encore plus varié en termes de caractéristiques et de fiches techniques, ainsi que d'une ligne éditoriale traitant de l'actualité automobile tant au plan national qu'international. Et il va sans dire donc que cette richesse de contenu et de prestations proposée aux citoyens sera nécessairement payante, à travers un abonnement pour les professionnels et de paiement en ligne pour les particuliers. Concrètement, quelle est la procédure à suivre ? Une fois connecté à notre site, le citoyen devra impérativement remplir un formulaire qui lui est proposé et répondre à un certain nombre de questions liées aux spécifications techniques de la voiture afin de nous permettre d'apporter les réponses les mieux adaptées à chaque type de véhicule et de proposer une cotation objective. Pour ce faire, une équipe spécialement dédiée est en charge de cette mission de collecte des informations et de la réponse à donner à chacune des demandes. N'avez-vous pas relevé une forme de déception chez certains qui constatent que la valeur que vous leur proposez est loin de correspondre à celle du marché informel ? Absolument, certains ne semblent pas convaincus de notre proposition de cotation dès lors qu'elle n'est pas alignée sur les prix pratiqués sur le marché de l'occasion en Algérie. Il est évident que la cotation de largus.dz repose sur des données d'appréciation technique conformes aux normes internationales et qui donne, en définitive, la valeur réelle de la voiture, selon son millésime, son kilométrage, son état général, ses passages au service après-vente... Certains, à l'évidence victimes d'une confusion, croient à tort que nous sommes des intermédiaires entre le vendeur et l'acheteur. Quel a été l'accueil réservé par les concessionnaires automobiles et autres professionnels du secteur à votre initiative ? Une première réaction, du reste positive, c'est leur présence en force durant la cérémonie de lancement de largus.dz. Certains concessionnaires ont pris attache avec nous, à travers leurs services commerciaux et de marketing, pour avoir des informations complémentaires et plus précises d'une part, et instaurer, d'autre part, un débat autour de ce sujet important. Et c'est justement ce débat qui va nous permettre à nous tous de mieux connaître le marché dans lequel nous évoluons. Car, en ce qui nous concerne, nous n'arrivons pas avec des certitudes, nous ne détenons pas la vérité absolue sur les prix de l'occasion, mais nous nous proposons juste d'établir une première estimation à même d'être contredite autant par les particuliers que par les professionnels. Je soulignerai aussi que la cotation que nous proposons s'adresse en particulier aux professionnels de l'automobile dans l'espoir de contribuer au développement de l'activité de reprise. Un métier qui nécessite d'abord un cadre juridique approprié et qui apportera la sécurité pour le client dès lors que le véhicule vendu dans le cadre d'un réseau organisé bénéficiera de la garantie, d'une cession avec facture, donc collecte de taxes pour l'Etat, la création de centaines d'emplois, le redéploiement du service après-vente et la vente de la pièce de rechange. Par ailleurs, nous allons entamer à partir de l'année 2018 une série de réunions avec les professionnels et de discussion autour de la valorisation des véhicules, parce que nous restons convaincus que notre expertise dans le domaine et les outils que nous mettons en œuvre pour évaluer une voiture resteront fortement dépendants de la réalité du marché, mais bien entendu, un marché structuré, pas celui de l'informel qui profite de la pénurie, qui spécule fortement et qui pénalise le consommateur algérien. Peut-on connaître l'importance de la base de données à laquelle vous vous référez ? Actuellement, nous travaillons sur un référentiel de l'ordre de 2 000 véhicules de différentes marques et différents modèles et qui s'étale de l'année 2010 à 2016. Certes, c'est un chiffre insuffisant mais il représente néanmoins le cœur du marché, en attendant de l'enrichir d'autres marques et d'autres modèles. D'autres projets en perspective dans cette optique ? Nous allons déployer prochainement de nouveaux outils qui ont fait leurs preuves dans plusieurs marchés, à savoir «Planète VO» pour gérer le véhicule d'occasion chez le professionnel et favoriser son business, et «Prevar» qui permet d'anticiper sur les valeurs résiduelles des véhicules dans le futur, ce qui intéresse particulièrement les assureurs et les loueurs. Entretien réalisé par B. Bellil Largus.dz au menu d'une étude académique Le nouveau support de cotation des véhicules d'occasion, larguz.dz, a déjà fait l'objet d'un mémoire de fin de cycle pour l'obtention d'un master en sciences commerciales auprès de l'Ecole des hautes études commerciales (HEC). Soutenue par Sabrine Saâdi, cette thèse aborde «l'apport d'une cotation de véhicules d'occasion sur le développement du marché des véhicules de seconde main en Algérie» avec comme cas Largus.dz. Ce travail a été scindé en deux parties, la première basée sur des notions théoriques liées au marketing et à l'innovation dans les services ; la seconde propose des explications sur l'Argus et revient sur le processus de son installation en Algérie. Ce document inédit revient aussi sur l'apport de largus.dz dans la perspective d'une meilleure valorisation des véhicules et une structuration du marché de l'occasion. Sur le terrain, l'auteure s'est concentrée sur deux volets de préparation, une étude qualitative à travers des entretiens avec les responsables de l'Argus Algérie, et un sondage qui relève les besoins et les attentes des citoyens pour un tel outil de valorisation.